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03 janvier 2024

L’Occident en bout de course : vers la fin d'un monde

 

Dans sa grande fresque historique embrassant temps et espace à l’aide de cartes depuis l’aube de l’humanité (Géohistoire, une autre histoire des humains sur la terre, Paris, Les Arènes, 2023), Christian Grataloup met en évidence deux aspects importants : le monde était centré sur ce qu’il appelle l’Eufrasie (Europe, Asie), laissant des bouts du monde (Amérique, Australie) en dehors de toute dynamique qu’il appelle maladroitement Axe ; 1492 marque un tournant en ce sens que la route vers l’Amérique, puis le Pacifique et l’océan Indien fera que le monde entier sera relié. Il écrit : « Les réseaux mondiaux transforment l’Europe en profondeur en même temps que les pays européens, en compétition permanente, changent le monde en se l’appropriant » (p. 351). Et il s’agit bien d’une appropriation du monde qui a suivi et qui dure jusqu’à nos jours : colonisation, exploitation économique, esclavage, etc.
Une bête aveugle et sourde

Que voyons-nous aujourd’hui ? Une hyperpuissance occidentale issue de cette appropriation du monde agir en bête aveugle et sourde pour garder à toute force son empire : les États-Unis. Qu’il s’agisse de la crise Covid – dictature sanitaire dans les démocraties occidentales, vaccins aventureux et censure scientifique –, de la guerre en Ukraine, qui n’est qu’une guerre indirecte contre la Russie comme au temps de la guerre froide, et, bien sûr, du massacre opéré par l’armée israélienne à Gaza, cette hyperpuissance fait le camp du bien et les forces du mal, les vivants et les morts. À chaque fois, les crises sont mondialisées : l’épidémie était une pandémie, il fallait vacciner le monde entier avec une nouvelle technologie vaccinale non éprouvée ; la guerre en Ukraine était internationale, il fallait que tous sanctionnent économiquement la Russie ; Israël a le droit de se défendre, quitte à commettre les pires crimes contre l’humanité en bombardant une population civile prise au piège et constituée essentiellement de jeunes et d’enfants…

Toutes les grandes crises mondiales ont été le fait de l’Occident : Première et Seconde guerres mondiales, guerre froide. Depuis sa mainmise sur les océans du monde et les territoires jusqu’alors inconnus, les puissances occidentales (Portugal, Espagne, France, Provinces Unies, Royaume-Uni, États-Unis) ont imposé au monde leur culture, leurs valeurs, leurs empires et leur emprise. Même les droits de l’homme en deviennent à être impérialistes, pour le moins ethnocentriques. N’allons pas parler de ces droits à des Palestiniens qui en sont exclus…

L’Eufrasie reconstituée


Le monde se reconfigure et la bête immonde de l’Occident – du racisme pour justifier l’esclavage au nazisme antisémite formant l’Axe avec le Japon impérialiste, influencé par ce même Occident dès l’ère Meiji, commettant les pires crimes contre l’humanité à Nankin en Chine – va enfin mourir après ses derniers soubresauts parmi les plus mortifères. L’Eufrasie semble se reconstituer pour échapper aux délires mégalomaniaques d’acteurs occidentaux influents (Bill Gates, Klaus Schwab). L’Europe occidentale n’en fera pas partie puisqu’elle semble condamnée à chuter avec l’Empire – victime consentante.

De 1492 à 2024... Et, désormais, fin du monde unifié, dominé, exploité par des puissances émergentes au sortir du Moyen Âge et des croisades, et qui ont fini par se croire supérieures à la Chine, l’Inde, l’Afrique, la Russie. Les BRICS annoncent un retour à un monde multipolaire, moins univoque, moins injuste. Nous allons peut-être pouvoir revivre sans cette course effrénée pour la domination du monde.

Christophe Lemardelé est enseignant et historien

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