26 mai 2022

Guerre d’Ukraine – Jours 89-90 – Le Forum de Davos ridiculisé par la percée militaire russe au Donbass

“Le récit occidental selon lequel la Russie est confrontée à une défaite aux mains de l’armée ukrainienne s’effondre. Le récit inventé selon lequel l’Ukraine était “en train de gagner” a fait illusion à Kiev, ce qui a créé les conditions permettant à Washington et à Londres de prolonger la guerre, d’y entrer progressivement et de la transformer en une guerre d’usure contre la Russie.

Mais la réalité incontournable est que les forces russes prennent progressivement le dessus dans la bataille du Donbass. Le porte-parole du ministère ukrainien de la défense a déclaré mardi que “la phase la plus active” de l’opération spéciale russe a commencé dans le Donbass. En termes militaires, les forces russes sont confrontées à la tâche redoutable de s’emparer des zones les mieux fortifiées de l’Ukraine, qui se préparent soigneusement à cette bataille depuis sept ans. Mais d’un autre côté, après leur victoire triomphale à Marioupol, les forces russes ont le vent en poupe”. (M.K.Bhadrakumar)

La bataille d’Ukraine 

En suivant Southfront.org: 

L’armée russe et les forces des républiques populaires de Donetsk et de Lougansk poursuivent les opérations militaires dans plusieurs directions en Ukraine. Les tirs d’artillerie sont de plus en plus soutenus et l’armée ukrainienne est progressivement encerclée. Selon “Eurasia & Multipolarity”, il ne resterait plus que 40.000 Ukrainiens en capacité de combattre face aux troupes russes et républicaines

Après avoir pris le contrôle des environs de Liman, les unités russes ont commencé à prendre d’assaut la ville. Après des frappes d’artillerie massives sur les positions de l’armée ukrainienne, les groupes d’assaut sont entrés dans la ville, avançant depuis la direction nord-est. Au 24 mai, la majeure partie de Liman était déjà sous le contrôle des Russes. 

Les forces dirigées par les Russes avancent dans plusieurs directions depuis Popasnaïa. Des groupes d’assaut se dirigent vers Bakhmut (Artemovsk). Des affrontements éclatent à Pilipchatino.

Les forces russes sont entrées dans la ville de Zolotoïe. Les affrontements se poursuivent dans les quartiers du sud de la ville.

Au nord-ouest de Popasnaïa, les combats ont atteint Vasilevka.

L’autoroute entre Bakhmut/Artemovsk et Lisitchansk est sous le contrôle des forces russes. En conséquence, l’approvisionnement militaire des troupes ukrainiennes à Severodonetsk et Lisitchansk est compliqué.

Les combats de rue se poursuivent à Severodonetsk. Malgré la menace d’encerclement, le commandement de l’armée ukrainienne poursuit le déploiement de forces supplémentaires à l’intérieur de la ville. Au moins deux bataillons supplémentaires des formations de défense territoriale ont été récemment transférés sur le champ de bataille.

En République populaire de Donetsk, l’armée russe et la milice populaire de Donetsk ont progressé dans la région de Svetlodarsk. Le 23 mai, elles ont pris le contrôle des villages de Luganskoïe et Mironovski.

Le 24 mai, un drapeau russe a été accroché au-dessus du bâtiment administratif de Svetlodarsk. Les troupes ukrainiennes se sont retirées vers le nord. Afin de ralentir l’avancée de l’ennemi, les sapeurs ukrainiens ont fait sauter un pont et ont essayé, apparemment sans succès, de détruire le barrage du réservoir d’Ouglegorsk.

La reconstitution de la Nouvelle Russie se poursuit

Dans le sud de l’Ukraine, alors que les hostilités se poursuivent, le processus d’intégration commence dans la région de Kherson, qui est sous le contrôle des troupes russes. Le 23 mai, une zone de double monnaie a été officiellement introduite dans la région. Le rouble sera désormais utilisé en même temps que la grivnia.

Gesticulations occidentales

Le Secrétaire américain à la Défense, Lloyd Austin, a annoncé de nouvelles fournitures militaires à l’Ukraine de la part de ses alliés occidentaux. Le Danemark remettra bientôt un lot de missiles antinavires Harpoon, tandis que la République tchèque a déjà fourni à Kiev des chars, des hélicoptères d’appuie-feu et des systèmes de missiles. Cependant le haut responsable de la politique étrangère de l’UE, Josep Borrel, avait déclaré la semaine dernière, avec une franchise étonnante, que les stocks militaires de l’Union étaient presque épuisées en raison du soutien apporté à Kiev – au détriment de sa propre sécurité.

+ L’Occident a tellement piétiné les conventions de Genève depuis trente ans, à l’occasion des guerres de l’OTAN, que le Guardian raconte avec surprise comment les prisonniers d’Azovstal sont correctement traités par les Russes. 

+ ‘Les régions de Kherson et de Zaporojé à partir du 25 mai entrent dans la zone du Rouble et commencent à payer des pensions et des prestations en monnaie russe.

Selon le nouveau maire par intérim de Berdyansk Alexander Saulenko, le taux de change du Rouble à la monnaie ukrainienne est fixé à 2:1 (le même taux a récemment été introduit dans la DNR à Marioupol”

Profanations ukrainiennes

+ Un certain nombre de partisans du régime de Kiev semblent fascinés par les désacralisations, qu’il s’agisse des monuments aux héros de la lutte contre l’Allemagne nazie; ou bien, plus récemment, à Paris au Père Lachaise: des militants de la cause kiévienne ont collé sur des tombes de personnes illustres des messages du type “Si je vivais encore, je soutiendrais Zelenski”. 

Le propre de l’humanité, c’est de prendre soin des morts et de les respecter. La profanation des monuments à l’Armée Rouge, l’instrumentalisation des personnages illustres du Père Lachaise, les nombreux vandalismes commis sur des églises orthodoxes russes – quand elles ne sont pas volées à leur communauté – témoignent que le nihilisme est le vrai ressort des Kiéviens. Tout comme la fascination d’une partie d’entre eux pour le fascisme.   

Henry Kissinger détone à Davos

+ Le président turc Erdogan continue à bloquer le processus d’adhésion de la Finlande et de la Suède à l’OTAN en se plaignant du soutien de ces pays aux Kurdes. 

+ Russie et Biélorussie ont signé un accord de défense contre les armes biologiques. 

+ Henry Kissinger a choqué des participants du Forum de Davos en suggérant qu’il faudrait trouver un accord avec la Russie (voir ci-dessus). Le président du Forum, Klaus Schwab, lui, a préféré féliciter la Commission européenne pour avoir saisi l’occasion de la “crise existentielle” que traverse l’Europe

Mais la vie est réelle, commente M.K. Bhadrakumar. Selon les estimations de la Banque mondiale, l’économie ukrainienne pourrait se contracter de 45 % d’ici la fin 2022. L’idée d’une contre-offensive ukrainienne majeure dans le courant de l’année, soutenue par l’armement lourd des alliés occidentaux, restera une chimère. Kiev pourrait même ne pas disposer d’effectifs suffisants pour mener une guerre d’ici la fin de l’année. La Russie est un ennemi redoutable et Kiev pourrait risquer une reddition abjecte dans des conditions humiliantes en aval de la bataille du Donbass“. 

+ Et l’essayiste et grand reporter brésilien Pepe Escobar prend encore moins de gants dans “Zero Hedge”, le média économique conservateur américain: 

“L’Ukraine est le Saint Graal de la corruption internationale. Les 40 milliards de dollars ne peuvent changer la donne que pour deux catégories de personnes : Premièrement, le complexe militaro-industriel américain, et deuxièmement, une bande d’oligarques ukrainiens et d’ONG néo-conservatrices, qui s’accapareront le marché noir des armes et de l’aide humanitaire, puis blanchiront les profits dans les îles Caïmans.

Une ventilation rapide des 40 milliards de dollars révèle que 8,7 milliards de dollars serviront à reconstituer le stock d’armes américain (et ne seront donc pas du tout destinés à l’Ukraine) ; 3,9 milliards de dollars pour l’USEUCOM (le “bureau” qui dicte les tactiques militaires à Kiev) ; 5 milliards de dollars pour une “chaîne d’approvisionnement alimentaire mondiale” floue et non spécifiée ; 6 milliards de dollars pour les armes et la “formation” à l’Ukraine ; 9 milliards de dollars en “assistance économique” (qui disparaîtront dans certaines poches) ; et 0,9 milliard de dollars pour les réfugiés.

Les agences de risque américaines ont classé Kiev dans la catégorie des entités ne pouvant pas rembourser leurs prêts, de sorte que les grands fonds d’investissement américains abandonnent l’Ukraine, laissant l’Union européenne (UE) et ses États membres comme seule option pour le pays.

Peu de ces pays, à l’exception d’entités russophobes telles que la Pologne, peuvent justifier auprès de leurs propres populations l’envoi d’énormes sommes d’aide directe à un État en faillite. Il incombera donc à la machine européenne basée à Bruxelles d’en faire juste assez pour maintenir l’Ukraine dans un coma économique, indépendamment de toute contribution des États membres et des institutions.

Ces “prêts” de l’UE – essentiellement sous forme de livraisons d’armes – peuvent toujours être remboursés par les exportations de blé de Kiev. C’est ce qui se passe déjà à petite échelle via le port de Constanta, en Roumanie, où le blé ukrainien arrive par barges sur le Danube et est chargé chaque jour dans des dizaines de cargos. Ou encore, via des convois de camions roulant avec le racket “armes contre blé”. Cependant, le blé ukrainien continuera à nourrir les riches occidentaux, pas les Ukrainiens appauvris.

De plus, attendez-vous à ce que l’OTAN invente cet été un autre stratagème monstrueux pour défendre son droit divin (et contraire au droit international) d’entrer dans la mer Noire avec des navires de guerre pour escorter les navires ukrainiens transportant du blé. Les médias pro-OTAN diront que l’Occident est “sauvé” de la crise alimentaire mondiale, qui est directement causée par les trains de sanctions occidentaux hystériques et en série“.

+ Alors que le Forum de Davos a du mal à dissimuler comme les rapports de force mondiaux  deviennent défavorables à l’Union Européenne et aux Etats-Unis, ces derniers essaient, dans la précipitation, de lancer une nouvelle plateforme “indopacifique“:

“Un nouveau bloc économique comprenant douze pays de la région indo-pacifique et les États-Unis a été dévoilé lundi à Tokyo en marge de la visite du président Joe Biden. Baptisé Indo-Pacific Economic Framework (IPEF), il est conçu comme le corrélatif économique de la stratégie indo-pacifique des États-Unis.

L’administration Biden espère que l’IPEF servira d’outil important aux États-Unis dans la compétition géopolitique et économique qu’ils mènent contre la Chine. Outre les États-Unis, les premiers participants au cadre comprennent des économies majeures comme l’Australie, l’Inde, le Japon et la Corée du Sud, ainsi que des pays en développement, dont l’Indonésie, les Philippines, la Malaisie, la Thaïlande et le Vietnam, et des nations plus petites comme le Brunei, la Nouvelle-Zélande et Singapour.

En gros, le bloc IPEF fournirait un système d’alerte précoce pour les problèmes de chaîne d’approvisionnement, encouragerait les industries à décarboniser et offrirait aux entreprises américaines des partenaires asiatiques fiables en dehors de la Chine. En bref, les États-Unis souhaitent renforcer leur position dans le domaine économique de l’Asie, où la Chine est le pays dominant.

L’IPEF comprendrait quatre modules différents couvrant le commerce équitable, la résilience de la chaîne d’approvisionnement, les infrastructures et la décarbonisation, la fiscalité et la lutte contre la corruption.Avec le coup d’envoi de lundi, les négociations dans chacun de ces domaines vont bientôt commencer. Chacun des 13 pays participants sera autorisé à choisir dans lequel des quatre domaines il souhaite conclure des accords sans avoir à s’engager sur l’ensemble de ceux-ci. Les paramètres des négociations devraient être fixés d’ici fin juin ou début juillet, et l’administration Biden espère conclure tout accord dans un délai de 12 à 18 mois pour le soumettre ensuite à chaque gouvernement pour ratification.

En réalité, l’IPEF est un geste désespéré de l’administration Biden pour rehausser son profil économique en Asie en tant que contrepoids crédible à la Chine. Il est conçu pour projeter les États-Unis dans le leadership économique de la région indo-pacifique”.

+ Des ambassadeurs de pays africains à Moscou ont commenté à leur manière le Forum de Davos: 

+ On estime que plus de 20% des enfants ukrainiens de moins de cinq ans souffrent de malnutrition. 

+ Selon l’Agence internationale de l’Energie, la demande de pétrole russe est en augmentation depuis le début de l’année, en, particulier grâce aux importations indiennes et chinoises. On notera au passage que l’Agence sort de la mission facilitatrice qui devrait être la sienne en joignant ses forces à celles de la Commission Européenne pour “aider l’Union Européenne à devenir moins dépendante du pétrole russe”. 

+ Le rouble poursuit son rétablissement face au dollar (60 roubles), au yen (0,47 roubles) et à l’euro (64 roubles)

+ La Turquie, les pays d’Asie Centrale, l’Iran, Sri Lanka, le Vietnam accepteront le système russe de cartes de crédit “Mir”. 

+ Les grands magasins britanniques commencent à installer des traceurs sur les emballages de produits alimentaires du fait de la recrudescence des vols. 

+ Renault commence à étudier un projet de réinstallation en Russie quelques semaines après avoir quitté la Russie. 

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