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06 août 2022

Depuis le début de l’été ils font face à la canicule mais aussi à un manque de denrées alimentaires

 Sa « carapace d’escargot », comme l’appelle Régis, à la rue depuis huit ans et qui pose plusieurs fois par semaine son sac au centre d’accueil du Point D’eau à Pau.

Ils vivent dans la rue et depuis le début de l’été ils font face à la canicule mais aussi à un manque de denrées alimentaires. Reportage à Pau avec des sans-abri et des associations qui leur viennent en aide.

Régis vit à la rue depuis huit ans. Après un divorce c’est la chute infernale. « Le plus dur dans la rue c’est le regard des gens mais aussi le manque de nourriture. Des fois je reste quatre jours sans manger ». Ce matin il s’est rendu au centre d’accueil de jour du Point D’eau géré par l’OGFA (organisme de gestion des foyers amitiés en...

Régis vit à la rue depuis huit ans. Après un divorce c’est la chute infernale. « Le plus dur dans la rue c’est le regard des gens mais aussi le manque de nourriture. Des fois je reste quatre jours sans manger ». Ce matin il s’est rendu au centre d’accueil de jour du Point D’eau géré par l’OGFA (organisme de gestion des foyers amitiés en Béarn) , rue de Segure à Pau, qui reçoit chaque jour quatre-vingts sans-abri.

Au centre du Point d’eau, Cyril Bazalgette, directeur de l’OGFA, et ses équipes distribuent café, thé et repas : « Ici les gens peuvent venir dans la journée pour se reposer, boire et discuter », mais également pour se socialiser et se doucher. « C’est un lieu où je peux prendre soin de moi. Juste prendre ma douche ça me redonne un coup de boost. La propreté c’est primordial » poursuit Régis.

En France environ 300 000 personnes seraient sans domicile fixe d’après le 27e rapport de la Fondation Abbé Pierre de 2022. Un chiffre qui a doublé depuis 2018. Pour le directeur de l’OGFA il est clair que la population de sans-abri a augmenté ces dernières années sur Pau : « Depuis le Covid on voit de plus en plus de personnes dehors et notamment des jeunes ».

Même constat pour Jean-Marc Ponté, président de la Croix-Rouge à Pau : « Ce mois d’août la population de personnes à la rue a doublé. Les gens ont faim. On a un réel problème de nourriture, il va falloir agir ». Avec l’été de nombreuses associations sont en vacances et les collectes alimentaires moins nombreuses.

Trois soirs sur sept en été, contre six sur sept en hiver, avec quatre volontaires, il réalise des maraudes dans Pau auprès des personnes en difficulté. En hiver chaque soir ce sont environ 45 personnes que ravitaille l’association. Cet été, pas moins de 85 personnes sont visitées : « Plus on avance dans le mois, vers le quinze, plus il y a de la précarité ».

Un repas et demi par jour

Fabio, cinquante ans, a toujours vécu dans la rue. Il côtoie le centre du Point D’eau depuis des années : « Je viens manger, même si ce n’est qu’un repas ou un repas et demi dans la journée. Heureusement qu’il y a les maraudes aussi, ils nous sauvent ces gens-là ». Dans la cour du centre d’accueil une fresque colorée rappelle aux sans-abri des mots parfois durs à appliquer.

Dans la rue sous 40 degrés

Avec des pics à 40 degrés en Béarn depuis juillet, la canicule touche de plein fouet les personnes à la rue. Le plus gros problème reste la déshydratation des personnes alcoolisée : « On les force à boire si je puis dire car ils n’ont pas ce réflexe » explique Jean-Marc Ponté qui ce matin encore, envoyé un message à ses équipes pour préparer des stocks de bouteille d’eau.

Du côté du Point D’eau, le centre s’est adapté : « Nous avons ouvert deux week-ends durant les forts épisodes caniculaires grâce aux bénévoles et nous avons reçu beaucoup de monde », confie Elise Gey, monitrice éducatrice.

Que font les institutions dans tout ça ?

Du côté de l’Europe ça commence à bouger, puisque le 28 février dernier l’Union européenne (UE) a adopté un plan d’action. Dans le cadre de la présidence française de l’UE, les ministres de ses 27 États membres ont adopté, près de Paris (Île-de-France), un plan de travail à l’objectif très ambitieux : ne plus avoir de personnes sans-abri dans leurs rues en 2030.

Anne-Sophie Estruch

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