10 juin 2018

Comment se sortir de ce bourbier ?


Le Nantais Ivan Rioufol, journaliste et chroniqueur pour Le Figaro, vient de publier un billet évoquant l’affaire Tommy Robinson, du pseudonyme de ce journaliste et dissident emprisonné au Royaume-Uni dans le silence le plus total de la presse mainstream.

Après l’avoir interrogé à propos de son ouvrage "La guerre civile qui vient", nous avons voulu savoir quel regard portait le journaliste sur cette affaire d’outre-Manche, mais aussi sur les dernières mesures gouvernementales ou sur la situation en Europe.

Breizh-info.com : Tout d’abord, vous avez écrit un billet sur Tommy Robinson (une affaire que nous avons été les seuls à évoquer en France au départ). Quel est votre sentiment ? Pourquoi la presse mainstream n’en parle pas ?

Ivan Rioufol : C’est le profil politique de Robinson et son combat contre l’islamisation de l’Angleterre qui expliquent l’omerta sur son arrestation. Or mettre en prison un journaliste parce qu’il exerce son rôle d’empêcheur de tourner en rond est un scandale dans une démocratie.

Peu importe que celui-ci soit de droite ou de gauche. Le scandale est pire encore quand se taisent ceux qui pourtant s’émeuvent, à bon droit, dès qu’un confrère russe ou turc est embastillé. Ils ne veulent pas s’arrêter sur cette autre face de l’Angleterre de l’Habeas corpus, qui peut mettre en tôle un journaliste cinq heures après son arrêtation. En fait, la presse juge illégitime le combat de Robinson, parce qu’il s’en prend à des minorités intouchables, du moins selon le catéchisme du politiquement correct. Mais la liberté d’expression est un tout. Elle ne peut pas être flexible. Seuls les régimes autocratiques ou totalitaires, et des sociétés fatiguées et pusillanimes se permettent ces dérives liberticides.

Breizh-info.com : On a l’impression aujourd’hui que, loin d’être un organe de contre-pouvoir, les médias sont devenus de simples communicants des hautes sphères, qui louent les actions d’une oligarchie et qui contrôlent tous ceux qui la remettent en cause. C’est ce que vous ressentez ?

Ivan Rioufol : Mon cas vous démontre le contraire. Je suis éditorialiste au Figaro et je ne cesse dans mes bloc-notes de dénoncer, très librement, la caste, l’oligarchie, le consensus mou, la copie conforme, etc. Il faut éviter les clichés, tout est toujours plus complexe. En même temps, je salue l’apparition des réseaux sociaux et des sites alternatifs, qui sont plus en prise directe avec les Français oubliés. Parce que ces nouveaux médias se sont affranchis de la pensée lisse, qui reste il est vrai une réalité, ils jouent un rôle complémentaire devenu indispensable.

Breizh-info.com : La ministre de la Culture, Françoise Nyssen, a déclaré la guerre aux mâles blancs et à la France réactionnaire, en annonçant une campagne de quasi-rééducation sur le service public. Avez-vous lu son discours ? Cela vous interpelle-t-il ?

Ivan Rioufol : Dans « Macron, la grande mascarade » (L’Artilleur) je dénonce la « macrocrature », c’est-à-dire une caste repliée prioritairement sur ses intérêts et ayant vis-à-vis de l’information une vision hygiéniste. C’est cette mentalité que traduit Françoise Nyssen, quand elle donne mission à l’audiovisuel public de rééduquer les Français qui seraient restés selon elle « hautement réactionnaires ». Si vous ajoutez à cela la proposition de loi pour traquer les « fake news » (fausses nouvelles) sur internet, les interdictions de certains comptes Facebook ou Twitter, et le rôle de gendarme de la pensée attribué au Conseil supérieur de l’audiovisuel (CSA), vous approchez du ministère de la Vérité (Miniver) imaginé par Orwell.

Breizh-info.com : Il semblerait que plus des pays, dans toute l’Europe, les peuples se réveillent sur les questions de l’immigration notamment, plus la France et ses dirigeants s’endorment. Comment expliquez-vous qu’un moteur de la construction européenne menace d’en devenir la remorque embarrassante ?

Ivan Rioufol : La révolution conservatrice est une vague qui est en passe de submerger l’Europe. La crise identitaire, que je décris depuis des lustres, s’affirme comme centrale dans les préoccupations des peuples. Or l’Union européenne s’est toujours refusée à suivre ces aspirations « populistes ». Le problème est qu’elle devient un obstacle aux demandes de protection des nations. Seule la France la soutient encore. L’échec de l’UE, telle qu’elle est actuellement conçue, est acquis. Ce sera aussi celui de Macron.

Breizh-info.com : La droite joue-t-elle selon vous pleinement son rôle d’opposant à Macron ? On a tout de même l’impression qu’empêtrés idéologiquement dans de vieux schémas et par peur de ne plus être politiquement correct, Marine Le Pen comme Laurent Wauquiez font profil bas à l’heure où il semblerait que la radicalité (dans le bon sens du terme) soit demandée par une partie de l’opinion ?

Ivan Rioufol : La politique est dans une phase de reconstruction, sur des bases qui dépassent le clivage droite-gauche. L’opposition se fait aujourd’hui entre mondialistes et souverainistes. Les appareils politiques restent encore sur de vieux schémas de pensée. Mais je pense que les droites sont condamnées à s’entendre et à s’unir. L’électorat les y poussera au besoin.

Breizh-info.com : Comment se sortir de ce bourbier pour demain ? Sommes-nous, comme certains l’écrivent, au bord d’une guerre civile en France, en Europe ?

Ivan Rioufol : Ce n’est pas moi qui vous démentirai. J’ai écrit en 2016 La guerre civile qui vient (Pierre-Guillaume de Roux). J’y décris la menace du totalitarisme islamiste et, surtout, notre propre endormissement. Le vrai danger, c’est nous.

Propos recueillis par Yann Vallerie

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