Et la foule scandait : « Macron au bûcher »

Hier soir encore, une foule s’est rassemblée sur la place de la Concorde pour dénoncer le recours au 49-3 par Emmanuel Macron. Si le nombre de manifestants était plutôt inférieur à la veille, ils étaient en revanche déterminés à en découdre avec les forces de police, et l’on peut dire que l’ambiance générale s’est à la fois dégradée et radicalisée. Emmanuel Macron s’est lancé dans une fuite en avant dont on mesure mal les limites et le bornage aujourd’hui.

Emmanuel Macron a quelques soucis à se faire désormais.

Ce vendredi soir, une manifestation spontanée a rassemblé quelques milliers de jeunes activistes déterminés à en découdre avec la police. Vers 19h30, comme la vidéo que nous avons tournée sur place, l’ambiance est devenue explosive. Alors que les forces de police se préparaient à intervenir, la foule a lancé divers slogans, dont « Macron au bûcher », suivie d’une immolation de l’effigie présidentielle. Symboliquement, on ne pouvait donner une représentation plus brutale, plus violente, de l’état d’esprit ambiant.

De mémoire sociale, on a vu peu de Présidents faire l’objet d’une telle détestation publique, ni libérer autant les pulsions meurtrières de la foule. En soi, cette immolation publique, même symbolique, devrait inquiéter le pouvoir sur la nature de la confrontation qui est engagée avec la foule. On imagine mal, désormais, une issue simple au conflit.

De façon très révélatrice, des policiers des renseignements territoriaux menaient une enquête discrète auprès des forces de terrain pour « sentir » la situation. En particulier, ces grandes moustaches interrogeaient la sûreté de la RATP, dont certains membres étaient aussi présents la veille, pour tenter d’évaluer le degré d’agressivité des manifestants présents. Cette soudaine recherche d’informations illustre assez bien l’impréparation du gouvernement face à la crise qui survient comme si Macron et son entourage n’avaient pas jusqu’ici mesuré le rejet dont ils font l’objet dans la population.

Ce vendredi soir, la police a nassé la totalité de la place de la Concorde, empêchant les manifestants de s’échapper dans les rues adjacentes. Cette stratégie a permis de limiter les désordres dans Paris. Certains manifestants étaient toutefois signalés au Châtelet vers 23h. Mais on sent bien que l’équilibre est précaire.

Sur la place, de nombreuses interpellations ont sans doute donné à la police l’occasion de recueillir des renseignements sur de jeunes manifestants mal connus. Là encore, on sent de l’improvisation, de la surprise, de l’impréparation au cœur du pouvoir.

Manifestement, des villes de province étaient, de leur côté, secouées par d’importants troubles, notamment à Lyon.

Pour Emmanuel Macron, confronté à une motion de censure transpartisane lundi à l’Assemblée, la situation risque de devenir très compliquée à gérer. 

Source : https://lecourrierdesstrateges.fr/2023/03/17/et-la-foule-scandait-macron-au-bucher/