03 février 2015

Marine, réveillez-vous, le Front est devenu flou !


On a coutume de dire que c’est dans les grandes circonstances historiques, notamment les plus complexes et même souvent les plus dramatiques, celles qui nécessitent de répondre aux évènements par des mots forts, des choix clairs et des décisions rapides, que se révèlent les grands hommes (ou femmes) d’État. Et donc, à une époque, la nôtre, qui est celle de ce que l’on a fort peu judicieusement coutume d’appeler les démocraties représentatives (qui ne sont hélas bien évidemment ni démocratiques, ni représentatives, mais c’est un autre sujet), les grands politiques.

Il devient malheureusement légitime de se demander, au regard des évènements qui viennent de se passer suite aux attentats islamistes qui ont frappé la France, et en constatant la façon pour le moins confuse avec laquelle elle les a appréhendés, si Marine Le Pen est bien faite de ce bois rare et donc précieux dont on fait les grands personnages d’État…

C’est au pied du mur que l’on voit le maçon

Depuis qu’elle a pris la tête du Front National, le seul parti, et de très loin, susceptible de fédérer un jour avec un espoir de succès, c’est-à-dire de victoire politique, les suffrages d’un électorat « souverainiste » qui ne cesse de se développer sous les coups de boutoir de la mondialisation, de l’immigration de masse, de l’atomisation puis de la précarisation sociale, et peut-être surtout du long et continu travail de destruction de la spécificité et de l’identité française mis en œuvre par cette oligarchie UMPS qui nous a menés où nous en sommes aujourd’hui, Marine Le Pen a fait un remarquable travail.

Face à la force de frappe de la désinformation médiatique, face à l’ostracisme systématique, face à cette fameuse diabolisation initiée par les loges et constamment mise en place depuis maintenant plus de trente ans, Marine Le Pen a toujours su faire front, fièrement, spectaculairement, atomisant le plus souvent les adversaires politiques ou les petits agents médiatiques du système qui se dressaient sur sa route, révélant une force de conviction et de caractère peu commune, une capacité d’encaissement hors normes et un sens de la répartie assassin. Nul ne peut le nier, et qu’il partage ou non ses options politiques : ils sont bien peu nombreux parmi ses opposants à avoir seulement soutenu la comparaison, bien plus même, à ne pas être sortis du ring médiatique à l’issue de la confrontation, KO debout, leurs pauvres « arguments » éparpillés, comme simples confettis un jour de grand vent.

Oui, c’est incontestable, Marine Le Pen est bien ce qu’il est convenu d’appeler un « animal politique », comme il n’en existe pas d’autre à l’heure actuelle en France. C’est une qualité essentielle dans le monde, très largement aussi médiatique que politique, qui est aujourd’hui le nôtre … mais cela ne suffit pas. Comme il ne suffit pas d’avoir un vrai programme, des propositions fortes ou des priorités frappées au coin du bon sens. Comme il ne suffit pas non plus de diriger un parti qui, sur bien des sujets et parmi les plus préoccupants de notre époque, a presque toujours eu « raison avant tout le monde ». Il faut aussi avoir la patience et la vigilance, le sens du tragique, celui de l’évènement, pour ne pas rater sa chance de changer définitivement la donne, trop occupé qu’on est ailleurs à enfiler des perles, lorsque le train de l’histoire entre enfin en gare. Malheureusement, les évènements des derniers jours ne peuvent que nous amener à nous questionner sur la capacité de la patronne du Front, ou peut-être et surtout de son entourage le plus proche, à savoir saisir l’instant historique quand, après des décennies de déceptions et de frustrations, il se présente enfin devant nous.

Le grand gâchis de la Manif pour Tous

Une première et sérieuse alerte était en réalité déjà intervenue, lors de la longue et exceptionnelle séquence de la Manif pour Tous. Malgré l’affirmation immédiate et jamais démentie depuis par la patronne du FN, opposée à la Loi Taubira et à tout ce qu’elle induisait pour la suite (« homoparentalité », PMA et GPA), qu’elle ferait, en cas d’arrivée au pouvoir, rapidement abroger la loi instaurant le mariage homosexuel en France, Marine Le Pen décida de ne pas participer à ce qui allait pourtant bientôt devenir le plus spectaculaire et le plus long mouvement de contestation populaire et citoyenne de la cinquième République.

Une position initiale qui pouvait à la rigueur, et dans un premier temps se comprendre, voire se défendre, mais qui très vite, au fil de mobilisations qui, non contentes de ne pas s’essouffler se multipliaient en prenant sans cesse de l’ampleur, au vu aussi et peut-être surtout d’une répression policière scandaleuse et d’une manipulation médiatique digne des pires régimes autoritaires, aurait dû évoluer rapidement et radicalement vers un soutien réel et très clairement affiché aux manifestants. Quand un gouvernement prétendument démocratique gaze de paisibles citoyens, au seul prétexte qu’ils refusent une loi qu’on leur impose sans même daigner les écouter, quand on viole les droits élémentaires des français, quand on bouscule des enfants et des vieillards, qu’on multiplie les garde à vues illégales, qu’on arrête pour un T-shirt ou qu’on embastille pour une banderole, la place du premier responsable d’un parti qui affirme vouloir enfin rendre la parole au peuple est dans la rue, auprès de ses compatriotes. Et il est incompréhensible, sans doute même inexcusable de rester ainsi sur sa position première, sans tenir compte de l’évolution d’évènements qui relèvent – ni plus ni moins - du totalitarisme.

Il est évident que la présence de nombreux homosexuels dans l’entourage très proche de Marine Le Pen (c’est notamment le cas, c’est de notoriété publique, de Florian Philippot ou de Steeve Briois – qui d’ailleurs a, lui, bien participé aux manifestations) a pesé sur le positionnement de celle-ci dans cette affaire… mais si c’est une explication, ce n’est en aucune façon une bonne raison, ni encore moins une excuse : la peur de blesser un collaborateur ou un ami ne saurait interdire de prendre les décisions qui s’imposent dans l’intérêt de la Nation et des valeurs que l’on prétend défendre. Cette première grande erreur de Marine Le Pen, mal conseillée par son premier cercle, n’a du reste sans doute pas fini de peser lourd chez les manifestants de la LMPT, électeurs potentiels de Marine Le Pen en 2017, qui n’oublieront pas qu’ils ont été abandonnés en rase campagne lorsque la répression ordonnée par Manuel Valls s’est abattue sur eux. Une première et sérieuse alerte donc, mais qui n’était encore rien (hélas !) face à ce que nous venons de vivre en ce début d’année 2015…

« Pas d’amalgame » et « je suis Charlie » : l’incompréhensible Waterloo médiatique du Front National

Car le moins que l’on puisse dire, à l’issue de la séquence consécutive aux attentats islamiques de Charlie Hebdo et de l’HyperKasher de la porte de Vincennes, c’est que Marine Le Pen, Florian Philippot et nombre des principaux responsables du FN, ne nous ont vraiment pas donné beaucoup de motifs de satisfaction. C’est bien simple, en vérité : ils n’en ont presque pas raté une, depuis les reprises immédiates et catastrophiques du « padamalgam », du « pas de stigmatisation » et jusqu’à ces invraisemblables « je suis Charlie » affirmés par Marine Le Pen ou son vice-président devant les caméras de télévision et sous les exhortations journalistiques (je suis un journal qui veut faire interdire mon parti et qui nous représente moi et mes électeurs sous la forme d’un étron… vraiment, Marine ?), ou ces pleurnicheries pathétiques pour participer « comme les autres », c’est à dire avec l’UMPS pourtant en maintes occasions fort justement dénoncé, à la grande marche du dimanche 11 janvier à Paris, marche qui n’était (et c’était évident dès le départ) qu’une gigantesque opération de manipulation de l’opinion par ceux-là mêmes, français ou plus largement venus du monde entier, qui étaient en vérité les principaux responsables du drame qui venait d’avoir lieu en France.

Comment aurait-on pu seulement imaginer il y a un mois, qu’après les évènements que nous venons de vivre, c’est-à-dire les assassinats par des islamistes « français » issus de l’immigration, que la dirigeante du seul et unique parti qui dénonce depuis des décennies la folle politique d’immigration de la France, qui met en garde depuis plus de trente ans nos compatriotes contre ses inévitables conséquences, qui combat l’islamisation des quartiers, qui fustige l’aide financière et militaire totalement irresponsable et d’un cynisme abject des deux derniers Présidents français au djihadisme en Libye ou en Syrie, bref du parti qui avait tout vu puis tout dit avant tout le monde se retrouverait ainsi, telle Cassandre, vilipendée, marginalisée, sans réponse forte et définitive dans un premier temps au drame lui-même, puis dans un second au cirque médiatique obscène qui allait immédiatement lui succéder ?

Comment ne pas être sidéré de voir ainsi celle et ceux qui avaient été, hier et depuis toujours, lucides sur les renoncements, sur les causes, sur leurs présentes et futures conséquences de l’incurie de notre classe politique se planter ainsi dans les très grandes largeurs, comme des cigales qui auraient chanté tout l’été mais n’auraient pas vu venir la bise, au point d’être subitement, inexplicablement, et en vérité dramatiquement dépourvus d’arguments, jusqu’à sombrer comme tous les autres dans une langue de bois compassionnelle aussi facile que dérisoire, les rendant du coup presque totalement inaudibles ? Comment ne pas être effondré de voir, pour toutes ces raisons, une Marine Le Pen, après ce que nous venons de vivre – et qui valide toutes les analyses, prévisions et craintes de son parti – stagner misérablement dans les sondages d’opinions quand Manuel Valls, Bernard Cazeneuve ou le cuistre irresponsable qui réside à l’Elysée y prennent d’un seul coup d’un seul vingt points d’opinions favorables ? Comment ne pas en tirer la conclusion, alors qu’en toute logique l’effet dans l’opinion aurait dû être rigoureusement inverse, que la communication et les prises de positions du FN ont été totalement inadaptées, pour ne pas dire carrément désastreuses ?

Halte au flou !

Oui en vérité, personne, et même parmi ses adversaires politiques, ne s’attendait, ne pouvait s’imaginer ainsi la voir, l’entendre dérouler, sur ce drame et à très peu de choses près, exactement la même antienne que François Hollande ou Nicolas Sarkozy : « pas d’amalgame… pas de stigmatisation..Je suis Charlie… l’islamisme n’est pas l’islam… ». Et bien si justement. L’islamisme n’est pas TOUT l’islam, mais il est AUSSI l’islam. Les gens qui s’en réclament sont foncièrement musulmans, et personne ne peut leur retirer leur foi, réelle, ni leurs actes, qui s’appuient sur le Coran lui-même, rappelons-le pour ceux qui pratiquent l’islam, parole incréée de Dieu. Biaiser avec cette réalité dérangeante en ce qu’elle implique de décisions et de prises de position difficiles, au prétexte de ne pas heurter telle ou telle fraction de l’électorat, n’est pas une preuve de responsabilité politique, mais de pusillanimité électoraliste. Le taire pour ne pas se mettre – un peu plus – à dos les médias et le politiquement correct, n’est pas un rusé calcul politique, mais une médiocre compromission politicienne.

Ce n’est digne ni du Front National, ni de celle qui l’avait jusqu’à aujourd’hui, et si l’on excepte l’occasion manquée de la Manif pour Tous, si fièrement, si remarquablement incarné. Comme il n’est pas digne d’elle de se raidir ainsi, jusqu’à se braquer obstinément quand le ralliement surréaliste de Sébastien Chenu, transfuge de l’UMP version lobby gay, heurte ou questionne de façon on ne peut plus compréhensible nombre de militants du FN (une glorieuse prise de guerre, Chenu ? Combien de divisions ?), au point de montrer la porte lors d’une réunion houleuse à un Bruno Gollnisch qui, malgré certains désaccords connus avec la patronne de son parti, a toujours été vis à vis de celle-ci d’une fidélité à toute épreuve. Ou qu’il est en vérité assez lamentable de lâcher aux chiens en place médiatique un Aymeric Chauprade qui n’a commis comme seul crime que de parler en son nom propre (et en réalité fort justement cette fois), mais sans avoir demandé la permission à sa hiérarchie : le Front National est-il un rassemblement démocratique ou un parti godillot plus monolithique encore que le PS ou l’UMP, où la pensée unique, celle du chef (ou de son plus fidèle lieutenant) doit régner en maitre ?

Alors oui, Marine Le Pen : ce qui est fait est fait, et ce qui est raté l’est, définitivement… on ne refait pas l’histoire. Mais on peut toujours dire un peu plus tard ce qui n’a pas été dit au moment le plus opportun, ou exprimer beaucoup plus clairement ce qui a été fort maladroitement dit. Et l’ on n’a pas le droit, quand on prétend à un jour incarner le réveil de la France, de rater par deux fois les occasions rares et précieuses, même et surtout si elles sont graves, que le destin dépose devant nous pour ouvrir définitivement les yeux de nos compatriotes. Reprenez-vous, ouvrez vous, écoutez les avis d’autres conseillers que ceux qui, ces derniers jours, vous ont aussi largement amenée dans le mur : le temps presse, la France ne peut se permettre de perdre encore du temps, car au train où vont les choses, il sera bientôt tout simplement trop tard. La force de caractère, lorsqu’elle devient obstination et rigidité d’esprit, n’est plus une vertu. Tout le monde peut se tromper une fois, même lourdement. Mais il faut savoir le reconnaitre, et en tirer très rapidement les conséquences. Vos capacités sont grandes, votre tâche est noble, la mission exaltante, et la responsabilité immense. Rien n’est perdu, mais réveillez-vous, car le Front est en train de devenir flou !

Marc LEROY – La Plume à Gratter
Source

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire

Remarque : Seul un membre de ce blog est autorisé à enregistrer un commentaire.