Jeudi 16 septembre, le Pr Trouillas - neurologue reconnu et spécialiste des formes neurologiques graves de la maladie de Lyme, a été convoqué par l'Ordre des médecins du Rhône pour avoir traité une patiente tétraplégique par des antibiotiques, au-delà de 28 jours. Cette convocation fait suite à une série de plaintes identiques provenues de différents médecins de la région, mais d'aucun patient.
Considérant cela comme "un montage de toute pièce", "un scandale absolu", voire "une conjuration coordonnée de l'Ordre et de la sécurité sociale", Paul Trouillas ne s'est pas défendu seul.En effet, le jour de l'audience, ce sont ses propres patients qui sont venus jusqu'à la chambre disciplinaire pour manifester leur profond désaccord. C'est ce qu'il a appelé la "Révolte des malades".
D'abord, qui est Paul Trouillas ?
Haut de ses 78 ans, il est médecin neurologue universitaire, essayiste politique et philosophe. Pour ne parler que de santé, il a tôt fait de devenir spécialiste de la question des AVC, dans les années 90. Il fonde le Centre d'urgence des attaques cérébrales de Lyon, entre autres institutions, et introduit en France la thrombolyse des artères cérébrales en tant que méthode thérapeutique de référence pour les AVC. Une méthode qui, si elle est aujourd'hui reconnue, a d'abord dû essuyer le flot de critiques qu'appelle la nouveauté. Il reçoit le prix de l'Hospitalisation française en 1992 et devient rapidement un expert reconnu à l'international.
Par ailleurs, il est fait Chevalier de l'ordre national du Mérite en 1996, et Chevalier de la Légion d'honneur en 2009.
Depuis 2017, il est aussi reconnu par la Haute Autorité de Santé (HAS) comme expert de la maladie de Lyme, statut qu'il nous dit d'ailleurs avoir renouvelé récemment. Enfin, il est signataire des recommandations officielles de cette même institution pour la maladie de Lyme.
Que lui reproche-t-on ?
D'avoir traité une patiente atteinte d'une tétraplégie dans le cadre de la maladie de Lyme, par des antibiotiques au-delà de 28 jours, ce qui est prétendument en dehors des recommandations de la HAS. Cela étant, il nous fait savoir que dans ces mêmes recommandations, le traitement d'un cas neurologique peut-être renouvelé dans le temps autant de fois que nécessaire, pour la pour la bonne raison que ce sont des affections qui donnent lieu à des rechutes. Ce sont des situations complexes à gérer, à comprendre et donc par conséquence, à soigner.
Donc, au sujet de la maladie de Lyme, après le Pr Perronne, c'est le Pr Trouillas qui fait l'objet de ce qu'il dénonce comme étant une "démarche de violence illégale et illégitime", de la part de confrères qui eux, ne sont pas nécessairement reconnus comme étant experts en la matière. Selon lui, les formes neurologiques complexes se heurtent à un "négationnisme militant de la part d'une faction medicale, qui instrumentalise les autorités médicales, en particulier l'Ordre". Ce négationnisme accentuant par la suite ce qu'on appelle l'errance médicale.
La "Révolte des malades"
Comme mentionné au début, aucun patient n'a porté plainte. Alors, si les médias "mainstream" titrent déjà à la radiation du professeur en mettant la focale sur la chambre disciplinaire, il est aussi important de souligner que ses patients sont venus nombreux pour le soutenir dans sa défense, brandissant des pancartes où l'on peut lire des messages tels que : "Stop au harcèlement des médecins" ; "Le Pr Trouillas a sauvé mon enfant de 10 ans" ; "Pas d'obstruction aux traitements qui sauvent".
Suivant la décision des juges, Paul Trouillas s'il n'est pas relaxé, risque la suspension temporaire ou la radiation. Rejoindra-t-il les professeurs Montagnier, Perronne, Raoult, Fouché parmi les cibles du système médical français ?
La décision sera rendue dans un mois.
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