Macron, le président français, a récemment proposé d’engager de troupes étrangères en Ukraine. L’idée a été immédiatement rejetée par tous les pays qui seraient en mesure d’envoyer un nombre raisonnable de soldats.
La question est de savoir pourquoi Macron a soudainement lancé cette idée.
Une série de rapports récents émanant de l’establishment français de la défense pourrait être à l’origine de son irritation.
Le magazine français Marianne a eu accès à “plusieurs rapports confidentiels défense” de l’armée française sur la situation en Ukraine.
Guerre en Ukraine : de la prudence à l’affolement… Ce que cache le virage de Macron (archivé) – Marianne, 7 mars 2024
Arnaud Bertrand en a traduit de larges extraits :
La situation semble extrêmement sombre pour l’Ukraine, ce qui pourrait en partie expliquer les récentes déclarations de Macron sur l’envoi de troupes en Ukraine. J’ai traduit les parties importantes de l’article :
“Une victoire militaire ukrainienne semble désormais impossible”
Les rapports consultés par Marianne écrivent que la contre-offensive ukrainienne “s’est progressivement enlisée dans la boue et le sang et n’a abouti à aucun gain stratégique” et que sa planification, conçue par Kiev et les états-majors occidentaux, s’est révélée “désastreuse” : “Les planificateurs pensaient qu’une fois les premières lignes de défense russes franchies, tout le front s’effondrerait […] Ces phases préliminaires fondamentales ont été menées sans tenir compte des forces morales de l’ennemi en défense, c’est-à-dire de la volonté du soldat russe de s’accrocher au terrain“.
Les rapports soulignent également “l’insuffisance de la formation des soldats et des officiers ukrainiens” : en raison du manque d’officiers et d’un nombre important de vétérans, ces “soldats de l’an II” ukrainiens – souvent formés pendant “trois semaines au maximum” – ont été lancés à l’assaut d’une ligne de fortification russe qui s’est avérée imprenable.
Des gens qui n’avaient jamais entendu parler de la bataille de Koursk se sont convaincus que les soldats russes en position défensive s’enfuiraient dès qu’ils entendraient le grondement d’un char dans leur direction. Bien entendu, ce n’est pas ce qui s’est passé.
Ces troupes russes sont bien encadrées et soignées :
Les rapports soulignent également que, contrairement à l’Ukraine, “les Russes ont bien géré leurs troupes de réserve, afin d’assurer leur endurance opérationnelle“. Selon ce document, Moscou renforce ses unités avant qu’elles ne soient complètement usées, mélange les recrues avec des troupes expérimentées, assure des périodes de repos régulières à l’arrière… et “a toujours disposé d’une force de réserve cohérente pour gérer les événements imprévus“. On est loin de l’idée répandue en Occident d’une armée russe envoyant ses troupes à l’abattoir sans compter…
De l’autre côté, les Ukrainiens sont à bout :
“A ce jour, l’état-major ukrainien ne dispose pas d’une masse critique de forces terrestres capables de manœuvres inter-armes au niveau du corps d’armée capable de défier leurs homologues russes pour percer sa ligne de défense“, conclut ce rapport confidentiel de défense, selon lequel “la plus grave erreur d’analyse et de jugement serait de continuer à chercher des solutions exclusivement militaires pour arrêter les hostilités“. Un officier français résume : “Il est clair, compte tenu des forces en présence, que l’Ukraine ne peut pas gagner cette guerre militairement“.
La chute d’Avdeevka a montré que les militaires ukrainiens, même sur la défensive, perdront inévitablement le combat :
“Les forces armées ukrainiennes ont montré tactiquement qu’elles ne possédaient pas les capacités humaines et matérielles […] pour tenir un secteur du front soumis à l’effort de l’assaillant“, poursuit le document. L’échec ukrainien à Avdiivka montre que, malgré le déploiement d’urgence d’une brigade “d’élite” – la 3e brigade d’assaut aérien Azov -, « Kiev n’est pas capable de rétablir localement un secteur du front qui s’effondre », alerte ce dernier rapport.
En conséquence, les forces russes continueront tout simplement à avancer :
Reste à savoir ce que les Russes feront de ce succès tactique. Continueront-ils à “grignoter et ébranler lentement” toute la ligne de front, ou chercheront-ils à “percer en profondeur” ? “Le terrain derrière Avdiivka le permet“, signale ce document récent, qui avertit également que les sources occidentales ont tendance à “sous-estimer” les Russes, eux-mêmes adeptes de la pratique de la “Maskirovka“, qui consiste à “paraître faible quand on est fort“. Selon cette analyse, après deux ans de guerre, les forces russes ont ainsi démontré leur capacité à “développer une endurance opérationnelle” qui leur permet de mener “une guerre lente et de longue intensité basée sur l’attrition continue de l’armée ukrainienne“.
Il n’y a rien de vraiment nouveau dans ce qui précède pour ceux qui ont suivi les faits sur le terrain.
Alors pourquoi les médias occidentaux et les politiciens comme Macron ont-ils tardé à reconnaître la situation réelle ?
Moon of Alabama
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