22 novembre 2018

Fin de la quasi-gratuité de l'université

Dans un rapport, encore confidentiel, les magistrats encouragent une hausse des frais d'inscription à l'université, en particulier en master.

“Il s’agirait d’une attaque inédite contre l’accès démocratique à l’université.” Lila le Bras, présidente du syndicat étudiant Unef, ne mâche pas ses mots, après la publication par le quotidien Le Monde d’un rapport de la Cour des comptes sur "les droits d’inscriptions dans l’enseignement supérieur public". Ce dernier recommande d’abolir la quasi-gratuité de l’enseignement supérieur en France. Le document, pas encore public, sera remis à la commission des finances de l’Assemblée nationale dans les prochains jours.

Commandé par le député LREM du Calvados Fabrice Le Vigoureux, le rapport propose “une hausse des droits dans les universités”, qui apparaît comme la seule solution "réaliste et acceptable" face à la situation financière de l’enseignement supérieur public.

+297% pour les masters

Les magistrats avancent néanmoins la piste d’une “hausse modulée des droits en fonction du cycle d’études”. En clair, la Cour des comptes ne souhaite pas toucher aux frais d’inscription des trois premières années d’études de licence, qui resteraient à 170 euros. En revanche, les droits d’inscriptions en master passeraient à 965 euros, soit une hausse de 297% et ceux en doctorat atteindraient 781 euros (contre 380 euros actuellement).

Le rapport préconise de laisser aux établissements supérieurs publics l’autonomie sur cette augmentation en fonction de leurs besoins spécifiques, qu’il s’agisse d’infrastructures ou de personnels, tout en respectant un seuil fixé par l’État, mais modulable en fonction de l’inflation. La Cour des comptes assure que l'effort financier des étudiants doit s’accompagner, du côté des universités, “d’une contrepartie effective en matière de service offert”.

“Ce n’est pas aux étudiants de piocher dans leurs poches, déjà vides”


Du côté des organisations syndicales étudiantes, la pilule est amère. Auditionnées il y a plusieurs mois par la Cour des comptes, elles n’ont visiblement pas su se faire entendre.

“On leur a tout de suite dit qu’on jugeait que ce n’était pas aux étudiants de piocher dans leurs poches, déjà vides, pour financer l’université”, regrette Lila Le Bras.

La présidente de l'Unef s’inquiète d’un rapport qui encourage “la sélection sociale et creuse les inégalités puisque les étudiants précaires vont s’arrêter en licence.” Elle fait également part de son scepticisme concernant l’autonomie des universités sur les frais d’inscription:

“Cela aggraverait la situation d’un enseignement supérieur public à deux vitesses. Mais qu’on étudie à Dunkerque ou à La Réunion, on est censé payer la même chose!”

Édouard Philippe s’est déjà mis à dos les organisations syndicales étudiantes, en annonçant une hausse des frais d’inscription pour les étudiants étrangers. Mais Lila le Bras prévient:

“Si le gouvernement décide de suivre les recommandations de la Cour des comptes, on ne se laissera pas faire.”

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