06 janvier 2020

Les premiers soldats turcs se déploient «progressivement» en Libye


Recep Tayyip Erdogan a officialisé l'envoi de soldats turcs en Libye. «Nos soldats sont en train d'être déployés progressivement», a déclaré le président turc le 5 janvier, à l'occasion d'une interview sur la chaîne CNN Turk.

Dans la soirée du 5 janvier, Recep Tayyip Erdogan a annoncé le début du déploiement de soldats turcs en Libye. «La mission de nos soldats là-bas est la coordination [...] Nos soldats sont en train d'être déployés progressivement», a-t-il déclaré au cours d'une interview sur la chaîne CNN Turk. L’envoi de ce premier contingent intervient trois jours après le vote d’une motion permettant au président turc d'envoyer des militaires sur le territoire libyen afin de soutenir le Gouvernement d'union nationale (GNA), en conflit avec le maréchal Haftar, homme fort de l'est libyen.

Ankara fait ainsi fi de la décision, le 4 janvier, du Parlement libyen qui ne reconnaît pas la légitimité du GNA établi à Tripoli, de rompre ses relations avec la Turquie, après un récent accord militaire conclu entre Ankara et le GNA.

Alger et Le Caire s'opposaient à une intervention turque en Libye

L’intervention d’Ankara dans le dossier libyen a suscité une levée de boucliers de plusieurs pays limitrophes de la Libye. Le 17 décembre dernier, deux jours après la rencontre organisée à Istanbul entre Recep Tayyip Erdogan et Fayez-al-Sarraj, le président égyptien Abdel Fattah al-Sissi avait mis en garde contre toute velléité de «contrôler» le territoire libyen. Cité par plusieurs médias publics, le président égyptien avait alors souligné que la crise actuelle en Libye relevait «de la sécurité nationale de l'Egypte».

En Algérie, la probabilité d’une intervention militaire turque sur le sol libyen est également source d'inquiétudes. Ainsi, le nouveau président Abdelmadjid Tebboune avait tenu, le 26 décembre, une réunion du Haut conseil de sécurité (HCS), qui regroupe les plus hautes autorités civiles et militaires de l'Algérie, cela afin d’évoquer la situation à ses frontières, notamment celle avec la Libye. «L’Algérie prendra dans les prochains jours plusieurs initiatives en faveur d’une solution pacifique à la crise libyenne, une solution exclusivement inter-libyenne», avait déclaré de son côté, le 2 janvier, le ministre algérien des Affaires étrangères Sabri Boukadoum.

Déstabilisée par l’intervention de l’OTAN en 2011, à laquelle a participé la France, et qui a conduit à la mort de Mouammar Kadhafi, la Libye est depuis 2014 fracturée par la rivalité entre Fayez al-Sarraj et le maréchal Khalifa Haftar. Le pays, de fait, se trouve divisé en deux parties.

A l’ouest s'étend le pouvoir du GNA. Si cette entité politique, basée à Tripoli, est reconnue par la communauté internationale, elle parvient difficilement à imposer son autorité sur ses propres milices. Face à elle, le maréchal Khalifa Haftar, qui dit tirer sa légitimité du Parlement de Tobrouk, également reconnu par la communauté internationale.

L’Armée nationale libyenne (ANL), qu'il dirige, a étendu son contrôle sur la totalité de la Cyrénaïque (région orientale de la Libye), où se trouvent les plus grandes réserves de pétrole du pays. A la faveur du ralliement de plusieurs tribus et d’officiers, dont des ex-kadhafistes, le maréchal Haftar a multiplié les succès militaires et poursuit son offensive vers Tripoli. Cette confrontation entre les deux camps s’est intensifiée début avril aux abord de la capitale avant de s'enliser.

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