22 juillet 2013

Tous les migrants qui arriveront désormais sur le territoire australien seront envoyés dans des camps

Cela aurait pu être un bateau comme les autres, un de ces "boat people" dont les médias font quasi quotidiennement le récit de l'arrivée, souvent dramatique, sur les côtes australiennes. A son bord, 74 migrants, demandeurs d'asile venus du Sri Lanka, d'Iran ou encore d'Afghanistan. Mais celui-là est arrivé samedi 20 juillet, au lendemain de l'annonce par le nouveau premier ministre, Kevin Rudd, d'un changement majeur dans la politique d'immigration australienne.

A moins de deux mois des élections, les travaillistes se devaient de frapper un grand coup pour espérer inverser la courbe des sondages qui les donnent perdants. Après des concessions sur la très polémique taxe carbone, c'est finalement en matière d'immigration que Kevin Rudd aura choisi de montrer son autorité.

Tous les migrants qui arriveront désormais sur le territoire australien - à commencer par ces 74 demandeurs d'asile - seront envoyés dans des centres de rétention en Papouasie Nouvelle Guinée, d'où ils seront pour la plupart renvoyés dans leur pays. En vertu de cet accord avec le gouvernement de l'île voisine, qui s'appliquera au moins pour un an, Canberra s'engage en contrepartie à financer la mise aux normes des centres de la Papouasie, dont le principal situé sur Manus Island, et de prendre en charge les coûts liés au déplacement des migrants. Le pays apportera en outre une aide financière à la Papouasie, notamment pour rénover ses hôpitaux et ses universités.

Un accord "qui aura un coût", a confirmé Kevin Rudd, mais qui "enverra un message clair et net à tous les passeurs clandestins qui profitent de ces migrants". Le but est clairement affiché par le gouvernement : faire comprendre aux clandestins qu'ils n'ont "aucune chance de s'installer en Australie".

Ce nouveau tour de vis migratoire a eu l'effet d'un séisme, dans une société australienne qui a toujours reposée sur une politique d'immigration relativement souple. Amnesty International a immédiatement dénoncé "le jour où l'Australie a décidé de tourner le dos aux plus vulnérables de la planète". Des avocats spécialisés dans le traitement des dossiers de clandestins ont dénoncé un accord qui "va à l'encontre des obligations de base de l'Australie pour aider les réfugiés", alors que le centre de Manus Island est réputé pour ses conditions inhumaines et la Papouasie pour ses "abus quotidiens en matière de droits de l'homme".

La décision des travaillistes a également provoqué un bouleversement majeur dans le fragile échiquier politique de l'Australie. Les Verts, jusqu'à présent alliés des travaillistes, ont vivement dénoncé la nouvelle législation, la chef de file des écologistes, Christine Milne, déplorant "un jour de honte pour l'Australie". Selon elle, il est "consternant" que l'Australie "paie son plus pauvre voisin pour pouvoir larguer ces gens sans leur laisser une seule chance de trouver une sécurité, un travail ou tout simplement une vie décente". Kevin Rudd "a pris un virage tellement à droite qu'il bat désormais les libéraux en terme d'inhumanité".

Couper l'herbe sous le pied de l'opposition, c'était bien le but du nouveau gouvernement, poussé dans ses retranchements pour retrouver sa popularité d'antan. Preuve de l'efficacité de la stratégie, le leader des libéraux, Tony Abbott, n'a pu que "saluer" l'accord, se félicitant d'un "développement prometteur de la politique migratoire". Il a cependant appelé les Australiens à ne pas faire confiance aux travaillistes sur leur capacité à arrêter l'arrivée des clandestins.

Le ministre de la justice, Mark Dreyfus, a d'ailleurs fait part de ses craintes que cette nouvelle législation ne puisse être appliquée en vertu des lois internationales. La convention des Nations Unies, dont l'Australie et la Papouasie Nouvelle Guinée sont tous deux signataires, pourrait en effet rendre impossible un tel accord entre les deux pays.

En réaction à ces annonces, des émeutes ont éclaté dans le centre de rétention australien de l'île de Nauru, et près de la moitié des 500 demandeurs d'asile du centre ont réussi à s'échapper alors que plusieurs bâtiments ont été incendiés.

Depuis le début de l'année, 218 bateaux sont arrivés sur les côtes australiennes, transportant 15 610 migrant, dont 9 941 sont détenus dans les centres de rétention du pays. Selon les gardes-côtes australiens, 806 demandeurs d'asile se sont noyés cette année alors qu'ils tentaient la traversée.

Source
Vu ici

11 commentaires:

  1. Au lieu de prendre le problème à la racine...pourquoi ces gens quittent-ils leur pays et ceux qu'ils aiment???Personne ne se déporte pour le fun,rappelez vous la chanson de Michel Berger sur les immigrés "qui ont les yeux tristes"!Mais il est vrai que nous devons aller au fond du gouffre avant de rebondir:nous sommes donc sur la bonne voie;générer de la souffrance...la loba

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. Un rêve...l'Eldorado, l'herbe est toujours plus verte ailleurs...

      Supprimer
  2. Quand la nouvelle va se répandre dans toute l’Afrique, alors quel sera notre avenir ?
    http://translate.google.fr/translate?sl=auto&tl=fr&js=n&prev=_t&hl=fr&ie=UTF-8&u=http%3A%2F%2Fwww.repubblica.it%2Fcronaca%2F2013%2F07%2F21%2Fnews%2Flampedusa_vincono_gli_eritrei_no_alle_impronte_digitali-63432090%2F%3Fref%3DHREC1-12

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. ils sont déjà au courant, ils ont un cerveau tout comme toi

      Supprimer
    2. C'est à dire ?

      Supprimer
  3. Paul,là je pense que tu simplifies un peu les choses..sourire la loba

    RépondreSupprimer
  4. "L'herbe est toujours plus verte ailleurs" peut faire rever certains mais ne justifie très pas la prise de risque insensée que prennent ces migrants en quittant leur vie;c'est la grande pauvreté orchestrée par certains qui génère de telles souffrances pour que l'on se décide à jouer à quitte ou double;c'est mon avis la loba

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. Justement " la grande pauvreté orchestrée par certains " C'est de ces "certains" là dont il faut s'occuper !!! faut pas ce barrer chez le voisin qui , a les mêmes à foutre en l'air !!! car ils contribuent à saboté l'action du dit voisin à luter contre ces " certains " ( c m u , chôme due , heures à trois balles etc ) Qui bientôt vont nous causer de grandes sous France .

      l'ours

      Supprimer
  5. C'est évidemment un malheur de voir ces gens au gré des flots.

    Notre situation , ne nous permet pas de supporter toute la misère du monde.
    D'autant que cette misère s'accompagne de revendications religieuses et culturelles incompatibles avec nos modes de vie. De cela les Australiens en sont conscients; ils voient avec effarement les nouvelles de France et d'Europe.

    Rappel :
    http://www.youtube.com/watch?v=WX8MSLCgFb0

    http://www.youtube.com/watch?v=TWaDh-QhXbY

    Edouard



    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. Ayayayaille la Loba , tu as vue le rappel d'Edouard ??? Et qu'en pense tu ???

      l'ours

      Supprimer

Remarque : Seul un membre de ce blog est autorisé à enregistrer un commentaire.