18 octobre 2019

Barricades, affrontements et cocktails Molotov : nouvelle nuit de fortes tensions à Barcelone



Barcelone a connu un regain de tension dans la nuit du 17 au 18 octobre. Des barricades ont été dressées en ville et des manifestants se sont affrontés aux forces de l'ordre. Notre reporter Frédéric Aigouy était au plus près des heurts.


La nuit du 17 au 18 octobre a été marquée par des affrontements en marge des manifestations indépendantistes à Barcelone où le reporter de RT France Frédéric Aigouy était présent au milieu des manifestants.

A la veille d'une grève générale annoncée ce 18 octobre, le quatrième jour de la mobilisation des indépendantistes catalans contre la condamnation de leurs dirigeants par la justice espagnole le 14 octobre par la Cour suprême d'Espagne, la tension était des plus vives comme on peut le voir sur les images de notre reporter.

Des centaines de jeunes, criant «Indépendance», ont monté des barricades enflammées dans le centre de la métropole catalane et lancé des cocktails molotov sur les forces de l'ordre qui pour leur part ont tiré des balles en mousse sur les manifestants.

Fait notable, à la différence des méthodes de maintien de l'ordre en France contre les Gilets jaunes, notre reporter a noté l'absence d'utilisation de gaz lacrymogène par la police espagnole.

Ces nouvelles tensions interviennent à la veille de ce qui s'annonce comme le point d'orgue de la mobilisation contre les lourdes peines de 9 à 13 ans de prison infligées lundi aux leaders séparatistes pour leur rôle dans la tentative de sécession de 2017.

Une «grève générale» pour poursuivre le mouvement ?

Ce 18 octobre, jour de «grève générale» annoncée en Catalogne, des «marches de la liberté» parties de toute la région doivent en effet converger à Barcelone pour une grande manifestation prévue à 15h.

Déjà, les 15 et 16 octobre, Barcelone avait vécu des scènes de guérilla urbaine entre manifestants et policiers après de premiers heurts lors du blocus de l'aéroport par des milliers de personnes. Plus tôt dans la soirée du 17 octobre, une manifestation, à l'appel des militants radicaux des Comités de Défense de la République (CDR), avait réuni environ 13 000 personnes après une manifestation étudiante ayant rassemblé 25 000 personnes dans l'après-midi.

«Les actions que nous menons depuis plusieurs jours sont dues à l'impuissance que nous ressentons car l'Etat espagnol persiste dans son refus [de l'indépendance] et ses menaces et l'Europe dans son silence», a expliqué à l'AFP David, un comptable de 23 ans. Nées de la frustration d'une partie de la base indépendantiste, deux ans après l'échec de la tentative de sécession de 2017, ces violences marquent un tournant pour le mouvement séparatiste qui s'était toujours targué d'être non-violent.

Le président indépendantiste catalan Quim Torra, qui a fini par condamner les violences le 16 octobre au soir, a tout de même tenu un discours de défi à l'Etat espagnol devant le parlement régional. «Nous ne pouvons pas nous permettre de faire un pas en arrière dans la défense inaliénable de notre droit à l'autodétermination. La peur et les menaces ne nous vaincront pas», a-t-il lancé en promettant de parvenir à l'indépendance d'ici deux ans.

En prévision des perturbations de ce 18 octobre dans cette riche région industrielle, le constructeur automobile Seat a mis à l'arrêt son usine de Martorell, près de Barcelone, tandis que la fédération des transporteurs a recommandé à ses adhérents d'avancer leurs livraisons ou de chercher des routes alternatives.

Près de 100 blessés

Selon le ministre de l'Intérieur Fernando Grande-Marlaska, 97 personnes ont été arrêtées en Catalogne et 194 policiers blessés depuis le début des manifestations le 14 octobre. Sur la seule journée du 16 octobre, 96 personnes ont été blessées selon les services de secours, dont 58 à Barcelone.

A moins d'un mois des prochaines élections législatives, la droite et le centre exigent du gouvernement socialiste qu'il prenne des mesures exceptionnelles pour rétablir l'ordre public.

Le chef du gouvernement Pedro Sanchez est «dépassé par les événements», a dénoncé jeudi Ana Pastor, une dirigeante du Parti Populaire (PP, droite) qui réclame la reprise en mains par l'Etat de la sécurité, qui dépend en Catalogne du gouvernement régional.

«Il n'y aura aucune impunité», a martelé Fernando Grande-Marlaska dont le gouvernement a envoyé des renforts policiers mais n'a pas pris de mesures extraordinaires.

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