12 octobre 2015

La tribu du rêve



Au fin fond d’une forêt de Malaisie vivait une tribu primitive, les Senoïs. Ceux-ci organisaient toute leur vie autour de leurs rêves. On les appelait d’ailleurs "le peuple du rêve".


Tous les matins au petit déjeuner, autour du feu, chacun ne parlait que de ses rêves de la nuit. Si un Senoï avait rêvé avoir nui à quelqu’un, il devait offrir un cadeau à la personne lésée. S’il avait rêvé avoir été frappé par un membre de l’assistance, l’agresseur devait s’excuser et lui donner un présent pour se faire pardonner.
Chez les Senoïs, le monde onirique était plus riche d’enseignements que la vie réelle. Si un enfant racontait avoir vu un tigre et s’être enfui, on l’obligeait à rêver de nouveau du félin la nuit suivante, à se battre avec lui et à le tuer. Les anciens lui expliquaient comment s’y prendre. Si l’enfant ne réussissait pas, ensuite, à venir à bout du tigre, toute la tribu le réprimandait.

Dans le système de valeurs senoï, si on rêvait de relations sexuelles, il fallait aller jusqu’à l’orgasme et remercier ensuite dans la réalité l’amante ou l’amant désiré par un cadeau. Face aux adversaires hostiles des cauchemars, il fallait vaincre puis réclamer un cadeau à l’ennemi afin de s’en faire un ami. Le rêve le plus convoité était celui de l’envol. Toute la communauté félicitait l’auteur d’un rêve plané. Pour un enfant, annoncer un premier essor était un baptême. On le couvrait de présents puis on lui expliquait comment voler en rêve jusqu’à des pays inconnus et en ramener des offrandes exotiques.

Les Sénoïs séduisirent les ethnologues occidentaux. Leur société ignorait la violence et les maladies mentales. C’était une société sans stress et sans ambition de conquête guerrière. Le travail s’y résumait au strict minimum nécessaire à la survie.
Les Senoïs disparurent dans les années 1970, quand la partie de la forêt où ils vivaient fut livrée au défrichement. Cependant, nous pouvons tous commencer à appliquer leur savoir.

Tout d’abord, consigner chaque matin le rêve de la veille, lui donner un titre, en préciser la date. Puis en parler avec son entourage, au petit déjeuner par exemple, à la manière des Senoïs. Aller plus loin encore en appliquant les règles de base de l’onironautique. Décider ainsi avant de s’endormir du choix de son rêve : faire pousser des montagnes, modifier la couleur du ciel, visiter des lieux exotiques, rencontrer les animaux de son choix.

Dans les rêves, chacun est omnipotent. Le premier test d’onironautique consiste à s’envoler. Étendre les bras, planer, piquer, remonter en vrille : tout est possible. L’onironautique demande un apprentissage progressif. Les heures de "vol" apportent de l’assurance et de l’expression. Les enfants n’ont besoin que de cinq semaines pour pouvoir diriger leurs rêves. Chez les adultes, plusieurs mois sont parfois nécessaires.

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