Le compteur s'affole à la pompe, et enflamme le débat public. En un an, le prix du litre de diesel acheté en station-service a augmenté de près de 23% pour s'établir en moyenne à 1,5225 euro vendredi 19 octobre. La hausse s'est établie à près de 15% sur la même période pour le litre d'essence sans-plomb 95, pour un coût moyen de 1,5555 euro. De quoi provoquer une vague de protestation sur internet, et la promesse d'une journée de mobilisation le 17 novembre prochain.
En prenant pour référence la voiture la plus vendue en France en 2017, la Renault Clio 4, dont le réservoir est d'environ 45 litres, le coût d'un plein s'établit à 68,50 euros pour le diesel, et à 70 euros pour l'essence. Mais en pratique, que payez-vous en faisant le plein ? Franceinfo a sorti la calculette.
1-Une vingtaine d'euros de pétrole brut
Se basant sur les données de l'Union française des industries pétrolières (Ufip), les experts de la fondation Connaissance de l'énergie ont établi que le coût du pétrole brut constituait en mai dernier en moyenne 26,8% du prix de l’essence SP95 à la pompe et 28,3% du prix du gazole à la pompe. Ce qui représente donc 19,40 euros sur les 68,50 euros d'un plein de diesel et 18,80 euros sur les 70 euros d'un plein d'essence.
Cette somme sert à payer le coût d'extraction du pétrole brut, la marge du producteur initial, mais également les impôts que celui-ci paie à l'Etat qui délivre son permis d'exploitation. Le prix du baril en bout de chaîne peut évoluer, essentiellement en raison de variations de l'offre par rapport à la demande, mais aussi en fonction du taux de change entre l'euro et le dollar. Le baril de Brent s'échange en effet en dollars à l'InterContinental Exchange de Londres.
2-Un peu plus de 3 euros pour le raffinage
Avant d'atterrir dans le réservoir de notre Clio 4, le pétrole brut doit être transformé en essence ou en diesel. Le coût de ce processus ne varie pas en fonction du prix du baril. Il peut en revanche augmenter en cas de hausse soudaine de la demande d'un certain type de carburant, explique la fondation Connaissance de l'énergie.
La marge que se réservent les industriels de la raffinerie est en revanche très volatile : afin d'obtenir des revenus relativement constants, ils doivent en effet sans cesse ajuster le prix de leur produit fini en fonction du coût du pétrole brut, qui est leur matière première. En septembre, cette marge s'établissait à 23 euros par baril, selon les chiffres du ministère de la Transition écologique.
Toujours selon l'Ufip, le coût final de ce raffinage pour le consommateur représente 4,6% du prix à la pompe de l'essence SP95 et 5,5% de celui du gazole, soit respectivement 3,20 et 3,76 euros.
3-Environ 5 euros de frais de transport et de distribution
Le carburant raffiné doit ensuite être transporté jusqu'à l'un des 203 dépôts de stockage présents en France métropolitaine, puis dans les cuves de votre station-service. Ces frais réprésentent environ 7,2% du prix à la pompe de l'essence SP95 et 7,6% de celui du gazole. Soit 5 euros pour un plein d'essence sur notre Clio 4, et 5,20 euros pour un plein de diesel.
Bonne nouvelle : ce prix est relativement bas par rapport à nos voisins européens. Avec 61,4% de part de marché en 2017 selon les chiffres de l'Ufip (document PDF), les grandes et moyennes surfaces se livrent en effet une concurrence féroce en matière de distribution, ce qui pousse les marges à la baisse. "La situation d’autres pays tels que l’Italie et les Pays-Bas est moins concurrentielle et les marges de transport-distribution y sont plus élevées. Cela explique, en partie, des prix à la pompe plus élevés", explique la fondation Connaissance des énergies.
4- Et plus de 40 euros de taxes
C'est, de loin, la part la plus importante de notre plein de carburant. Les différentes taxes comptaient en effet en mai dernier pour 61,4% du prix de sans-plomb 95, et pour 58,6% du prix du diesel. Soit 43 euros pour notre plein de sans-plomb 95, et 40,14 euros pour celui du diesel.
Composition du prix d'un plein de sans-plomb 95, selon les prix moyens pratiqués à la pompe le 19 octobre 2018. (FRANCEINFO / DATAWRAPPER)
La plus importante taxe que nous payons à la pompe s'appelle la Taxe intérieure sur la consommation de produits énergétiques (TICPE). A la différence d'une taxe comme la TVA, son montant ne se calcule pas à partir du prix initial d'un bien ou service, mais est fixé par litre. Sa part augmente donc mécaniquement lorsque le cours du pétrole baisse : le baril de carburant raffiné est moins cher, mais le montant de la taxe reste le même. Pour lisser la hausse des prix des carburants à la pompe pour le consommateur, le gouvernement Jospin avait adopté le système de la "TIPP [l'ancêtre de la TICPE] flottante" : quand les prix du pétrole augmentaient, la taxe baissait automatiquement, et inversement.
Composition du prix d'un plein de gazole, selon les prix moyens pratiqués à la pompe le 19 octobre 2018. (FRANCEINFO / DATAWRAPPER)
Autre particularité de la TICPE : son montant varie en fonction du type de carburant. Initialement, le gouvernement avait appliqué une taxe plus incitative pour le diesel que pour l'essence. Mais à partir de 2015, l'exécutif a choisi de faire progressivement converger ces deux fiscalités pour ne plus favoriser le gazole, accusé d'émettre davantage de particules dans l'atmosphère que l'essence. L'accentuation de cette politique figurait dans le programme du candidat Emmanuel Macron : en 2022, le diesel devrait ainsi être davantage taxé que l'essence, selon les chiffres publiés par le ministère de la Transition écologique.
La TICPE intègre en outre depuis 2014 la fameuse "taxe carbone", qui vise à inciter les ménages et les entreprises à opter pour des solutions plus écologiques. Cette taxe supplémentaire s'applique en fonction de la quantité de CO2 émise dans l'atmosphère par les différents carburants, et doit elle aussi augmenter progressivement jusqu'en 2022. Enfin, les différentes régions de France peuvent localement majorer légèrement (1,77 euro par hectolitre d'essence, et 1,15 euro par hectolitre de gazole) le montant de la TICPE pour s'assurer des financements.
Reste enfin la TVA de 20%, qui a la particularité pour les carburants de s'appliquer à la fois au prix hors taxe de notre plein, mais aussi au montant de la TICPE, rapporte l'Ufip.
Autre particularité de la TICPE : son montant varie en fonction du type de carburant. Initialement, le gouvernement avait appliqué une taxe plus incitative pour le diesel que pour l'essence. Mais à partir de 2015, l'exécutif a choisi de faire progressivement converger ces deux fiscalités pour ne plus favoriser le gazole, accusé d'émettre davantage de particules dans l'atmosphère que l'essence. L'accentuation de cette politique figurait dans le programme du candidat Emmanuel Macron : en 2022, le diesel devrait ainsi être davantage taxé que l'essence, selon les chiffres publiés par le ministère de la Transition écologique.
La TICPE intègre en outre depuis 2014 la fameuse "taxe carbone", qui vise à inciter les ménages et les entreprises à opter pour des solutions plus écologiques. Cette taxe supplémentaire s'applique en fonction de la quantité de CO2 émise dans l'atmosphère par les différents carburants, et doit elle aussi augmenter progressivement jusqu'en 2022. Enfin, les différentes régions de France peuvent localement majorer légèrement (1,77 euro par hectolitre d'essence, et 1,15 euro par hectolitre de gazole) le montant de la TICPE pour s'assurer des financements.
Reste enfin la TVA de 20%, qui a la particularité pour les carburants de s'appliquer à la fois au prix hors taxe de notre plein, mais aussi au montant de la TICPE, rapporte l'Ufip.
Vincent Matalon
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