Les premiers symptômes du coronavirus Covid-19 sont apparus le 12 mars. L'homme de 48 ans, originaire de Laviéville dans la Somme, s'est alors rendu chez son médecin traitant, qui lui a diagnostiqué une bronchite et lui a prescrit un traitement antibiotique.
"Je me suis senti mourir"
Quelques jours plus tard, le mercredi 17 mars, l'état de santé de Xavier s'aggrave et son médecin lui conseille d'appeler le 15. Une ambulance l'emmène au CHU d'Amiens. Xavier n'est pas fiévreux, mais ils est pris de grosses quintes de toux, de "brûlures dans la gorge et dans les poumons" et de maux de tête violents. Un premier test du Covid-19 est réalisé à son arrivée à l'hôpital, mais il affirme que les résultats ne lui sont pas communiqués.
Le vendredi 20 mars, son état s'aggrave. "J'ai eu une grosse crise de toux, je n'avais plus moyen de respirer, raconte-t-il. Les personnels soignants n'ont pas réfléchi, ils se sont précipités dans ma chambre avec leurs masques et leurs gants." C'est à ce moment-là que Xavier est au plus bas. "Je me suis senti mourir. (...) J'ai quatre enfants, je n'ai cessé de penser à eux. J'ai eu tellement peur de les abandonner." Sans hésiter, il ajoute que les soignants lui ont "sauvé la vie".
Un scanner révèle ensuite une infection aux poumons. Un nouveau test du Covid-19 est réalisé, mais Xavier assure qu'il n'est toujours pas informé des résultats. Tout lui laisse croire qu'il s'agit bien du coronavirus. Il signale même la présence d'étiquettes indiquant "nouveau coronavirus Covid-19" dans sa salle de bain.
Des étiquettes indiquant "Nouveau Coronavirus Covid-19" étaient présentes dans la salle de bain du patient. / © XF
Le même jour, les médecins commencent à lui administrer le fameux traitement évoqué depuis plusieurs semaines dans les médias, à base d'hydroxychloroquine, une molécule utilisée comme antipaludique, et d'un antiobiotique utilisé pour le traitement des infections à la gorge et aux bronches, l'azithromycine. "Il y avait urgence, mon état de santé s'est dégradé à grande vitesse, ils m'ont dit ce qu'ils allaient me donner (...) Si je fais partie des testeurs pour ce traitement, je ne le regrette pas."
Tests négatifs
Le CHU d'Amiens confirme avoir administré de l'hyrdoxychloroquine mais assure que les deux tests réalisés à quatre jours d'intervalle sont revenus négatifs. Recontacté, Xavier nous redit qu'il n'avait pas été mis au courant des résultats des tests. Il n'en aurait été informé qu'après publication de l'article sur notre site internet. "On vient juste de me dire, à 18h20 (deux heures après publication de l'article, ndlr), que les deux tests étaient négatifs." C'est également à ce moment-là qu'on lui annonce une autre nouvelle surprenante : "Comme je suis négatif, ils stoppent la chloroquine." D'autres examens devraient être réalisés pour déterminer ce qu'il a réellement.
Nette amélioration en 48 heures
Néanmois, dés le lendemain du début du traitement, Xavier en ressent les effets. "Je me sentais encore faible, mais je me sentais déjà mieux." Aujourd'hui, 48 heures après, il est toujours un peu faible et a encore du mal à parler, mais il sent une nette amélioration. "Avant, j'avais des inhalations d'oxygène régulièrement, entre 8 et 12 par jour. Aujourd'hui, seulement en cas de besoin, quand la respiration devient trop difficile, indique-t-il. Les médecins me gardent sous surveillance, et si mon état continue à progresser, je pourrais finir le traitement chez moi, avec des règles strictes de confinement, il faut surtout que j'évite d'être à nouveau contaminé." Les médecins surveillent également l'apparition d'effets secondaires, qui sont connus pour ces médicaments, mais pour l'instant Xavier n'en a eu aucun. "Inquiet ? Non, je leur fais confiance."
Il nous fait part à plusieurs reprises de sa reconnaissance envers le personnel soignant. "Je remercie les soignants chaque fois qu'ils entrent dans ma chambre. Ce ne sont pas des soldats, mais ça y ressemble. (...) Quand j'étais au plus mal, ma femme a téléphoné au service, ils l'ont toujours informée mais aussi rassurée."
Traitement expérimental
À noter néanmoins que ce traitement n'en est encore qu'au stade d'expérimentation. S'il est défendu depuis le début de l'épidémie par le professeur Didier Raoult, infectiologue à Marseille, il est encore tôt pour connaître les résultats à grande échelle. Le médecin marseillais a annoncé avoir traité plusieurs de ses patients de cette manière-là et avoir obtenu des résultats prometteurs. Des essais qui ne font pas consensus dans la communauté scientifique. Ce lundi à 13 heures dans le JT de France 2, Karine Lacombe, infectiologue, estimait que "ce qui se passe à Marseille est absolument scandaleux (...) C'est en dehors de toute démarche éthique."
Le ministre de la Santé Olivier Véran a cependant autorisé des essais cliniques pour différents traitements potentiels, dont celui à la chloroquine. Face aux polémiques, il précise finalement ce lundi soir, sur avis du Haut conseil de santé, que le recours à la chloroquine serait strictement encadré et que cette molécule ne devait être utilisée que dans le cadre hospitalier. "La chloroquine pourra être administrée aux malades souffrant de formes graves du coronavirus, mais ne doit pas être utilisée pour des formes moins sévères", a-t-il déclaré.
Un essai clinique a par ailleurs été lancé à l'échelle européenne dans au moins sept pays pour tester quatre traitements expérimentaux contre le coronavirus Covid-19, dont celui à l'hydroxychloroquine. D'après nos informations, des protocoles ont déjà commencé à Amiens. Recontacté, le CHU a finalement confirmé que deux de ces traitements étaient effectivement en cours d'expérimentation.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire
Remarque : Seul un membre de ce blog est autorisé à enregistrer un commentaire.