09 septembre 2021

Macron prépare une prorogation de l’urgence au-delà du 31 décembre

Une prorogation de l'urgence au-delà du 31 décembre, c'est l'espoir que caressent Macron et la macronie désormais, et cette fine équipe ne s'en cache guère. Comme nous l'avons annoncé plusieurs fois, l'exécutif n'est pas prêt de lâcher le passe sanitaire, outil de crédit social porté par les industriels de l'identité numérique. Mais un maintien des procédures expéditives de décision conviendrait aussi à une équipe qui non seulement s'y est habituée, mais est convaincue que les Français en redemandent. Au point de méduser les interlocuteurs des cabinets ministériels qui s'étonnent de cette déconnexion.

Prolonger l’urgence sanitaire au-delà du 31 décembre ? C’est la question qu’un éminent interlocuteur du cabinet du Premier Ministre posait récemment à un conseiller de Jean Castex. Et la réponse a fusé : “Pourquoi pas ? Le cadre est posé et c’est pratique. Et de toute façon, la seule chose qui intéresse les Français, c’est qu’il n’y ait plus de confinement. Le reste, ils s’en foutent.”

Telle est la vision du peuple français selon la macronie : un ramassis de veaux prêt à tout pour pouvoir prendre un café en terrasse. 

Les interlocuteurs de ce conseiller en sont ressortis sidérés, et inquiets de la déconnexion profonde entre les décideurs publics et le reste du pays. 

Sortir de l’urgence sanitaire intéresse les décideurs

Si nous répétons souvent que la dictature de l’urgence sanitaire est une méthode de gouvernement théorisée plus ou moins ouvertement par la caste mondialisée, notamment celle qui organise Davos, tous les décideurs ne sont pas alignés sur la même longueur d’onde. En France, une grande partie du mouvement patronal considère qu’il faut savoir sortir de l’urgence et revenir à des principes de gouvernance “normalisés”, même si une relation symbiotique avec Macron depuis 2017 interdit de l’exprimer ouvertement. 

En particulier, on aura noté que le MEDEF s’est exprimé contre le passe sanitaire dans les centres commerciaux. Cette mesure de filtrage aux entrées des centres qui attirent souvent les segments les moins fortunés de la population, donc les moins vaccinés, exerce en effet une véritable saignée sur les chiffres d’affaires, même si le gouvernement prétend le contraire. 

En outre, de nombreux entrepreneurs ont une fibre libérale, qui pousse certains à ne pas apprécier le gouvernement par la peur qui s’est installé depuis plus d’un an. L’obstination de l’équipe Macron à instrumentaliser la crise et à faire durer l’urgence suscite donc des oppositions y compris dans le “saint des saints” qui la soutient depuis 5 ans. 

Mais il n’est pas sûr que les jeunes loups qui colonisent les cabinets ministériels et qui murmurent à l’oreille de Macron aient encore assez de réalisme pour mesurer le creusement sourd de ces écarts. 

L’immense arrogance de la start-up nation

Tout le problème tient aujourd’hui (et c’est un phénomène caractéristique des “fins de règne”) à la médiocrité des conseillers qui entourent Macron et ses ministres, et à leur ivresse aveugle du pouvoir. Peu de Français mesurent que la vie en cabinet ministériel est usante, mais aussi “déconnectante” et enivrante par le goût du pouvoir qu’elle donne à de jeunes énarques dont le principal mérite se résume souvent à être rudes à la tâche, endurants, et sans vie de famille pour les arracher à leur bureau avant 23h. 

Ces jeunes loups, convaincus d’être l’avant-garde éclairée de la start-up nation, comme Macron le fut en son temps, regardent les Français avec le biais de l’arrogance et du mépris : le Gaulois réfractaire n’est rien, le conseiller technique du ministre de 26 ou 27 ans est tout. Le Gaulois réfractaire est un veau sans conscience politique, le conseiller technique est le guide de la nation. 

Au passage, il est un fait que ces conseillers techniques grenouillent dans la caste mondialisée où la mode est d’expliquer que le passe sanitaire permet de retrouver la liberté et de voyager à l’étranger comme tous les gens importants. Cette vanité aveugle et légitime toutes les mesures liberticides, qui ne sont même pas comprises. 

Toujours est-il que ces petits marquis se félicitent de pouvoir décliner leur identité chaque fois qu’ils vont prendre un café en terrasse. Et nos vieilles préoccupations de liberté publique, d’autonomie des citoyens et de la pensée, de respect de la vie privée, ne font pas du tout partie de leur culture politique. 

La rupture de réalité entre eux et nous

Comme tous les Présidents en fin de mandat (et comme dans tous les gouvernements usés), Emmanuel Macron a sacrifié au rituel de la claustration : petit à petit, on ne s’entoure que des gens qui vous disent ce que vous avez envie d’entendre, quitte à les choisir pour leur docilité plutôt que pour leur intelligence et leur clairvoyance (Jean Castex étant une caricature de ce type de recrutement), et petit à petit, on se laisse enfermer dans son “story-telling” officiel. La propagande devient la réalité, et la réalité devient un complot. 

C’est à ce stade que le quinquennat Macron se trouve. La perception du monde par le Président est biaisée par la petite cour qui gravite autour de lui et jouit de son omnipotence sur les institutions, sur les gens, sur le réel. Cet état psychique a un nom : l’aveuglement, pour ne pas dire le délire psychotique. 

La question est de savoir combien de temps un pays peut tenir sous la conduite d’une escouade de petits marquis coupés des réalités… Nous réalisons l’expérience en grandeur nature. 

Inévitable rapport de force ?

Sur le fond, la cécité élyséenne est telle désormais que le pouvoir semble décidé à exercer une tyrannie sans limite et sans recul critique, simplement au nom de la supériorité de la caste au pouvoir. Assez curieusement, les réflexes démocratiques sont tombés, sont oubliés, autant qu’ils étaient occis sous le régime de Vichy. Rappelons que le maréchal Pétain s’était lui aussi entourés de technocrates et “d’amateurs” pour réformer le pays. 

Face à cette cécité, les opposants à Emmanuel Macron commettent une erreur d’appréciation en imaginant que le recours à des manifestations démocratiques suffira à faire entendre les oppositions. Le régime actuel se satisfait pleinement d’un dysfonctionnement permanent, d’un clivage systémique entre ceux d’en haut et ceux d’en bas. 

Il est intéressant de voir quelle riposte l’histoire produit dans ce genre de situation. La dérive autoritaire radicalisera-t-elle les oppositions ?

Les paris sont ouverts. 

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