03 avril 2022

Guerre d’Ukraine – Samedi 2- Dimanche 3 avril 2022 – Jour 38-39

Les opérations militaires

+ Internet a procuré une immense libération pour qui veut s’informer. Rappelons-nous la Guerre du Kosovo, en 1999. Il fallait zapper d’une chaîne de télévision à l’autre pour apercevoir les failles du récit officiel de l’OTAN. Progressivement, avec le développement d’internet et la naissance d’un journalisme indépendant des médias subventionnés ou possédés par de grandes entreprises; avec la multiplication des témoins munis d’un smartphone, en somme la multiplication des sources d’information,  il est devenu possible de procéder à une veille indépendante. Naturellement cela ne pourra se pratiquer largement qu’à condition d’éduquer à l’école des esprits libres.

+ On ne perdra pas de temps à réfuter les fantaisies de beaucoup de commentaires occidentaux. Vu le basculement historique que nous sommes en train de vivre, il serait temps de devenir sérieux. 

– depuis deux semaines au moins, il est devenu clair que les Russes n’avaient pas pour objectif de prendre Kiev. 

– L’offensive vers Kiev a permis de fixer une partie de troupes ukrainiennes – qui aujourd’hui partent vers le Donbass. Il s’agissait de pouvoir aborder l’offensive contre le gros de l’armée ukrainienne au Donbass dans les meilleures conditions – permettre aux unités des républiques sécessionnistes de  Lougansk et de Donetsk mais aussi aux troupes russes arrivant depuis le nord et le sud pour prendre en tenailles l’armée ukrainienne regroupée face au Donbass, de lancer la bataille décisive dans les meilleures conditions. 

– Les Russes n’ont pas abandonné les positions qu’ils tiennent dans les environs de Kiev. Ils ont retiré une partie de leurs unités. Les Ukrainiens proclament qu’ils ont libéré des lieux que les Russes n’avaient pas encore pris.  Lorsque les Ukrainiens montrent des photos de carcasses de chars ou de pièce d’artillerie détruites, ce sont les restes d’une bataille où ils ont eux-même abandonné beaucoup de matériel. 

On comprend que la propagande ukrainienne y aille à fond. Il ne lui reste plus grand chose d’autre à faire – sauf à ce que le gouvernement ukrainien ait la sagesse, pour épargner la vie des soldats et des civils, de demander la paix maintenant. Mais quelle irresponsabilité des Occidentaux! Des agences de relations publiques anglo-saxonnes qui écrivent les scénarios de cette propagande ukrainienne aux naïfs qui croient vraiment que la Russie voulait prendre Kiev et y a renoncé à cause de la résistance des forces ukrainiennes, quelle responsabilité dans la violence en cours ! Tout devrait être fait pour amener le gouvernement ukrainien à sortir du déni de réalité; pour épargner la vie des civils ukrainiens. pour faire sortir l’Amérique du Nord  et l’Union Européenne de leur accès de colère stérile contre la Russie; pour épargner à nos sociétés les retombées de sanctions à l’effet boomerang aussi redoutable pour les pays qui les ont prises qu’elles sont inefficaces vis-à-vis de la Russie. 

Hier 2  avril 2022, alors que la préparation de l’offensive contre le réduit ukrainien à l’ouest du Donbass se poursuit, l’armée russe a procédé à un certain nombre de frappes stratégiques, Certaines relèvent de la destruction systématique, entreprise depuis le 24 février, des infrastructures et des matériels militaires ukrainiens; d’autres relèvent de la préparation de la bataille du Donbass. 

Le 2 avril, le ministère russe de la défense a annoncé que plus de 100 membres des forces pro-Kiev ont été éliminés [le 31 mars] lors de la récente frappe sur un QG militaire dans la ville de Kharkiv.

“La frappe de précision Iskander sur le quartier général de la défense dans la ville de Kharkov le jeudi 31 mars a confirmé l’élimination de plus de 100 nationalistes et mercenaires des pays occidentaux”, a déclaré le ministère russe de la défense dans un communiqué.

La partie russe a également révélé des détails sur de nouvelles frappes sur l’infrastructure militaire de l’Ukraine, indiquant que les dirigeants ukrainiens ne devraient pas s’attendre à un calme dans ce domaine de sitôt. 

Le ministère de la défense a noté que les forces russes ont effectué une frappe avec des missiles aériens de haute précision sur des cibles près des gares ferroviaires de Lozovaya et Pavlograd. La frappe a détruit des véhicules blindés, des munitions et des réservoirs de carburant envoyés pour renforcer les troupes ukrainiennes dans le Donbass.

Pendant ce temps, l’aérodrome militaire de Mirgorod, dans la région de Poltava, a également été mis hors service et plusieurs hélicoptères et avions de combat ukrainiens trouvés dans ses parkings camouflés, ainsi que des dépôts de carburant et d’armes d’aviation ont été détruits”

Les Russes ont aussi frappé avec un missile Oniks une installation militaire à Chakhtarskie, frappe qui a fait 40 morts dans les rangs ukrainiens. 

“Selon les Russes, au cours de la journée du 2 avril, leur aviation opérationnelle et tactique a touché 28 équipements militaires des forces armées ukrainiennes. Parmi eux : 2 dépôts d’armes de missiles et d’artillerie et de munitions, ainsi que 23 zones de concentration d’armes et d’équipements militaires ukrainiens.”

Récapitulatif: Depuis le début de l’opération, les forces russes affirment avoir détruit 125 avions et 88 hélicoptères, 381 drones, 1 888 chars et autres véhicules de combat blindés, 205 systèmes de roquettes à lancement multiple, 793 pièces d’artillerie de campagne et mortiers, ainsi que 1 771 unités de véhicules militaires spéciaux des forces armées ukrainiennes”. 

En ce qui concerne la guerre au sol : 

La situation sur la ligne de front n’a pas connu de changements majeurs, les combats les plus intenses se déroulant dans la ville de Mariupol”. Les troupes russes et les unités de la République sécessionniste de Donetsk mènent à bien la phase finale de la conquête de la ville. Les membres restants du bataillon Azov se sont regroupés dans les zones du port de la ville et de l’usine Azovstal.

Dans leur propre zone d’opérations, les unités de la République populaire de Lougansk ont poursuivi leur progression sur les positions de la 57e brigade d’infanterie ukrainienne qui cherchent à bloquer Borovskoe par l’est et le sud”.  Les troupes de Lougansk prennent lentement l’avantage. 

“D’intenses duels d’artillerie ont également été signalés autour de Gorlovka et Avdeevka. (…)

En outre, les forces de la Russie et des républiques populaires du Donbass s’efforcent de créer les conditions d’une avancée importante sur la ligne de défense des forces de Kiev à Slaviansk, Kramatorsk et Bahmut. Après avoir sécurisé la zone clé d’Izioum au sud de la région de Kharkov, l’absence de contrôle de l’agglomération de Lisichansk-Severodonetsk reste le principal obstacle dans la région”.

Il est vraisemblable que l’offensive finale dans le Donbass commencera dès la capitulation (ou l’élimination) du Bataillon Azov à Marioupol. 

Le conflit géostratégique

Le but de cette chronique est de prendre date. On ne peut que recommander à tous les jeunes Français qui voudraient un jour contribuer à une diplomatie française renouvelée, au service de l’indépendance de notre pays et de l’équilibre des puissances de prendre modèle sur le dernier billet du blog de M.K. Bhadrakumar : 

Extraits: “Le 30 mars, l’état-major russe a présenté un exposé détaillé sur la stratégie militaire qui sous-tend l’opération spéciale en Ukraine et qui a abouti à la décision de réduire les activités militaires dans les régions de Kiev et du nord de Tchernigov.

D’une manière générale, le message du ministère de la Défense [russe] est que le double objectif a été atteint, à savoir, bloquer les forces et les moyens militaires ukrainiens dans la région de Kiev et, d’autre part, empêcher le transfert des forces ukrainiennes des régions occidentale et centrale vers l’est en “utilisant la domination aérienne absolue” et en déployant des armes modernes de haute précision.

Le porte-parole du ministère de la défense a déclaré : “Toutes les principales lignes de communication, d’approvisionnement et d’approche de réserve sont passées sous contrôle total. Les systèmes de défense aérienne de l’Ukraine, l’infrastructure des aérodromes, les principaux dépôts militaires, les centres d’entraînement et de concentration de mercenaires ont été détruits… Ainsi, toutes les tâches principales des forces armées russes dans les directions de Kiev et de Tchernigov ont été accomplies.”

Il est clair que les analystes et les médias occidentaux ont largement perdu le fil dès le premier jour en qualifiant l’opération spéciale russe d'”échec”. Ils ont commis une erreur fondamentale en préjugeant qu’il s’agissait d’une “invasion russe”, alors que Moscou a été très précise en désignant  comme “opération spéciale”  son offensive.

Une invasion exige des résultats quantifiables et visibles, alors qu’une opération spéciale a une dynamique propre où le résultat devient un amalgame de la restauration de la région du Donbass dans ses frontières d’origine, de la sécurité et du bien-être de la population russe, de l’élimination systématique des forces néo-nazies qui ont sévi dans cette partie de l’Ukraine au cours des huit dernières années avec le soutien de l’État, les encouragements des services de renseignement occidentaux et la complicité des autorités de Kiev – et tout cela sans perdre de vue l’usure des ressources militaires et des capacités de combat de l’Ukraine dans son ensemble.

Ce qui ressort aujourd’hui, c’est que l’on comprend mieux l'”opération spéciale” – et cela va jusqu’au chef de l’OTAN, Jens Stoltenberg, et au président américain, Joe Biden. L’opération russe se concentre (du moins pour l’instant) presque entièrement sur la région orientale du Donbass où, à Lougansk, plus de 93 % du territoire a été “libéré”, tandis qu’à Donetsk, près de 60 % du territoire est sous le contrôle des forces russes et la résistance résiduelle dans la ville portuaire de Mariupol devrait être éliminée dans la semaine.

La caractérisation ci-dessus fait bien sûr référence à la libération de territoires entiers qui appartenaient à l’origine, avant 2014, aux républiques du Donbass (qui avaient diminué de deux tiers au cours des huit dernières années d’opérations de sécurité ordonnées par Kiev).

Divers facteurs ont fait de cette opération une tâche ardue – principalement, une forte concentration de forces ukrainiennes dans le Donbass avec des éléments néonazis intégrés dans toutes les unités militaires, des colonies bloquées, l’utilisation de “boucliers humains” de Russes ethniques, etc.

Par-dessus tout, les forces ukrainiennes elles-mêmes étaient en état de préparation au combat, certaines de leurs meilleures unités étant déjà déployées dans la région lorsque l’opération russe a commencé le 24 février, avec leur propre plan secret élaboré pour lancer des actions offensives par des groupes de frappe dans la région du Donbass avant la fin du mois.

Certes, les forces ukrainiennes continuent d’amasser des forces dans la région. L’armée russe poursuit également ses frappes précises sur des cibles militaires, qui visent à empêcher les renforts d’atteindre les forces ukrainiennes, alors qu’une bataille majeure s’annonce dans le Donbass, où des dizaines de milliers de forces ukrainiennes sont menacées d’encerclement (…)

Voilà ce que le Quai d’Orsay devrait recevoir actuellement de notre ambassade à Moscou ! 

Première caractéristique de ce texte qui a la clarté et l’acuité d’analyse d’une dépêche rédigée par un Chateaubriand ou un Talleyrand moderne: l’auteur ne perd plus de temps à intégrer les discours ukrainiens ou occidentaux, qui ne sont plus que de la “com”; 

Deuxième caractéristique: on comprend que les Occidentaux sont enfermés dans une bulle cognitive, qui les coupe de la manière de penser du reste du monde. A Mexico, à Rio de Janeiro, à Alger, à Riad, à Téhéran, à New Delhi, à Pékin. 

Troisième caractéristique: la complexité d’une stratégie moderne est exposée. Il y a là un vrai défi éducatif et cognitif: pour les Occidentaux, la mondialisation est plate. Pour le reste du monde elle est poly-dimensionnelle.  

+ La Russie se retire – tant que les sanctions dureront – de la station spatiale internationale. “La Russie avait déjà mis fin à sa coopération avec l’Allemagne concernant un télescope spatial – qu’elle a temporairement désactivé – et des expériences sur l’ISS.

Roscosmos s’est également retiré d’un accord de partage de Soyouz avec Arianespace, partenaire de lancement de l’Agence spatiale européenne en Guyane française.

Elle a également menacé de retenir les satellites OneWeb, construits par les États-Unis et détenus par le Royaume-Uni, sans garantie qu’ils ne seront pas utilisés à des fins militaires“.

+ Les  Etats-Unis ne nient plus qu’il y ait eu des laboratoires travaillant pour la guerre biologique en Ukraine. A Pentagone on précise dorénavant que ce n’étaient pas des armes offensives ! 

+ La Commissaire Européenne Margret Vestager a trouvé la parade stratégique contre Vladimir Poutine: prendre des douches courtes !  Visiblement cela fait suffisamment rire les Russes pour qu’ils aient fait une traduction simultanée de l’extrait: 

L'émergence d'un monde multipolaire

+ Gazprom a arrêté samedi 2 avril le flux de gaz dans le pipeline Yamal-Europe. 

+ Il ne faut pas se faire d’illusions: tous les gouvernements européens finiront par ouvrir un compte dans une banque russe pour pouvoir continuer à acheter du gaz. Tous….sauf la Grande-Bretagne qui a sanctionné Gazprombank ! 

A noter que le Saint-Siège avait montré l’exemple dès le 31 mars en entrant dans la procédure décidée par la Russie. 

+ La France est-elle prise la main dans le sac d’une collaboration très poussée avec le reste de l’OTAN dans cette guerre d’Ukraine? Il se murmure que si Emmanuel Macron voulait absolument obtenir un couloir d’évacuation humanitaire de Marioupol, c’était pour pouvoir exfiltrer des agents français coincés dans la nasse. On dit aussi que cet incident est la vraie raison du départ forcé du Général commandant la Direction du Renseignement militaire, le Général Vidaud. 

On imagine le dialogue : 

Manu: Oui, alors, Vladimir, je voulais te dire, j’ai eu une idée. Je souhaiterais vraiment que la France contribue à diminuer les souffrances des civils dans ce conflit. C’est pourquoi je voudrais organiser une route d’évacuation des réfugiés par la mer ! 

Vlad: Monsieur le Président, vous comprendrez que ce n’est pas possible. Les couloirs humanitaires vont vers le nord….

Actuellement, on ne sait pas si, dans les passagers abattus des hélicoptères venus chercher des chefs d’Azov, ne s’étaient pas glissés aussi des agents des services occidentaux. 

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