Le gouvernement japonais prend actuellement une mesure incroyable d’expansion de son programme de QE, dans une tentative désespérée de dévaluer sa devise et de faire à nouveau gonfler les bulles sur les actifs tout autour du monde. En d’autres termes, le Japon entreprend sa propre version d’un dernier combat.
Dans une dernière tentative de stimuler la croissance économique et l’inflation, le Japon a annoncé l’expansion de son programme de QE à 700 milliards de dollars par an. En plus de ça, le fonds de pension d’état japonais prévoit de se débarrasser d’importantes quantités d’obligations souveraines japonaises et de doubler ses investissements sur les actions domestiques et internationales. Tout cela n’est rien de plus qu’une tentative désespérée d’alimenter l’inflation, qui selon le Japon est responsable de la croissance économique. Mais ces politiques absurdes ont de nouveau forcé le Japon à entrer une phase de récession, après que son PIB a chuté de 1,6% au troisième trimestre avec avoir perdu 7,1% au second trimestre de cette année.
Il ne fait aucun doute que le Japon parviendra avec brio à détruire sa devise nationale et son économie, et à faire s’effondrer les marchés qu’il tente de manipuler tout autour du monde. Afin de comprendre ce raisonnement erroné, il nous faut observer comment le Japon a pu en arriver là.
Après la fin de la seconde guerre mondiale, le Japon a traversé une période de trente ans aujourd’hui connue sous le nom de « miracle économique ». Ce miracle est apparu grâce au développement d’une économie d’exportation d’après-guerre et à la mise en place de politiques fiscales prudentes, qui avaient pour objectif d’encourager les ménages à épargner. Le niveau de vie des citoyens japonais était alors l’un des plus élevés du monde, et le pays a abordé les années 1980 sur une vague robuste de croissance économique. En revanche, si nous avons pu apprendre une chose après toutes ces années, c’est le besoin insatiable des gouvernements à intervenir sur le marché libre, même lorsqu’ils n’ont pas besoin de le faire. En conséquence, les Accords du Plaza de 1985 avaient pour objectif d’affaiblir le dollar et le mark allemand contre le yen. La Banque du Japon, dans une tentative de compenser la hausse du yen, a fortement réduit ses taux d’intérêt. Les politiques laxistes de la Banque du Japon depuis le milieu jusqu’à la fin des années 1980 ont engendré une spéculation agressive sur les actions domestiques et le marché immobilier, et porté le prix de ces actifs jusqu’à des niveaux encore jamais vus. Entre 1985 et 1989, l’indice du Nikkei a triplé pour passer à 39.000, et représentait alors plus d’un tiers de la capitalisation boursière mondiale.
Avant la fin des années 1980, le miracle économique du Japon s’était transformé en une économie de bulles, au sein de laquelle les prix des actions et des biens immobiliers ont atteints des niveaux stratosphériques, portés par une mania spéculative. Le marché japonais du Nikkei a atteint un record historique en 1989, avant de s’effondrer, ce qui a entraîné une sévère crise financière et une longue période de stagnation économique dans laquelle le Japon se trouve encore empêtré aujourd’hui. C’est ce que nous appelons aujourd’hui les « décennies perdues » du Japon.
Peu de temps après que la bulle a éclaté, le Japon s’est lancé dans une série de programmes de stimulus qui ont représenté un total de plus de 100 trillions de yens – et fait d’une économie autrefois construite sur l’épargne une économie attachée à son ratio de la dette sur le PIB, qui s’élève aujourd’hui à 240% - le plus élevé du monde industrialisé. Pour aggraver encore plus la situation, la Banque du Japon a plus récemment lancé une campagne de combat contre la déflation, malgré le fait que la masse monétaire ait continué de gonfler des décennies durant. A la fin de l’année 2012, nous avons été introduits à l’Abénomie, le projet de Shinzo Abe de mise sous stéroïdes des dépenses gouvernementales et de l’impression monétaire par la banque centrale. Son objectif premier est d’écraser les revenus réels des ménages (qui ont perdu 6%), et est responsable de la réduction du PIB de 7,1% enregistrée au deuxième trimestre.
A en croire les rumeurs quant au délai de sa taxe sur les ventes, le Japon ne prend aucune mesure pour tenter de réduire son niveau de dette. Il faut donc en déduire que cette importante expansion de son programme de QE est une tentative de réduire la dette au travers de la dévaluation, et de stimuler la croissance en générant des bulles sur les actifs plus importantes encore que celles qui ont autrefois été responsables des décennies perdues du Japon. Voilà qui ne mènera pas le pays vers un nouveau miracle économique, où l’économie se nourrit de l’épargne, de l’investissement et de la production.
La triste réalité, c’est que le Japon surpasse rapidement l’économie de bulles qui est apparue à la fin des années 1980. Ses marchés des actions et obligations sont aujourd’hui plus que jamais déconnectés de la réalité. La nation fait désormais face à un effondrement total du yen et des actifs libellés en cette devise.
Il s’agit clairement du dernier combat du Japon. Il n’existe pas de réelle stratégie de sortie si ce n’est le défaut. Mais un effondrement économique et un défaut souverain de la part de l’une des plus grosses économies du monde auraient de très importantes ramifications à l’échelle de la planète. Le Japon devrait être la première nation à faire face à un tel effondrement. Malheureusement, la Chine, l’Europe et les Etats-Unis feront aussi bientôt face aux conséquences de l’insolvabilité des nations et de l’intervention gouvernementale sur les marchés libres.
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