« Au nom d’allah, demain je serai dehors à l’heure que je veux et je m’en bas les couilles » : Je vous présente Mouloud, le prochain mort du coronavirus...pic.twitter.com/k5M3lWCMbh— ConfinAramis ✝️ 🇫🇷 (@Aramisunchained) March 17, 2020
« Au nom d’Allah, demain je serai dehors, je m’en bats les couilles. » S’ils n’étaient l’apanage que d’une minorité, à l’image de ce jeune rebelle sur les réseaux sociaux, ces velléités très châtiées n’inquiéteraient pas plus que cela nos chères forces de l’ordre.
« On entend beaucoup parler d’Allah sur le terrain, il a plus de poids que nous apparemment… » témoigne pourtant un policier du 9-3, qui poursuit : « Il y a vraiment des problèmes dans les quartiers sensibles. Un homme m’a répondu : ‘On va quand même pas arrêter de saluer la famille et les frères du quartier quand on les croise’ ! »
Du terrain de sport plein à craquer sous le soleil à Grigny (Essonne), jusqu’aux policiers caillassés après l’intervention de pompiers sur des feux de poubelle à Aulnay-sous-Bois (Seine-Saint-Denis), ou sur un pillage de supérette à Trappes (Yvelines)… De l’incivilité ordinaire aux violences émeutières, les forces de l’ordre sont en surchauffe ces derniers jours.
« Toujours les mêmes qui posent problème »
A Saint-Denis, où le journal suisse Le Temps décrit des scènes de vie ordinaires ubuesques en plein confinement, les rapports d’incivilités sont légion. Même si les devantures sont fermées, les étals de marchés sont encore bien fournis, certains bars-tabacs bien ouverts. Sous le manteau, on y vend, à bons prix, des masques dérobés dans les hôpitaux. Les images de chassés-croisés, dans lesquelles policiers excédés, et devant lesquelles personnels soignants épuisés, s’évertuent à clamer « rentrez chez vous », ne tarissent pas.
Pas différentes ambiances sont relevées à Barbès, Château Rouge, la Goutte d’Or, ou d’autres quartiers du 18ème arrondissement de Paris, pour ne citer que celui-là. Mardi 19 mars, 19ème, Porte d’Aubervilliers, les forces de l’ordre ont encore essuyé des tirs de mortier. « Pas besoin d’aller bien loin pour voir ça » s’amuse, sarcastique, un membre de compagnie d’intervention, qui le dit sans détour : « Malheureusement, ce sont toujours les mêmes populations qui posent problème ». Parole de terrain.
« Il y a clairement une petite partie de la population qui n’en a rien à foutre » déplore un autre policier de la grande couronne parisienne, navré de la désinvolture qu’il côtoie au quotidien lorsqu’il contrôle l’attestation que chacun est désormais censé porté sur soi : « Des gens nous disent: ‘Je sais pas, je suis pas au courant, vous avez qu’à me donner le papier’. Ou alors qui font semblant d’éternuer, de cracher, les provocations habituelles. »
Rocco Cotento, responsable parisien du syndicat Unité SGP Police, affirme avoir contacté la mairie de Paris pour réclamer sans délai une fermeture des marchés, où la foule ne faiblit pas, en dépit des injonctions de l’État, des verbalisations données sur le tas. « Aux entrées du marché de Barbès, par exemple, on a mis en place un filtrage pour contrôler les attestations. Mais les gens s’en contrefoutent, donc on verbalise massivement. Les collègues craignent pour leur intégrité physique face à la foule. »
Alors que les prisons françaises, fébriles depuis l’annonce de la fermeture des parloirs, s’apprêtent à recevoir 100 000 masques, les policiers ont, eux, reçus l’ordre de ne pas en porter… alors que leurs stocks ne sont pas trop mal pourvus (environ 300 000). « Pas de gants, pas de masques, c’est un véritable risque pour nous. Pour le moment on maîtrise la situation, mais ça va se crisper avec le temps » alerte ce policier de Seine-Saint-Denis.
Rotation des effectifs, renforts de la Police Judiciaire, « zonalisation » des CRS pour qu’ils soient à proximité de leur domicile… Branle-bas de combat au sein des différentes administrations policières, pourtant jugé insuffisant, alors qu’à l’heure de l’écriture de ces lignes, plus de 2000 policiers étaient confinés chez eux, dont 80 contaminés par le coronavirus.
« On entend beaucoup parler d’Allah sur le terrain, il a plus de poids que nous apparemment… » témoigne pourtant un policier du 9-3, qui poursuit : « Il y a vraiment des problèmes dans les quartiers sensibles. Un homme m’a répondu : ‘On va quand même pas arrêter de saluer la famille et les frères du quartier quand on les croise’ ! »
Du terrain de sport plein à craquer sous le soleil à Grigny (Essonne), jusqu’aux policiers caillassés après l’intervention de pompiers sur des feux de poubelle à Aulnay-sous-Bois (Seine-Saint-Denis), ou sur un pillage de supérette à Trappes (Yvelines)… De l’incivilité ordinaire aux violences émeutières, les forces de l’ordre sont en surchauffe ces derniers jours.
« Toujours les mêmes qui posent problème »
A Saint-Denis, où le journal suisse Le Temps décrit des scènes de vie ordinaires ubuesques en plein confinement, les rapports d’incivilités sont légion. Même si les devantures sont fermées, les étals de marchés sont encore bien fournis, certains bars-tabacs bien ouverts. Sous le manteau, on y vend, à bons prix, des masques dérobés dans les hôpitaux. Les images de chassés-croisés, dans lesquelles policiers excédés, et devant lesquelles personnels soignants épuisés, s’évertuent à clamer « rentrez chez vous », ne tarissent pas.
Pas différentes ambiances sont relevées à Barbès, Château Rouge, la Goutte d’Or, ou d’autres quartiers du 18ème arrondissement de Paris, pour ne citer que celui-là. Mardi 19 mars, 19ème, Porte d’Aubervilliers, les forces de l’ordre ont encore essuyé des tirs de mortier. « Pas besoin d’aller bien loin pour voir ça » s’amuse, sarcastique, un membre de compagnie d’intervention, qui le dit sans détour : « Malheureusement, ce sont toujours les mêmes populations qui posent problème ». Parole de terrain.
« Il y a clairement une petite partie de la population qui n’en a rien à foutre » déplore un autre policier de la grande couronne parisienne, navré de la désinvolture qu’il côtoie au quotidien lorsqu’il contrôle l’attestation que chacun est désormais censé porté sur soi : « Des gens nous disent: ‘Je sais pas, je suis pas au courant, vous avez qu’à me donner le papier’. Ou alors qui font semblant d’éternuer, de cracher, les provocations habituelles. »
Rocco Cotento, responsable parisien du syndicat Unité SGP Police, affirme avoir contacté la mairie de Paris pour réclamer sans délai une fermeture des marchés, où la foule ne faiblit pas, en dépit des injonctions de l’État, des verbalisations données sur le tas. « Aux entrées du marché de Barbès, par exemple, on a mis en place un filtrage pour contrôler les attestations. Mais les gens s’en contrefoutent, donc on verbalise massivement. Les collègues craignent pour leur intégrité physique face à la foule. »
Alors que les prisons françaises, fébriles depuis l’annonce de la fermeture des parloirs, s’apprêtent à recevoir 100 000 masques, les policiers ont, eux, reçus l’ordre de ne pas en porter… alors que leurs stocks ne sont pas trop mal pourvus (environ 300 000). « Pas de gants, pas de masques, c’est un véritable risque pour nous. Pour le moment on maîtrise la situation, mais ça va se crisper avec le temps » alerte ce policier de Seine-Saint-Denis.
Rotation des effectifs, renforts de la Police Judiciaire, « zonalisation » des CRS pour qu’ils soient à proximité de leur domicile… Branle-bas de combat au sein des différentes administrations policières, pourtant jugé insuffisant, alors qu’à l’heure de l’écriture de ces lignes, plus de 2000 policiers étaient confinés chez eux, dont 80 contaminés par le coronavirus.
Délinquants masqués, policiers démasqués
Indignée par les propos de Christophe Castaner, qui déclarait que « les policiers ne sont pas en risque », l’intersyndicale de la profession a adressé, ce 19 mars, une lettre au ministre de l’Intérieur : « Nous vous demandons solennellement de donner les instructions nécessaires pour autoriser le port des masques aux policiers. Non seulement ils sont en risque, mais ils sont aussi potentiellement vecteurs de propagation de ce virus, à l’endroit de la population contrôlée, de leurs collègues, de leurs proches, de leurs familles. » Menaçant d’user de leur droit de retrait, les policiers de l’intersyndicale seront reçus à Beauvau ce lundi 23 mars, par le Secrétaire d’État Laurent Nunez et le Directeur de la Santé, Jérôme Salomon.
Dans le même temps, un groupe de jeunes se vantait de vouloir « contaminer le plus de monde possible » à Argenteuil et Bezons, dans le Val d’Oise. Un autre, une bande de dealers de Melun, défiait par vidéo interposée le confinement et les forces de l’ordre, équipés… de masques et blouses blanches. Autre point d’inquiétude pour les autorités : le trafic, « empêché » par les nouvelles mesures.
« Les points de deal sont un peu moins nombreux, mais on en a encore qui sont actifs malgré le confinement » confirme un commissaire de la banlieue parisienne. Un autre agent renchérit : « Dans les quartiers plus sensibles, il reste encore et toujours les vendeurs sauvages de cigarettes, les jeunes qui traînent et quelques trafiquants qui nous insultent et nous crachent dessus quand on arrive. Le confinement ne fait que commencer, dans le temps, ça va être très compliqué. »
Après seulement quelques jours de l’entrée en vigueur du confinement, l’appréhension de ceux qui sont chargés de le faire, tant bien que mal, respecter, converge dans le même sens : comment la loi pourra-t-elle s’imposer sur le long terme si elle n’est même pas applicable à ses débuts ?
No-go zones
Dans certains quartiers de la banlieue parisienne, comme à Nanterre, la hiérarchie déconseille même à ses effectifs de contrôler à pied, de peur que la situation ne dégénère. Seules les unités véhiculées sont autorisées à y patrouiller. Au journal Le Temps, une patrouille de Saint-Denis confiait son appréhension à verbaliser les nombreux contrevenants qu’elle croise : « Ce n’est pas jouable. Si une dispute commence, on ne pourra pas gérer et le risque de contamination deviendra encore plus grand. » La dissuasion, la pédagogie, sont les seules armes de ces flics en détresse. Certains d’entre eux redoutent encore que la situation, déjà déplorable, ne s’envenime davantage, à la faveur d’un prolongement du confinement, imposé à des banlieues qui portent leur insoumission en étendard : « Pour l’instant, il n’y a pas d’explosion des trafics ou des cambriolages. Mais avec les appartements déserts et le confinement, il est quasiment certain que ça arrivera », nous confie un membre de la Bac parisienne, avant de conclure, crépusculaire : « Même au sein de la police, tout le monde a réalisé beaucoup trop tard ce qu’il se passait. On va boire le bouillon, c’est écrit. »
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