30 mai 2024

Dans l’Orne, la première route solaire mondiale est en cours de destruction

La route solaire à Tourouvre vit ses derniers jours. ©Mathieu PINET

Les tractopelles sont à l’ouvrage à Tourouvre (Orne) : la route solaire est en cours de destruction. Le chantier a débuté, lundi 27 mai 2024 et doit durer jusqu’au 7 juin.

Elle avait été inaugurée sous les projecteurs, dans la lumière, en présence de Ségolène Royal, ministre de l’Environnement, de l’Énergie et de la Mer, un jour de décembre 2016. C’est dans la plus grande indifférence que la route solaire de Tourouvre (Orne), composée de panneaux photovoltaïques, tire aujourd’hui sa révérence. Les tractopelles sont à l’ouvrage depuis lundi 27 mai 2024.

Première étape : la dépose des coffrets électriques. Puis la destruction du muret qui longe la route sur un kilomètre. L’enlèvement des panneaux solaires au sol viendra ensuite.

Fin du chantier annoncé pour le 7 juin 2024.

 
La route est fermée à la circulation. ©Nathalie LEGENDRE

Fin de la route solaire annoncée en février

L’annonce de cette destruction avait été faite lors du conseil municipal du 15 février dernier. La fin de l’expérimentation installée sur la D5 à la sortie du village était actée, dans la douleur, la résignation et un peu d’amertume.

Cette innovation pour la production d’énergie s’est finalement avérée être un échec. Au départ, la route s’étirait sur un kilomètre, pour aujourd’hui ne faire plus que quelques centaines de mètres. La production d’électricité ne fut jamais au niveau des espoirs suscités : en 2022 par exemple, les chiffres indiquaient que la route pouvait fournir en électricité seulement trois logements. L’idée d’alimenter l’éclairage public du village a de son côté vite été abandonnée. 

 Le panneau indiquant le début de la route et la production électrique est désormais à terre. ©Nathalie LEGENDRE

Un laboratoire à ciel ouvert

Ce projet développé par le constructeur Colas et sa filiale Wattway devait permettre d’imaginer un futur « vert ». Un laboratoire à ciel ouvert pour tester une nouvelle technologie. Le test a pris fin. Dès les premières semaines d’exploitations, de nombreux problèmes sont apparus : affaissement, encrassement, nuisances sonores… Des soucis techniques qui ont entraîné des fermetures fréquentes de la route.

La destruction du muret a débuté. Avec elle, celle de la fresque. ©Nathalie LEGENDRE

Une route à 5 millions d’euros

Avec les gravats s’envolent les 5 millions d’euros initialement investis. Cher prototype… Mais comme toute expérience, l’échec était possible, comme le rappelaient les élus locaux en février dernier.

Une autre dépense s’envole : la fresque dessinée en 2019 par le collectif de graffeurs nantais 100 Pression sur le muret. Cette œuvre de street-art représentait un cheval qui court. Coût de l’opération : 48 000 €, une somme financée à 90 % par le groupe Colas et le Département de l’Orne. La Communauté de communes devait régler une facture de 4.000 €, mais ce montant n’aurait finalement jamais été réclamé à la CdC. Le cheval, lui, a fini de courir. Il n’y aura bientôt plus de trace de son passage ni de celle de la route qui, en 2016, faisait la fierté de tous. « Ce n’est qu’un début », promettait Ségolène Royal lors de l’inauguration. C’est aujourd’hui la fin.

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