16 février 2019

Edouard Philippe : demander des «contreparties» aux aides sociales


Le premier ministre a toutefois reconnu qu'il s'agissait d'un sujet «explosif». Le versement du RSA en contrepartie d'heures de travail d'intérêt général est une idée défendue de longue date par Laurent Wauquiez.

L'État demandera-t-il bientôt des «contreparties» aux bénéficiaires des aides sociales? Le débat - qui n'est pas nouveau -, a été relancé ce vendredi par le premier ministre Édouard Philippe. Lors d'une réunion avec des élus locaux et des dirigeants de PME à Plomordiern (Finistère) - organisé dans le cadre du «grand débat» -, il a émis l'idée de demander des «contreparties» aux citoyens en échange du versement d'aides sociales. Le premier ministre a toutefois reconnu qu'il s'agissait d'un sujet «explosif».

«Est-ce que cette solidarité peut s'accompagner de contreparties, d'activités, d'activités d'intérêt général ?»

Édouard Philippe

«Qu'est-ce qu'on demande à ceux qui bénéficient de la solidarité, est-ce qu'on demande quelque chose, et si oui, quoi?», a-t-il déclaré lors de son échange avec des élus locaux et des patrons de PME. Avant de poursuivre: «C'est un débat totalement explosif». «Moi, ma conviction, qui est une conviction personnelle, c'est que compte tenu de l'importance de nos mécanismes de solidarité, compte tenu de nos finances publiques, compte tenu de la situation d'un pays qui est en croissance mais qui reste avec un niveau de chômage élevé, il faut qu'on s'interroge sur ces contreparties», a-t-il ajouté.

«Il faut qu'on regarde ce qu'on peut réfléchir avec nos concitoyens comme contrepartie au versement obligatoire», a-t-il poursuivi. «C'est indispensable d'avoir des mécanismes de solidarité pour ceux qui sont dans la difficulté, on est un pays où la solidarité ça compte, il ne s'agit pas de revenir en arrière, il s'agit de s'interroger sur ‘est-ce que cette solidarité, elle peut s'accompagner de contreparties, d'activités, d'activités d'intérêt général'?», s'est aussi interrogé Édouard Philippe. Le premier ministre a enfin estimé que «c'est une vraie belle question politique».
Une initiative appliquée dans le Haut-Rhin... et une idée défendue de longue date par Laurent Wauquiez

Pour souligner le caractère «explosif» de cette piste, Édouard Philippe a rappelé l'initiative polémique du conseil départemental du Haut-Rhin, entrée en vigueur le 1er janvier 2017, qui demandait aux allocataires du RSA de faire 7 heures de bénévolat par semaine au risque de se voir privés de l'allocation.

Pour rappel, la décision du conseil départemental du Haut-Rhin de conditionner le versement du RSA à des heures de bénévolat avait suscité une controverse et avait été dénoncée par les associations venant en aide aux personnes précaires. En juin 2018, le Conseil d'Etat avait finalement validé cette décision à condition que ces heures de bénévolat «puissent contribuer à une meilleure insertion professionnelle du bénéficiaire et restent compatibles avec la recherche d'un emploi».

Le débat relancé par Édouard Philippe fait par ailleurs écho à l'une des pistes défendues de très longue date par Laurent Wauquiez, président du parti Les Républicains (LR). Sur le site internet «La Droite sociale», initiative politique qu'il a lancée en 2010, il propose notamment d'exiger 5 à 7 heures de travail d'intérêt général par semaine en contrepartie de tout RSA. Brocardant les «dérives de l'assistanat», Laurent Wauquiez défendait cette position dès 2011.

Le sujet des aides sociales suscite régulièrement des débats passionnés en France. En juin 2018, le président de la République Emmanuel Macron avait estimé que les aides sociales coûtent «un pognon dingue». En 2016, les allocations et autres prestations atteignaient un total de 714 milliards d'euros, soit 32% du PIB. Ces aides sociales permettent de réduire le taux de pauvreté de 8,1 points, selon une récente étude du ministère de la santé.

Dans le cadre du «grand débat» national, ce sujet est revenu sur le devant de la scène. Sur le site du granddebat.fr, l'une des questions posées est: «Faut-il instaurer une contrepartie aux différentes allocations de solidarité?». Les participants à la plateforme ont répondu à cette question par l'affirmative à hauteur de 73%. Preuve que les déclarations d'Édouard Philippe répondent clairement à une préoccupation des Français.

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