02 janvier 2019

Destruction programmée des Hôpitaux : Un Noël aux urgences, "il y avait des déchets partout, des gens qui appelaient à l'aide"


Mona a raconté sur Twitter la nuit de Noël dantesque qu’elle a passée dans un service d’urgences de la région parisienne. Le sol "jonché de déchets", les "patients qui s'énervent" et les médecins débordés. Contactée par France Inter, elle précise qu'il s'agit des urgences du Kremlin Bicêtre.

Mona se souviendra longtemps de la nuit passée aux urgences du Kremlin-Bicêtre (Val-de-Marne) le soir du 25 décembre. Dans un récit sur twitter, qu'elle a confirmé à France Inter, la jeune femme, professeur des écoles à Lyon, raconte les 48 heures passées dans cet hôpital.

Contactée par France Inter à plusieurs reprises mercredi et jeudi, l'Assistance publique hôpitaux publics de Paris (APHP), dont dépendent les urgences du Kremlin-Bicêtre, n'a pas souhaité répondre à nos questions, précisant qu'elle n'était pas en mesure de nous donner des détails sur les conditions d'accueil aux urgences du Kremlin-Bicêtre le soir du 25 décembre.

Tout commence le jour de Noël. La jeune femme arrive de Lyon pour passer les fêtes en région parisienne où vit sa mère. Dès son arrivée, le jeune femme se sent mal. Dans la soirée, elle se sent fiévreuse et quand la fièvre augmente, elle appelle SOS médecin qui arrive à minuit. Le docteur ne peut lui administrer aucun traitement.

Une heure après le départ de SOS médecin, la jeune femme est prise de tremblement et vomit, sa température monte à 41. Sa mère appelle le Samu. Une ambulance prend la jeune femme en charge.

Arrivée aux urgences, l’accueil est plutôt froid. la personne chargée de l'accueil, qui est "au bout du rouleau", selon Mona, la laisse rentrer en marquant ses réticences, "pour cinq minutes. Un infirmier vous donnera des médicaments".

Sa mère est invitée à rester à l’accueil. À 3 heures du matin, dans la salle d'attente des urgences, Mona découvre une situation catastrophique : "C’était sale, il y avait des déchets par terre. Des gens partout assis, allongés, dans des brancards, dans de lits. Des gens qui étaient mal, qui souffraient, des gens qui appelaient à l'aide. Des gens m'ont raconté être là depuis la veille, depuis le matin..."

La jeune femme assiste à des scènes surréalistes : des patients qui s’occupent d'autres patients ou qui vont prévenir le personnel soignants que l'un d'entre eux va vraiment très mal. Les soignants sont complètement débordés. Ils ne s’arrêtent pas une minute.

Le temps passe, pendant six heures, Mona se retient d'aller aux toilettes, où l'odeur d'urine et d'excréments est trop forte.

Finalement, un étudiant en médecine l'examine à 6h30, "il prend vraiment le temps de s'occuper de moi". Mais il lui explique que la série d'examens qu'il lui prescrit doit être validée par sa chef, un médecin titulaire qui va passer la voir. "Elle n'est jamais venue", déplore Mona.

Entre 8 heures du matin et 16 heures, à nouveau, il ne se passe rien

À 8 heures du matin, un infirmier vient lui faire une prise de sang et l'envoie à la radio. Ensuite entre 8 heures du matin et 16 heures, à nouveau, il ne se passe rien. Malgré tout Mona s’estime chanceuse. "J'étais dans un box", dit-elle. "J'avais certes un matelas sale sur lequel je n'osais pas m'allonger, sans oreiller, ni drap, ni couverture, mais au moins, j'étais dans un box."

Dans la salle d'attente et dans les couloirs, la jeune femme a vu des gens lavés ou dénudés sous les yeux de tous, selon son témoignage. Il n'y a que deux médecins et une poignée d'infirmiers. "Le nombre de patients ne cesse d'augmenter au fil de la journée, à midi, il y a une centaine de personnes qui attendent.", dit-elle.

A 19 h, la jeune femme est emmenée au service d'hospitalisation de courte durée, "j'ai eu de la chance d'avoir une chambre où j'ai passé la nuit et la journée. Le lendemain, je suis partie."

Après cette expérience, Mona a choisi de témoigner en espérant ne pas faire de tort au personnel soignant, "les conditions de travail des soignants en France sont inadmissibles et inacceptables. Il n'y avait aucune intimité pour personne. Les soignants couraient de partout, ils faisaient du mieux qu'ils pouvaient et ils ne s'arrêtaient jamais. Finalement, la situation est acceptée par tout le monde." 

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