Veille des élections européennes, opération sous faux drapeau ?

Une fusillade a éclaté ce samedi au Musée Juif à Bruxelles (quartier du Sablon) à 15h50. Trois personnes sont mortes et une autre est dans un état critique à l'hôpital Saint-Pierre. L'un des suspects, qu'on croyait être celui qui conduisait le véhicule, a été arrêté et auditionné mais est passé sous le statut de témoin, précise le parquet samedi à 22h. L'auteur des tirs est donc toujours en cavale, tout comme son présumé complice. Le cabinet Milquet indique également que le niveau de sécurité maximal a été décrété sur tous les lieux liés aux intérêts juifs en Belgique.

Une personne a été identifiée et interceptée à la suite de la fusillade qui a été perpétrée samedi après-midi au Musée Juif de Belgique, a indiqué le parquet de Bruxelles samedi lors d'un premier point presse avant de préciser, plus tard dans la soirée, que le "suspect" passait sous le statut de "témoin". Une autre personne, que l'on définit comme étant le tireur, aurait pris la fuite à pied et est actuellement recherchée par toutes les forces de police. Le conducteur du véhicule avec lequel le tireur est arrivé est également toujours libre et recherché.

Flou

Celui qui était encore qualifié de suspect avait été intercepté dans l'après-midi et avait avoué être présent sur les lieux au moment des faits. On pensait qu'il s'agissait du conducteur de la voiture qui avait pris la fuite après la fusillade mais le parquet semble avoir revu sa copie entre temps, affirmant d'abord que le lien entre l'individu et les faits n'était pas clair puis qu'il ne s'agirait finalement que d'un témoin. Il ne donnera cependant pas plus d'informations avant dimanche en fin de matinée.

La personne grièvement blessée se trouve toujours à l'hôpital Saint-Pierre, où elle est opérée. Ses jours sont en danger. Les trois autres victimes ont déjà pu être identifiées, a encore précisé le parquet, qui a requis un juge d'instruction pour assassinat et estime "manquer d'éléments" pour officiellement qualifier l'acte d'antisémite. Par ailleurs, la juge d'instruction mandatée est une magistrate spécialisée dans les actes terroristes, a précisé Annemie Turtelboom.

Deux tués dans le musée, deux victimes dans l'entrée
La ministre de l'Intérieur, Joëlle Milquet, affirme pourtant que "tout porte à croire" que l'acte est antisémite. Une voiture s'est arrêtée en double file devant le musée. Un tireur équipé de sac(s) à dos, accompagné d'un autre homme qui l'attendait dans le véhicule, est entré dans le musée et a tiré avant de fuir à bord du même véhicule immédiatement après son crime. Les témoins se souviennent d'avoir entendu "une salve de tirs". Deux femmes et un homme sont morts sur place, deux sur le coup et le troisième peu après. Une quatrième victime est en ce moment aux soins intensifs mais son état est particulièrement critique. Les victimes abattues et blessée ont été touchées au visage et sur le haut du corps par une rafale de balles.

La seconde piste privilégiée

Deux des victimes auraient été abattues au sein du musée, deux autres dans l'entrée, comme en témoignent des passants et des clichés que la rédaction a choisi de ne pas diffuser. D'autres témoins ont eu le temps de relever la plaque d'immatriculation des auteurs. Joëlle Milquet a déclaré en début de soirée qu'une poursuite était actuellement en cours. Le bourgmestre de Bruxelles Yvan Mayeur affirmait un peu plus tôt que la police judiciaire, qui a pris le relais de la police locale, était déjà sur une piste sérieuse. On sait désormais, d'après le parquet, que le conducteur d'un véhicule a été intercepté mais qu'il n'est a priori pas lié aux faits et que le tireur armé, qui semble avoir fui à pied, court toujours. Le parquet explore donc désormais cette seconde piste et exploite les images de vidéosurveillance pour identifier et retrouver l'homme.

Des touristes parmi les victimes?

L'identité de trois des victimes est connue, mais pas communiquée par le parquet, qui privilégie la communication avec les familles. On dénombre cependant beaucoup de touristes sur place, et une des femmes décédées avait encore dans les mains le dépliant de la visite du musée. Il est également probable que des employés du musée aient été touchés. Le Musée Juif n'était pas surveillé et n'avait vraisemblablement reçu aucune menace avant l'attaque. Il est néanmoins entouré de caméras de surveillance précieuses à l'enquête.

Alerte maximale

Les Affaires intérieures l'ont annoncé ce soir: le niveau d'alerte pour terrorisme a été relevé à son maximum (soit 4) pour toute la communauté juive dans l'ensemble du pays après que l'OCAM s'est rendu sur les lieux pour analyser la nature des événements et la menace potentielle.

Pas de mesures pour les élections

Cela signifie, en d'autres termes, que les élections pourront se tenir "sans risque" dans tous les bureaux du pays demain, mais que les lieux liés au culte juif seront surveillés et gardés par la police, soit les synagogues et lieux de mémoire. "Cela vaut pour tout le pays et pas uniquement Bruxelles", a précisé Joëlle Milquet.

Effroi belge et mondial

Didier Reynders, qui était parmi les premiers sur place car il se trouvait dans le quartier, s'est immédiatement dit "choqué" par les faits. Des témoins l'ont vu ressortir "livide" des lieux du drame. Le Premier ministre Elio Di Rupo partage son effroi, tout comme tous les présidents de partis, les instances juives et les chefs d'États étrangers dans des communiqués ou sur Twitter. Monsieur Di Rupo a également pris la parole au nom du gouvernement ce soir lors du point presse du ministère public. "Le gouvernement est profondément choqué", a-t-il déclaré. "On a mobilisé tout ce qui était mobilisable", a-t-il rassuré. Sur place en fin de journée, on pouvait voir nombre de candidats aux élections de dimanche.

"Prévisible"

La réaction de Joël Rubinfeld, président de la Ligue belge contre l'antisémitisme (LBCA), ne s'est pas fait attendre. Il a estimé que "ce qui s'est passé était prévisible".

"Cela devait hélas arriver. Nous assistons ces dernières années à une libération de la parole antisémite. Elle reprend du poil de la bête, notamment à travers les discours de l'humoriste Dieudonné ou du député Laurent Louis", estime M. Rubinfeld. "La fusillade de ce samedi est le résultat inévitable d'un climat qui distille la haine."

"Le plus important aujourd'hui est d'arrêter les responsables de la fusillade, qui, pour moi, n'est autre qu'un acte terroriste, et de les traduire en justice. Mais demain, il faudra également user de tous les moyens légaux pour faire taire les prêcheurs de haine qui ont une responsabilité dans la propagation du virus antisémite", ajoute-t-il. "Il s'agit d'un combat qui ne concerne pas que la communauté juive mais l'ensemble du pays et ses valeurs fondamentales", a-t-il conclu.

Les collections du Musée Juif de Belgique reflètent la vie et l'histoire des populations juives des Pays-Bas et de Belgique depuis le XVIIIe siècle. Il est situé dans l'un des quartiers les plus touristiques de la capitale.

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