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19 novembre 2024

L’Autriche provoque l’arrêt des livraisons de gaz russe et alimente ainsi l’inflation

 Journal de l’Empire des Habsbourg : Tout s’est passé en un éclair, en 24 heures…vendredi, le fournisseur d’énergie autrichien OMV a cessé ses paiements à Gazprom, samedi, les Russes ont rapidement répondu par un arrêt des livraisons. Comme nous l’avons déjà rapporté récemment, ce scénario a été sciemment provoqué à Vienne afin de pouvoir se retirer prématurément du contrat de livraison qui court jusqu’en 2040. La prise de position du chancelier autrichien met à nu le jeu perfide entre Bruxelles et Vienne. Le roque se fait au détriment de l’économie autrichienne et des ménages privés. Ces derniers doivent désormais s’attendre à une hausse de 20% ou plus des prix de l’énergie. Un coup dur pour le pays, dont l’économie est en récession pour la deuxième année consécutive.

Lorsque le chancelier autrichien Karl Nehammer s’est présenté vendredi devant la presse, on pouvait lire sur son visage une grande nervosité. Sa prise de position sur l’arrêt des livraisons de gaz par la Russie peut être qualifiée au mieux de fataliste. Nehammer a bredouillé que « la Russie, via Gazprom, aurait exercé une pression sur l’Autriche en raison des sanctions ». L’Autriche ne se laisserait pas « mettre à genoux par Poutine » et continuerait à miser sur « une politique honnête et ordonnée ». Interrogé à ce sujet, le chancelier s’est empressé d’assurer qu’il n’y aurait pas de hausse des prix en Autriche. Les réservoirs de gaz seraient remplis, la consommation de gaz de l’Autriche ne serait pas pertinente pour la formation des prix de l’énergie.

Pas de plan de secours

Cette prise de position n’est pas seulement fausse sur le fond, elle est aussi, d’un point de vue politique, une déclaration de faillite pour le chancelier, qui a récemment été chargé à nouveau par le président autrichien de former un gouvernement. Nehammer ne peut même pas se prévaloir de ne pas avoir étudié les relations entre les livraisons d’énergie, la formation des prix et l’inflation – il aurait eu suffisamment de temps ces dernières années pour l’apprendre !

Ce que l’on espérait à Vienne est désormais arrivé – nous en avons parlé il y a quelques jours: ce n’est qu’en 2018 que le fournisseur d’énergie autrichien OMV a conclu de nouveaux contrats à long terme avec Gazprom jusqu’en 2040. Puis la guerre d’Ukraine a commencé, les paquets de sanctions ont été fomentés les uns après les autres, et la pression de Bruxelles sur l’Autriche a augmenté. Cet été encore, le gouvernement fédéral s’est résolu à une déclaration gouvernementale visant à devenir totalement indépendant du gaz russe d’ici 2027. Il n’y avait pas de véritable plan de secours à l’époque, et il n’en existe toujours pas aujourd’hui.

Dans le cadre d’une procédure d’arbitrage, OMV s’est vu accorder la semaine dernière 230 millions d’euros de dommages et intérêts pour « livraisons irrégulières de gaz ». Il était alors clair que la rupture avec le partenaire commercial russe était programmée. Les Autrichiens ont immédiatement cessé de payer, Gazprom de livrer du gaz. L’Autriche achetait dernièrement plus de 80% de son gaz à la Russie. La prise de position du chancelier autrichien met à nu le jeu perfide entre Bruxelles et Vienne. Nehammer a souligné qu’il avait également eu des contacts avec Ursula von der Leyen et que celle-ci avait assuré l’Autriche de la solidarité de la Communauté.

Cela n’aide pas du tout l’économie autrichienne, qui se trouve en récession pour la deuxième année consécutive. Les coûts élevés de l’énergie pèsent lourdement, surtout sur la production industrielle, qui est en outre fortement dépendante de la conjoncture en Allemagne.

Les dommages sont dramatiques

Pour l’instant, on ne sait pas encore comment l’Autriche compensera ces pertes de livraison à moyen terme. À l’arrêt des livraisons de la Russie s’ajoute la menace de la fin du transit ukrainien à la fin de l’année. Les terminaux GNL allemands pourraient entrer dans l’approvisionnement autrichien et est-européen – la seule question est de savoir à quel prix.

Ce que le chancelier autrichien sait, mais qu’il a soigneusement passé sous silence lors de la conférence de presse, c’est que depuis six mois déjà, on met en garde contre une hausse dramatique des prix de l’énergie. En effet, même s’il est possible d’acheminer suffisamment de gaz vers l’Autriche via l’Allemagne et l’Italie, ces gazoducs devraient également alimenter la Hongrie, la Slovénie et la Slovaquie à partir de l’Autriche. Cela conduirait inévitablement à une pénurie et donc à une hausse des prix.

Pour l’économie comme pour les ménages, le fait que les aides publiques mises en place en 2023 et 2024 pour atténuer la hausse des prix de l’énergie arrivent à échéance est également un facteur de hausse des prix. Le prix national du CO₂ passera de 45 à 55 euros par tonne, et en plus les tarifs de réseau pour l’électricité et le gaz augmenteront de près de 30 % ( !).

Le chancelier autrichien a donc toutes les raisons d’être très nerveux : non seulement l’Autriche a toujours été approvisionnée sans problème en gaz russe depuis 50 ans (malgré la guerre froide), mais des études récentes montrent que les effets macroéconomiques de la crise énergétique de 2021-23 ont coûté à l’Autriche environ – 2,6 % du PIB en 2022 et – 3,3 % du PIB en 2023.

Même si Karl Nehammer affirme que cette année, les appartements resteront chauds en hiver – ce soutien à l’agenda de Bruxelles portera durablement atteinte à l’économie autrichienne et entraînera une perte massive de prospérité pour la population.

Reste à savoir combien de temps il restera calme dans ces conditions.
 
Source : https://lecourrierdesstrateges.fr/2024/11/19/lautriche-provoque-larret-des-livraisons-de-gaz-russe-et-alimente-ainsi-linflation-par-ulrike-reisner/?

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