23 février 2017

Laissés pour compte


Au vu de ses déclarations publiques, Betsy DeVos semble spectaculairement sous-qualifiée pour diriger l’entreprise démocratique connue sous le nom de Ministère de l’éducation. Mais peut-elle véritablement faire pire que les Mandarins exaltés de la bureaucratie de l’enseignement qui l’ont précédée ?

Il y a aujourd’hui tant de choses qui ne vont plus avec l’enseignement public que ce dernier pourrait éventuellement devenir l’exemple vedette de l’effondrement institutionnel aux Etats-Unis. En termes de sommes dépensées par étudiant, il illustre parfaitement la dynamique classique d’effondrement par le surinvestissement sur la complexité aux rendements décroissants avancée par Joseph Tainter. Les jeunes adultes se perdent dans les couloirs des écoles supérieures, ou décrochent des diplômes qui font d’eux des illettrés fonctionnels malgré l’application généralisée et tant vantée de la « technologie » informatique. Ils peuvent utiliser Instagram, mais sont incapables de lire une demande de permis de conduire. L’obsession pour la diversité et la multiculture a privé les jeunes de l’armature d’une culture américaine commune dans laquelle modeler leur vie.

Cette culture commune, soit dit en passant, est exactement ce qui a permis à des vagues d’immigrants de venir s’installer et construire leur vie aux Etats-Unis entre le début du XIX siècle et la seconde guerre mondiale. Elle a aussi permis aux fils et aux filles des anciens esclaves de se lancer dans le monde du travail et de l’entreprise, malgré la ségrégation de Jim Crow. Aujourd’hui, sous le diktat du Ministère de l’éducation, et face à la propagande des corps enseignants politisés, les mécanismes qui ont rendu ces succès possibles sont essentiellement rendus illégaux ou abolis en le nom d’un consensus fonctionnel. Notons par exemple la nécessité de parler Anglais correctement.

Je l’ai déjà dit par le passé, et le répéterai encore malgré le mépris et la dérision de mes auditeurs : il devrait être la mission primaire des écoles d’enseigner aux enfants comment s’exprimer dans un Anglais intelligible et grammaticalement correct. Sans cette capacité, il se pourrait qu’ils ne puissent jamais apprendre quoi que ce soit d’autre. Le fait que la capacité à communiquer ne soit plus considérée comme importante est une ignominie, qui nous amène également au problème de l’appartenance raciale dans l’enseignement américain (qui s’inscrit intégralement dans la « discussion sur les questions raciales » que l’établissement ne cesse de réclamer sans vraiment désirer).

Les échecs de l’enseignement sont particulièrement frappants parmi les enfants des villes – un terme poli utilisé pour dire « Noirs ». Les troubles scolaires de ce groupe particulier peuvent être attribués à toute une série de problèmes, à commencer par un système de services sociaux qui verse de l’argent aux jeunes filles pour qu’elles aient des enfants privés de la présence d’un père, jusqu’au parentage inepte inévitable dans ces foyers chaotiques. Vous pourriez toutefois penser que les enfants nés dans ces conditions sont tant endommagés lorsqu’ils arrivent à l’école primaire qu’il leur est impossible de se reconstituer.

Sous le secrétaire de l’éducation du président Barack Obama, Arne Duncan, une politique dite d’ « équité raciale » a été établie pour mitiger le problème embarrassant des suspensions et des mesures disciplinaires disproportionnées prises à l’encontre des étudiants noirs qui se comportent mal en classe. La « solution » apportée à ce problème a simplement été de cesser d’imposer des normes de comportement. La politique employée a blâmé l’attitude perturbatrice des étudiants sur l’ « insensibilité culturelle » des enseignants et de leurs assistants, et plus particulièrement sur le « privilège blanc ». La conséquence n’en a naturellement été que plus de chaos et de dysfonctionnement dans les classes. Je vous conseille de lire l’article écrit par Katherine Kersten pour City Journal, qui revient sur les résultats de cette politique dans le district de St Paul, dans le Minnesota.

Arne Duncan a également été responsable de la mise en application dans les campus de la loi Title IX sur la discrimination sexuelle (à l’origine pour équilibrer le financement de sports masculins et féminins), qui a plus tard été utilisée dans des poursuites extrajudiciaires pour viol au sein de tribunaux bidons gérés par des idéologues sans aucun souci pour les procédures établies. Ce qui a fait se développer un climat à la Chambre étoilée de par le pays, qui va main-dans-la-main avec la coercition officielle des Maoïstes culturels qui s’affairent à détruire la vie intellectuelle dans les écoles supérieures des Etats-Unis.

L’enseignement américain, depuis la maternelle jusqu’aux hautes études, est entré en phase d’échec total sous la direction de générations d’ « experts » fédéraux. Il souffre de nombreuses pathologies autres que celles que j’ai mentionnées ici, notamment la surconcentration tragique des arrondissements scolaires et la formation de gigantesques écoles, et l’odieux racket des prêts qui anime l’éducation supérieure. Betsy DeVos aura beaucoup de fil à retordre.

Source

Idem en France...
 

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