Pages

05 août 2022

DeSantis contre Soros

Le gouverneur DeSantis de Floride, qui est l’un des candidats républicains potentiels les plus en vue pour les présidentielles, a pris une décision d’une importance politique remarquable en suspendant de ses fonctions le procureur Andrew Warren du Comté de Hillsborough (du 13ème Circuit). DeSantis a annoncé sa décision hier au cours d’une conférence de presse et l’on a appris aussitôt après que la police était intervenue pour conduire et surveiller le départ immédiat de ses bureaux du procureur avec ses seuls effets personnels.

Tweet de Richard Hanania, journaliste: « DeSantis a littéralement envoyé des flics pour expulser le type. »

La décision a donc été exécutée de façon très spectaculaire, pour obtenir un effet politique important. Warren est un progressiste et un des 75 procureurs d’État élus grâce au soutien financier de George Soros. DeSantis l’a d’ailleurs désigné précisément comme « soutenu par Soros » (“Soros-backed”) :

« ...Andrew Warren, le procureur du 13e circuit soutenu par Soros, est suspendu pour avoir négligé ses fonctions, car il s'est engagé à ne pas faire respecter les lois de l'État. »

Il s’agit d’une décision importante, dépassant largement le cadre d’un État de l’Union, s’inscrivant dans la guerre civile et sociétale en cours aux USA. Cela renforce bien entendu la stature de DeSantis, mais sans aucune sollicitation artificielle ; la décision est très fondée et rencontre l’activité des “procureurs-Soros” qui s’engagent effectivement à appliquer ou à ne pas appliquer les lois selon les conceptions sociétales et wokenistes. Il ne fait aucun doute que DeSantis, qui a donné sa conférence entouré des autorités judiciaires et du Comté, a agi également sur la sollicitation de ces autorités.  

« Le gouverneur de Floride Ron DeSantis a suspendu le procureur de l'État Andrew Warren pour avoir refusé de poursuivre les avortements illégaux ou les opérations de changement de sexe des enfants. La campagne électorale de Warren en 2016 a été financée par le financier libéral George Soros.

» DeSantis a annoncé la suspension de Warren jeudi. S'exprimant lors d'une conférence de presse, le gouverneur républicain a déclaré que Warren s'était “placée publiquement au-dessus de la loi” en signant une lettre dans laquelle il s'engageait à ne pas poursuivre quiconque pratiquait des avortements après 15 semaines de grossesse, qui sont illégaux dans l’État depuis que la Cour suprême des États-Unis a annulé en juin l’arrêt Roe v. Wade de 1972.

» Warren a également signé une déclaration commune avec d’autres procureurs de l'État en juin 2021 indiquant qu'il ne poursuivrait pas quiconque offrirait des “soins d'affirmation du genre” aux “jeunes trans”, un terme qui couvre une gamme de traitements allant des médicaments modifiant les hormones à la chirurgie de changement de sexe permanent.

» Les deux lettres ont été citées dans le décret de DeSantis suspendant Warren. Dans une déclaration expliquant la suspension, le bureau de DeSantis a déclaré que “nous suspendons Andrew Warren, le procureur du 13e circuit soutenu par Soros, pour avoir négligé ses fonctions du fait qu’il s’est engagé à ne pas faire respecter les lois de l'État.” [...]

» S’exprimant aux côtés de DeSantis, le shérif du comté de Hillsborough, Chad Chronister, a déclaré que ses collègues officiers ont exprimé leur frustration à l'égard de Warren pour avoir prétendument refusé de poursuivre les récidivistes violents. Le procureur soutenu par Soros “semble concentré sur l'empathie pour les criminels et moins intéressé par les mesures de justice en faveur des victimes de crimes”, a déclaré Chronister. »

La guerre contre les globalistes

Cette intervention forte de DeSantis, outre qu’elle met en évidence la guerre civile sociétale aux USA et le rôle public difficilement concevable qu’y joue un milliardaire globaliste et internationalement subversif comme l’est Soros, illustre d’une façon symbolique et fracassante la crise du pouvoir aux USA. Cette action subversive de Soros qui prévoit notamment de refuser d’appliquer certaines lois dans certains États et qui conteste des décisions de la Cour Suprême n’est pas jugée comme telle (subversive) par la Maison-Blanche ; on peut même avancer qu’elle est soutenue par certains éléments de l’administration centrale et par le parti démocrate. Cela s’appelle une “crise du pouvoir central”, et cela contribue par effets indirects et même de plus en plus directs comme l’est l’action de DeSantis, à faire des gouverneurs d’État des pouvoirs alternatifs avec toutes les possibilités de conséquences qu’on connaît et que nous suivons depuis plusieurs années (jusqu’à un éventuel référendum sur la sécession au Texas en 2023).

Cette situation de “crise du pouvoir central” a été mise en évidence lors de la Conférence pour une Action Conservatrice en Politique (CPAC) qui a lieu actuellement au Texas. Un événement inédit de cette conférence a été l’intervention du Premier ministre hongrois Viktor Orban qui y était invité. Lui-même, Orban, en a fait la remarque, comme on le lit dans cet extrait de compte-rendu de son intervention. Orban a bien défini la bataille en cours entre globalistes et “souverainistes” (on met ce second terme entre guillemets parce qu’on n’en trouve pas d’autre plus précis ou éventuellement péjoratifs comme “nationalistes”) ; il l’a d’autant mieux définie dans son ambiguïté, avec cette remarque à la fois ironique et interrogative (souligné en gras par nous) à propos de l’étrangeté d’une invitation adressée à un chef d’un petit pays européen à qui il est demandé par une force politique majeure de la superpuissance US, de « faire la leçon » à cette superpuissance...

« L'Europe a besoin “d’une Amérique forte avec un dirigeant fort” pour espérer mettre fin au conflit en Ukraine, a déclaré jeudi le Premier ministre hongrois Viktor Orban lors de la Conservative Political Action Conference (CPAC) au Texas. La stratégie actuelle adoptée par les “dirigeants globalistes” ne fait que prolonger le conflit, qui ne peut prendre fin que par des pourparlers entre les États-Unis et la Russie, a-t-il ajouté.

» Orban s’est adressé à la CPAC de Dallas jeudi, déclarant à la foule qu'il était étrange qu'un dirigeant d'un petit pays européen soit invité à faire la leçon à une superpuissance mondiale. Après avoir exposé les positions politiques de la Hongrie et les tactiques utilisées pour les promouvoir, il a fini par aborder le conflit en Ukraine... »

Ces différents événements tendent à mettre en évidence combien tous les conflits sont aujourd’hui de plus en plus souvent identifiés comme ceux d’une opposition entre globalistes et “souverainistes”. Un point remarquable est mis en évidence avec les deux interventions, – DeSantis et les questions sociétales, mais aussi Orban et la guerre en Ukraine/Ukrisis. Désormais, les crises et conflits considérés d’habitude d’une façon complètement étrangère les uns par rapport aux autres, tendent à mieux être définis d’une façon similaire par l’analyse “globalistes contre ‘souverainistes’” que par les habituels poncifs idéologiques. On comprend alors que ces “poncifs idéologiques” sans plus guère de signification n’ont d’autre fonction que de dissimuler les véritables enjeux, les véritables acteurs, les véritables adversaires, – bref, dissimuler la vérité-de-situation de l’affrontement globalistes-“souverainistes”.

Les États-Unis, perçus d’une façon générale comme “le bras armé” de la globalisation, sont en fait eux-mêmes, “en tant que nation” (si les USA furent jamais une nation), attaqué par les globalistes qui ont pénétré la plupart des pouvoirs fédéraux et centralistes. Finalement, le “souverainisme”, la “nation”, tendent aux USA à se rapprocher de la situation des “États de l’Union”, et les gouverneurs (notamment républicains parce que populistes) à figurer comme les principaux adversaires des globalistes, – et ils deviendraient alors plus proches des Russes souverainistes-traditionnalistes que des américanistes globalistes de Washington D.C. !

Il n’y a pas aujourd’hui de tâche plus urgente que cette identification des adversaires impliqués dans la GrandeCrise. Ce n’est pas une tâche aisée, tant s’en faut. Si l’on prend l’exemple du gouverneur DeSantis, il s’agirait pour lui de comprendre que ses archi-ennemis cubains, dénoncés stupidement en Floride comme d’immondes communistes, sont en fait des alliés objectifs dans sa bataille contre le globalisme sociétal à-la-Soros dont le but est la déconstruction de tous les composants de la nation, de la société, etc. Par contre, si l’on prend l’exemple de Orban, le besoin « d’une Amérique forte avec un dirigeant fort », si on le comprend pour le conflit ukrainien, est également en soi un souhait bien ambigu parce qu’il apparaît extrêmement difficile de trouver pour les USA « un dirigeant fort » qui ne soit pas globaliste ; ou bien est-ce que Orban pense à un dirigeant assez fort pour cesser de soutenir le combat de Zelenski voulu par les globalistes, donc un dirigeant US “assez fort” pour résister aux pressions et à l’influence des globalistes ? Il s’agirait alors d’un DeSantis purgé de sa vieille hostilité contre un communisme-castriste antedéluvien.

Source

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire

Remarque : Seul un membre de ce blog est autorisé à enregistrer un commentaire.