25 mai 2020

Covid et châtiment


Ça se souhaite, ça, l’Aïd El Fitr ? Parce que, tout de même, dans un pays tel que le nôtre avec près de vingt millions de Musulmans…pardon? Comment dites vous? Ah, oui, cinq à six millions, oups, pardonnez-moi, j’avais oublié les données officielles, celles pour ne pas foutre la trouille au souchien de base ! Alors disons cinq ou six millions hors taxes, avec une grosse-grosse TVA, vous voyez? Bon, et puis zut! Dans ce pays on ne compte pas les gens en fonction de leur confession, ni de leur origine ethnique. Normal, nous sommes tous identiques, liberté, égalité, fraternité, morosité, débilité, insécurité, brutalité (policière, bien sûr), enfin tout ce que vous voudrez mais que vous soyez originaire du Cantal, de la Casamance Orientale ou de Tamanrasset, c’est pareil, y a pas de différence ! On pourrait croire, mais non! La preuve, on nous connaît tous par notre numéro de sécu, c’est ça la vraie égalité, l’arme absolue anti-discrimination, treize chiffres plus la clé et vous êtes identifié, pas de risque d’homonymie, sauf à la rigueur entre centenaires et nouveaux nés et, même dans ce cas rarissime, on arrive sans problème à distinguer. Il présente juste un petit défaut assez ennuyeux, il faut bien le dire, ce « numéro national d’identification »: avec les six derniers chiffres on sait précisément où vous êtes né…et là, avec un peu d’astuce on repère si vous êtes d’Aurillac ou de Ouagadagoudougou…mais bon, dès la deuxième génération le problème se trouve résolu de facto…on sait juste que votre Maman vous a mis au monde à Neuilly, ou à Bobigny… Bon, ça reste un marqueur social, comme on dit, mais ça ne dit rien de votre couleur, ni de votre religion…encore que Neuilly…oui, enfin bon, passons…

Revenons à nos moutons (dont ils vont s’empiffrer toute la journée), je vous disais donc l’Aïd El Fitr, la fin du Ramadan, je sais bien que ça se fête dans la joie, l’allégresse et, le cas échéant, les feux de bagnoles, tirs de mortier et autres caillassages de flics, voire plus si les circonstances s’y prêtent…mais est-ce que ça se souhaite, that is the question… Ben oui, quoi, comme Noël, Pâques, le Jour de l’An, voire le Youm Kipour (non, pas « qui pue », kipour! m’enfin!)? C’est important, vous savez, et pour d’excellentes raisons.
D’abord, une supposition que vous croisiez aujourd’hui votre voisin et pote Mohamed, ou Saïd… O.K. Béchir si ça peut vous faire plaisir, on s’en fout, ce n’est pas la question! Donc, vous le rencontrez en bas de chez vous et alors que faites vous? De deux choses l’une, première hypothèse, vous lui souhaitez un bon Aïd El Fitr et là vous prenez un risque: ou bien ça se fait et il vous en souhaite autant, ou bien ça ne se fait pas, il croit que vous vous foutez de sa gueule et il vous fout son poing dans la vôtre. Seconde hypothèse, vous ne lui souhaitez rien du tout: vous vous exposez alors à des représailles équivalentes, bien que diamétralement opposées. Vaut mieux savoir, tout de même, ne trouvez vous pas? Dans le doute, si vous l’apercevez de loin, changez de trottoir, c’est sûrement le plus sage…mais seulement pour leurs fêtes, hein, ne vous méprenez pas, en temps ordinaire pas la peine!
Ensuite, si ça se souhaite, le danger vient du côté affectueux de ce genre de congratulation. Toujours pareil, nous autres Kouffar avons un peu perdu la tradition de Pâques, le gros bisou sur les deux joues qu’on claquait dans le temps à qui mieux-mieux en se félicitant d’une résurrection du Christ qui nous mettait en joie comme si c’était arrivé pour de vrai. Bon, voilà un truc que nous avons un peu oublié; du coup avec le confinement c’est passé comme une lettre à la poste… hou-la-la, non, mauvais exemple, essayez donc un peu d’envoyer du courrier ces temps-ci et vous verrez ce que je veux dire! Donc, on la refait: c’est passé comme un mail sur Yahoo, ou sur Orange.fr, ou sur tout ce que vous voudrez, mais bref, c’est passé, flûte! En plein mois d’Avril, Pâques déchristianisé n’a en rien bouleversé la parfaite ordonnance du plan Présipède-Barabapoux-Véran-Salomon pour niquer le coronavirus.
Oui mais voilà, nos amis Mahométans, eux, ils ne prennent pas leur religion par dessous la djellaba, vous pouvez me faire confiance! Alors supposez qu’ils se souhaitent tous la fête de rupture du jeune, hein? Avec le gros bisou, hein? Et les gestes barrière, alors…hé bien oui, évidemment, ils partent en quenouille! Vous réalisez: cinq ou six millions (plus une bonne douzaine de millions non-règlementaires) de braves Muz qui se bisouillent à bouche-que veux-tu, même en admettant que ça ne se fasse qu’entre personnes du même sexe conformément aux dispositions coraniques-niques-niques, c’est une embrouille à vous faire repartir l’épidémie comme une trainée de poudre! Sachant qu’en plus de ça ils bouffent le couscous avec les doigts et à même la qassriya (1), vous imaginez le sort des gestes-barrière, pas vrai? La deuxième vague assurée à tous les coups et le reconfinement pour tous, sans distinction de confession, d’origine ethnique (non, elle ne te nique pas, justement, c’est contraire aux gestes-barrière!), voire de zone verte ou rouge! Fasse le Ciel, celui d’Allah, hein, n’aggravons pas notre cas, que l’évènement en question se célèbre sans trop d’effusions, ce serait tout de même couillon de repartir pour deux ou trois mois de réclusion. Déjà qu’on est foutu sans rémission possible, ça ne nous arrangerait certes pas les papiers…Mektoub, comme on dit, et même inch Allah, n’ayons pas peur des mots!

D’ailleurs, alors même que le clergé catholique rouvrait, avec un plaisir non dissimulé, toutes les églises de chez nous, le Conseil Français du Culte Musulman, dans sa grande sagesse, décidait de n’en rien faire pour les mosquées. C’est vous dire si ça craint! Au point d’obliger leurs malheureux croyants à s’en aller sur les stades désertés, comme ce matin à Levallois-Perret -un clin d’œil sans doute aux époux Balkany- pour se faire une bonne prière collective, le cul en l’air, tout en respectant les distances de sécurité. Bien sûr l’histoire ne dit pas s’il y eut ou non des rapprochements plus intimes… La probabilité existe, bien sûr, toute personne ayant traversé ces jours derniers des quartiers à forte population musulmane, a bien pu se rendre compte qu’à l’heure de la rupture du jeûne le respect strict des gestes-barrière se trouvait fréquemment mis à mal. Pour ma part, j’en ai fait l’expérience pas plus tard que la semaine dernière! Le coucher du soleil en temps de Ramadan suscite une sorte d’allégresse sociale peu compatible avec la distanciation du même nom, c’est évident. Cela se comprend fort bien, au demeurant, essayez donc de rester sans bouffer depuis le petit matin, vous verrez, sur le coup des dix-neuf heures, si vous pensez encore à marquer le mètre règlementaire au moment de vous carrer un petit en-cas dans le corgnolon!
Encore convient-il d’ajouter que cette année, nos potes les envahisseurs à Coranovirus observèrent majoritairement une notable retenue tout au long du mois sacré -sacré mois- qui vient de s’écouler. Les réjouissances marquèrent une certaine modération qui tranchait souvent avec les joyeuses et bruyantes libations des précédents Ramadans. A l’exception d’une forte minorité de racailles impénitentes qui continuèrent à foutre le souk de toutes les manières possibles, les populations en cause se tinrent, en quelque sorte, à carreau. Eh oui, parce qu’il faut le savoir, l’épidémie de Covid 19 n’est autre qu’une punition d’Allah! Le Tout-Puissant, Miséricordieux à Ses Heures, a considéré qu’il convenait d’envoyer parmi les hommes un bon châtiment bien carabiné, histoire de remettre les pendules à l’heure et de rappeler gourbi et zobi qui est le Patron! Cette sorte d’avertissement sans frais n’incite aucunement à la gaudriole, sachant que les flammes de l’enfer restent toujours présentes à l’esprit du Fidèle conscient et organisé… l’épouvante absolue qu’elles lui inspirent, le tient en immense respect sitôt que le Très-Haut élève un peu la voix.

Ont ils tort, sont ils dans le vrai, je n’aurais pas l’outrecuidance d’en juger. Tout ce que je puis vous dire, à ce jour, c’est que le virus se calme, l’épidémie pourrait bien se trouver désormais derrière nous! C’est le Gouvernement qui le dit, alors, vous pensez…

Acceptons-en tout de même l’augure, ça ne mange pas de pain, Pentecôte arrive et le joli mois de Juin avec; alors profitez-en à bloc, mais faites gaffe tout de même, on ne sait jamais avec les punitions divines!
A Dimanche prochain si tout va bien! Amitiés à tous.

Et merde pour qui ne me lira pas.

NOURATIN

(1) Le grand plat en terre-cuite dans lequel on sert le couscous.

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