Près d’un tiers des Français est réticent, alors que la campagne, ouverte aux adolescents, s’accélère. Midi Libre a rencontré des réfractaires.
"C’est de la folie pure, c’est impensable !" : la décision de Michel, 69 ans, et de son épouse Isabelle, 64 ans, est arrêtée. Les retraités héraultais ne se feront pas vacciner contre le Covid-19. Pas plus qu’Illias, 43 ans chef d’entreprise audois, Laurent, 50 ans, cuisinier dans le Gard, Thomas, 24 ans, étudiant à Montpellier.
Volontairement hors-jeu dans la course à l’immunité collective (1), ces réfractaires aux injections de Moderna, Pfizer, et autre AstraZeneca, à l’image des 30 % de Français hermétiques aux messages de santé publique, ont leur part dans l’ouverture de la vaccination aux adolescents, le 17 juin. Sans les plus jeunes, l’objectif est impossible. La faute aux "antivax", des frileux par individualisme, voire complotistes ?
Le grand mot
" Le complotisme, c’est le grand mot pour faire taire tous ceux qui sont contre. Et je ne suis pas antivaccin, je suis contre le vaccin du Covid ", rétorque Michel, ancien cadre, qui a aussi choisi de ne pas faire vacciner sa mère de 94 ans, domiciliée en Ehpad. "Elle a eu le Covid, elle avait des anticorps à 105 il y a un mois". Pour sa part, il "ne bougera pas d’un iota", "parce qu’on n’a pas assez de recul", "parce que c’est du business". "On prend de la vitamine D, du zinc, du magnésium tous les jours. Avec ça, on est complètement vacciné", estime l’Héraultais, qui "écoute beaucoup le professeur Raoult, va chercher l’information sur de multiples sources, Santé publique France" aussi. Et assume le risque "d’avoir un Covid très fort". La menace d’une vie sociale réduite, aussi : "Je signe toutes les pétitions sur la privation de liberté". Sur la même ligne, Isabelle, son épouse, est "terrorisée" à l’idée que ses petits enfants soient vaccinés.
À presque 71 ans, Aude n’est pas inquiète quand on évoque avec elle la pandémie. Quand à se faire vacciner, elle ne l’a jamais été de sa vie, alors… "Je n’aime pas avoir peur de cette maladie, j’ai l’impression que c’est un prétexte pour faire gagner beaucoup d’argent autour de la finance des pharmacies, ça m’exaspère. Quand je suis malade, je reste dans mon lit, si je dois mourir demain, j’ai fait mon temps, je trouve moins grave que des gens meurent que la peur instillée, les contraintes, les passeports vaccinaux et autres", souffle cette ancienne institutrice de maternelle installée dans l’Aude. Elle plaint les jeunes élèves – "les gens vont être névrosés" – et s’inquiète des dégâts de la production massive de lingettes, gels, masques. Elle connaît trois médecins qui ne veulent pas non plus entendre parler de vaccin et assure qu’elle n’est pas complotiste. Elle en connaît beaucoup, en revanche.
"Je ne suis pas un "anti", mais ce n’est pas rien de se faire injecter un tel produit", insiste Laurent, qui ne franchira le pas que "si mon activité professionnelle le nécessite" : "La pression actuelle me gonfle, si on ne se fait pas vacciner, on est un pestiféré", râle-t-il.
Manque de recul, refus de la pression sociale, défiance vis-à-vis des scientifiques… les mêmes arguments reviennent chez Ilias et Thomas. Le plus jeune a entendu que les vaccins à ARN "augmentent le risque d’infertilité" et "a du mal à trouver une source sûre dans les 36 000 avis scientifiques". Il ne "s’est pas arrêté de vivre". Son aîné, chef d’entreprise, non plus. À tout prendre, il "préfère attraper un Covid de temps en temps comme une grippe". Mais il compte surtout sur "l’immunité collective".
(1) Elle nécessiterait, selon les scientifiques, la vaccination de 70 % à 90 % de la population.
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