Il ne faut pas imaginer un seul instant que les taux d’intérêt puissent passer de -0.5 % en juillet 2022, à +4.5 % en décembre 2023 sans que cela provoque quelques conséquences économiques plus ou moins fâcheuses et plutôt plus que moins mes chers amis.
C’est évidemment ce qui est en train de se passer, mais cela prend du temps.
Pour deux raisons.
D’abord l’économie c’est une inertie. Le système économique est un immense navire, et il met autant de temps à ralentir qu’à accélérer ! Virer de bord prend du temps. Pourquoi a-t-il cette inertie ? Simple. J’ai passé commande d’une voiture aujourd’hui et je ne serai livré que dans 3 ou 4 mois parfois 63 si je choisis un modèle très spécifique (et en général très cher). J’ai passé commande aujourd’hui d’un pavillon tout neuf au pied de la Tour Eiffel puisque j’ai pu acquérir un lopin de terre sur le Champs de Mars Anne Hidalgo ayant besoin de sous (je raconte n’importe quoi, c’est pour vous divertir dans ces sujets si sérieux et arides). Je dois donc passer chez le notaire pour acquérir ce lopin de terre plein de surmulots (2 à 3 mois). Puis je vais déposer un permis de construire 2 mois d’instruction. Manque de chance, l’association de défense des gentils rats des villes de la tour Effet dépose un recours pour protéger l’habitat de cette espèces en danger (oui les rats d’Hidalgo)… on se retrouve devant le Tribunal administratif qui déboute cette association en arguant que les rats ne semblent pas en danger dans la capitale (9 mois). Je signe enfin un contrat avec un constructeur de maisons individuelles qui doit obtenir toutes les garanties de bon achèvement des travaux et j’en profite pour demander un crédit à ma banque qui me demande tout plein de papiers. Les travaux démarrent. Je reçois les clefs de ma maison 18 mois plus tard, il s’est passé entre 2 et 3 ans par rapport au début du projet.
Vous l’avez compris.
L’économie c’est une inertie.
C’est valable pour la voiture, l’achat de la maison, la construction d’une usine ou le nouvel investissement d’une entreprise.
Cela prend du temps à réaliser.
Quand les choses tournent moins bien on hésite aussi à annuler purement et simplement les projets.
Il y a de l’inertie.
Donc… et c’est logique, la hausse des taux met du temps à se transmettre.
Mieux. Ou plus grave, ou plus perturbant, comme on veut…
Les effets de la hausse des taux sont plus longs à apparaitre.
Pourquoi me direz-vous ?
Simple là encore.
Empirique mais logique.
Je n’ai pas encore d’études randomisées en double aveugle, mais en termes observationnels et logiques c’est une évidence.
La complexité accroît l’inertie !
Plus c’est compliqué, plus c’est long, plus ça met du temps à se faire et plus on renonce à annuler des projets tant on a eu du mal à obtenir les autorisations !
Imaginez une entreprise qui veut construire un nouveau complexe commercial… c’est des années de procédures, de contentieux, de recours, de marchés passés puis annulés etc… une fois que tous les clignotants sont au vert, on préfère perdre de l’argent avec une crise que risquer d’annuler pour toujours les projets surtout par exemple que la ZAN (zéro artificialisation nette) arrive et qu’il sera de plus en plus difficile de construire.
Inertie.
Plus c’est complexe plus il y a d’inertie.
En 15 ans, depuis la dernière crise dite des subprimes, la complexité a considérablement augmenté.
Les taux mettront plus de temps à faire leur effet pleinement.
Plutôt 30 mois que 12 !
Donc, le pire des conséquences de la hausse des taux n’est pas là. C’est à venir !
Et c’est un peu, en creux ce que confirme l’agence Reuters.
Zone euro/PMI : le recul de l’activité confirmé en novembre, une récession se profile
« Le ralentissement de l’activité économique en zone euro s’est atténué le mois dernier, mais l’économie du bloc pourrait se contracter de nouveau ce trimestre alors que le secteur des services fait face à une demande en berne, selon une enquête.
Au cours du dernier trimestre, l’économie s’est contractée de 0,1 %, selon Eurostat, et l’indice PMI S&P Global/HCOB composite pour le mois de novembre, publié mardi, montre que le bloc est en passe de se contracter à nouveau ce trimestre, la définition technique d’une récession.
L’indice PMI composite, considéré comme un bon indicateur de la santé économique globale, a augmenté à 47,6 par rapport à 46,5 en octobre, son plus bas niveau depuis près de trois ans, contre une estimation préliminaire de 47,1.
Il s’agit de sa meilleure lecture depuis juillet, mais l’indice reste bien en deçà en dessous de la barre des 50 qui sépare la croissance de la contraction.
L’indice PMI pour le secteur des services est passé de 47,8 en octobre à 48,7 en novembre.
« Le secteur des services a poursuivi sa chute en novembre. La modeste amélioration de l’indice ne laisse pas beaucoup de place à l’optimisme quant à une reprise rapide dans un avenir immédiat », pour Cyrus de la Rubia, économiste en chef à la Hamburg Commercial Bank.
« A ces perspectives inquiétantes s’ajoute la cinquième baisse mensuelle consécutive des nouvelles commandes: une baisse du PIB est à prévoir pour le quatrième trimestre ».
L’indice mesurant les nouvelles commandes, un indicateur de la demande, est demeuré sous la barre des 50 pour le cinquième mois consécutif, bien qu’il se soit légèrement repris en passant de 45,6 en octobre à 46,7. »
La crise n’est pas derrière nous, elle est devant.
Elle est prévisible.
Cette récession ne sera qu’une récession parmi d’autres.
Il ne faut pas confondre récession et fin du monde.
Pour le moment nous allons vers une crise économique.
Pas vers un effondrement, car, il y a, je viens de vous l’expliquer de l’inertie.
De cette inertie, le système actuel tire sa résilience.
Il y a donc une dynamique, une cinétique comme on dit de manière un peu pédante parfois à analyser et à mettre en corrélation.
Un effondrement c’est quand la crise se développe plus vite que le système ne dispose d’inertie et de force de rappel.
Si la crise va trop vite alors l’inertie n’est pas suffisante.
C’est là que le système peut manquer de résilience.
Il y a deux paramètres.
Le premier c’est l’inertie et la vitesse de propagation du choc.
Le second, c’est la force et la violence du choc lui-même.
Il est déjà trop tard, mais tout n’est pas perdu.
Préparez-vous !
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