21 mars 2019

Totalitarisme : Le récit révoltant d’Emy, 21 ans, placée 56h en garde-à-vue au motif inventé de « visage dissimulé »






« J’arrive sur Paris, j’amène les sacs à des amis médics, et repart, je passe le contrôle sans soucis, jusqu’à ce qu’un commandant dise "elle on l’interpelle". Les forces de l’ordre présents n’ont pas compris... j’ai été emmenée dans un hall d’immeuble où étaient déjà regroupés une dizaine de gilets jaunes interpellés. On prend ma carte d’identité afin de remplir la feuille d’interpellation, et on me laisse là. Au bout de 30 minutes à peu près, on a été emmenés dans le camion pour le transport. Aucune ceinture de sécurité, rien. A un moment, j’ai perdu l’équilibre et lorsque j’ai posé mon pied pour me rattraper, il y a eu un coup de frein, et ma cheville s’est tordue.

Arrivée au commissariat, 15h20, on nous fouille et nous lit nos droits. Le premier motif de mon interpellation est "visage dissimulé" alors que je n’avais absolument rien. J’ai demandé appel, médecin et avocat. J’ai pu appeler ma mère. Puis ils m’ont mise en cellule, où j’ai rejoint 2 filles déjà présentes, dont une arrêtée à la sortie du métro sans aucune raison. Au bout de 15h, j’ai enfin vu le médecin. 24h après, toujours pas d’audition, ni d’avocat. Puis on vient me voir et m’annonce que ma garde-à-vue est prolongée. Nouveau motif, attroupement en vue de commettre des actes de violences. J’ai obtenu un avocat au bout de 26h de garde-à-vue. Remise en cellule, en attente de voir de nouveau le médecin, on vient me chercher pour l’ADN et les empreintes, puis on me ramène. Le soir j’ai été transportée par 2 policiers aux urgences. Retour des urgences, audition par l’OPJ, ils me demandent les codes de mon téléphone, je leur donne. A 4h du matin, j’ai été revue par le médecin. A 8h, extraction de mon téléphone pendant plus d’une heure, le tout sans la présence de mon avocat. Puis ils nous annoncent qu’on est déférés, nous n’étions plus que 2. Ayant des problèmes médicaux prouvé au niveau de l’épaule, je leur dis que je ne peut mettre mon bras derrière et qu’il faut qu’ils m’attachent les mains devant. Là, une policière prend mon bras et le met en arrière de force. Arrivée au tribunal, de nouveau fouillée, mise en cellule seule jusqu’à 19h, heure où on vient me chercher, pour voir le procureur. Mon avocat était présent. Signer le rappel à la loi signifiait que je consentais à la garde-à-vue, j’ai donc refusé de le signer et j’ai été libérée.

Les verres d’eau, on les avait au compte-goutte, les repas étaient immangeables lorsqu’ils étaient servis, les toilettes étaient dans un état pitoyable, mais les FO femmes sont les pires. Elles ne nous respectent pas. Une m’a dit "Reste dans ta merde", l’autre "ton téléphone je vais l’exploser", et ce n’est qu’une partie de l’iceberg... nous voient-il encore comme des êtres humains ?

Ma garde-à-vue est illégale pour plusieurs raisons, 1 : pas de motifs réels, 2 : heures de départ de garde-à-vue non notée. Ce qui m’a permis de tenir le coup pendant la garde-à-vue, c’est que je n’étais pas seule, j’étais entourée des autres filles. Quand j’ai été déférée, j’étais seule en cellule. J’ai passé au moins 5h voire plus toute seule, sans personne à qui parler, avec une caméra 3D qui donne directement sur les WC...

Et encore, le plus dur ce n’est pas la garde-à-vue, c’est l’après garde-à-vue, ça on oublie souvent de le préciser. Pour ma part, c’est très compliqué. Je suis sortie lundi, j’ai été me coucher, je tremblais totalement. Psychologiquement j’ai beaucoup de mal, un mal à la tête constant, une incapacité à rester en place, il m’est impossible de voir personne et d’être dans une pièce fermée... j’ai des douleurs dans le dos, énormément de fatigue. »

Emy a également fait part de son témoignage à l’antenne de la radio caennaise Bazarnaom, à partir de la minute 28:35.

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