Nombreuses sont les femmes à consulter un psychologue pour régler leurs problèmes de couple ou ceux de leur partenaire qui lui, refuse d’y aller.
« Après la naissance de notre premier enfant, ma psy m’a fait remarquer qu’on passait de plus en plus de séances à parler de problèmes que j’avais avec mon conjoint. En confinement, on a atteint un pic où quasiment chaque séance virtuelle servait à ça. » Comme tant d’autres femmes en couple hétérosexuel, Emma consacre beaucoup de temps chez sa psychologue à parler de son conjoint qui aurait, selon elle, lui aussi besoin de consulter quelqu’un. Les problèmes non résolus de son compagnon ont des impacts sur leur relation et sur elle.
Situation similaire pour Leïla : « Je passe environ 80 % de mes séances avec ma psychologue à parler de ses problèmes, de nos problèmes : son manque de communication, la charge mentale qui me revient pour la gestion de l’appartement, sa manière immature de réagir lors de nos conflits… J’essayais de trouver avec ma psy des stratégies, pour mieux communiquer et comprendre ses réactions. Du temps qui ne sera pas utilisé pour parler de mes problèmes à moi. »
Paolina Caro, psychologue sociale et psychothérapeute féministe, le constate : « Les femmes sont nombreuses à venir en consultation parce que leur conjoint n’a pas accepté de faire une thérapie de couple, alors elles viennent seules pour essayer de préserver leur couple, mais je n’ai jamais vu l’inverse avec un homme. »
Les séances de psychothérapie servent dès lors à la fois à aborder ses difficultés dans le couple et à analyser le comportement du conjoint. « Je parle régulièrement à ma psy des disputes fréquentes que l’on peut avoir avec mon conjoint sur la répartition des tâches ménagères. J’explique comment il fonctionne et comment il réagit, elle me donne des conseils pour mieux communiquer et lui faire comprendre mon ressenti », décrit Camille, 29 ans.
Parfois, le mal-être de l’autre est trop dur à porter. « Le fait que mon ancien compagnon aille mal me rendait mal aussi, alors j’ai fait plusieurs séances avec une psychologue. On parlait beaucoup de lui, mais sans pouvoir mettre en place des choses, puisque cela doit venir de lui. Je ne lui demandais pas de guérir de sa dépression car c’est long et compliqué, mais d’être en chemin, de commencer à construire le fait d’aller mieux. Il a vu plusieurs psys mais cela ne lui convenait pas. Il faisait des efforts de temps en temps en retentant avec un autre, mais plus pour se donner bonne conscience par rapport à moi que pour vraiment essayer de régler ses problèmes », relate Claire, 32 ans.
Des hommes très réticents à consulter
Il est à noter que « les femmes consultent majoritairement davantage des psychologues que les hommes, d’après Paolina Caro. Dans ma pratique, le peu d’hommes que j’ai en consultation sont souvent orientés par leur compagne (parfois avec un ultimatum), et ce sont souvent elles qui prennent leurs rendez-vous. »
Les femmes se retrouvent donc à faire pression sur leur partenaire pour qu’il se décide à son tour à consulter, pour son bien, mais aussi celui du couple. « J’ai évoqué plusieurs fois l’idée qu’il aille voir un psy de son côté, car il a une hyper-émotivité et de grosses angoisses, mais il refusait systématiquement. Il estimait qu’il n’en avait pas besoin, alors que cela lui arrivait de jeter des objets lors d’accès de colère. Il ne sait pas gérer ses émotions », observe Emma.
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Les hommes cis hétérosexuels seraient un peu plus faciles à convaincre pour entamer une thérapie à deux, même si c’est encore à l’autre de fournir les efforts.
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