Horreur et désespoir : alors que la France continue toujours de croire que son système de santé est le meilleur du monde, on apprend que certains hôpitaux traversent quelques difficultés qui laissent penser que tout ne serait pas si rose dans le meilleur des mondes. Pire : le CHU de Rangueil à Toulouse déborde de cadavres !
Certes, dit ainsi, cela est un peu alarmant mais rassurez-vous : la situation est sous contrôle puisque la direction, ne reculant devant aucune solution temporaire, a fait installer quelques équipements frigorifiques sur le parking de l’hôpital et, à condition de tasser un peu les cadavres ici ou là, c’est bon, ça tient.
Cependant que le Tétris macabre continue à Toulouse, notons que les solutions post-mortem se multiplient du côté post-moderne puisqu’on propose maintenant de faire composter son cadavre : grâce à ce qu’on pourrait appeler le compost-mortem, le cadavre n’occupe plus autant de place (bonne chose pour Toulouse) et, bonus écologique évident, permet d’aller alimenter des arbres ou même (pourquoi pas ?) un potager en sels minéraux, oligo-éléments et micro-plastiques aussi, si l’on s’en tient aux rumeurs écoconscientes.
En attendant qu’un champ bien meuble soit ménagé derrière l’hôpital toulousain, les autorités ont cependant prévu – de façon assez conformiste, on en conviendra – de simplement augmenter la capacité de la morgue de 32 à 80 corps, ce qui devrait aider.
On s’intéressera cependant aux raisons invoquées pour ce trop-plein qu’on espère passager : d’après la direction, il s’agit d’un problème essentiellement administratif, puisque le souci proviendrait essentiellement d’une “récente augmentation du nombre de corps ‘indigents'”. En somme, la morgue déborderait parce que les procédures administratives sont trop nombreuses, trop complexes et prennent trop de temps.
Devant cette information, nul doute que le Français moyen ne pourra être qu’étonné, lui qui sait que toute l’administration française, faite à part égale d’efficacité et de diligence, ne pourrait tolérer une telle dérive. Et puis, cette explication en vaut une autre et permet de ne pas trop se pencher sur les chiffres généraux de la surmortalité en France qui sont, l’INSEE est formel, si normaux qu’ils se rangent dans la catégorie du “Circulez, il n’y a rien à frigorifier sur un parking”.
Dès lors, on regardera les assertions des compagnies d’assurance-vie d’un œil si ce n’est goguenard, au moins serein.
En charge de payer les contrats d’assurance lorsqu’un de leurs souscripteurs calanche, ces derniers semblent persuadés d’observer une surmortalité persistante. Déjà, l’année dernière, ils avaient expliqué la baisse de leurs bénéfices par un niveau record de sinistres en 2021, l’augmentation ayant été de 10,8% par rapport à l’année 2019, l’année 2020 (celle de la pandémie) montrant elle aussi une augmentation notable (de 15,4%). Pour 2022, l’accroissement des versements de primes semble moins fort mais reste, selon eux, à des niveaux étrangement élevés alors que la situation médicale mondiale est officiellement revenue à la normale.
De façon un peu plus inquiétante, c’est le taux de mortalité chez les jeunes adultes qui interpelle puisqu’il est en 2023 près de 20% au dessus de ce à quoi on peut s’attendre selon le CDC, avec notamment une augmentation de la mortalité cardiaque à tous les âges. Même si les causes liées au COVID ont diminué en 2022, d’autres ont augmenté, en particulier les accidents vasculaires cérébraux, le diabète et les maladies rénales et hépatiques. Du reste, ceci se constate sur une large quantité de pays dont les données sont relativement fiables, comme le mentionne le Dr Campbell qui revient en détail sur ces chiffres pour l’Angleterre et d’autres pays de l’OCDE.
Charge aux autorités d’expliquer cette surmortalité élevée et ces coïncidences troublantes. Manifestement, le changement climatique fait des ravages et c’est là que le compost-mortem prend toute son importance, n’est-ce pas : au moins peut-on espérer sa faute carbonée à moitié pardonnée avec ce procédé écosensible.
Une autre solution peut d’ailleurs consister à en finir plus vite lorsqu’on sent son heure arriver (ou qu’on comprend à demi-mots les petits coups de pouce discrets des autorités).
C’est en tout cas ce que préconise le gouvernement canadien qui
pousse actuellement l’euthanasie de toutes les façons possibles, en
mettant en avant les nombreux effets bénéfiques qu’offre cette solution finale,
depuis mettre un terme à des souffrances physiques ou psychologiques
dans ce bas monde, jusqu’au désir de ne plus représenter une charge pour
ses proches ou même pour la société.
Car oui, au contraire de la France et du CHU de Toulouse, le Canada n’a apparemment pas de problème de place dans ses morgues et se réjouit donc dès à présent de pouvoir y accueillir un nombre croissant de clients via un programme d’euthanasie bien rôdé qui, selon les petits calculs des administrations locales, permet de faire de nombreuses économies (jusqu’à 139 millions de dollars, m’ame Michu, pensez-y !)…
Et cela marche même si bien que ce procédé représente maintenant 4,1% des décès au Canada.
Bien sûr, le procédé peut paraître un peu abrupt pour les Occidentaux du Vieux Continent, mais gageons que la France saura à la fois saisir l’opportunité que représente cette innovation sociétale évidente, et l’adapter à nos coutumes et nos habitudes. En insistant par exemple sur le côté écologique (mais si !) et – idée Bercy – des avantages fiscaux en cas d’euthanasie programmée (afin d’éviter les engorgements des services administratifs concernés pendant les périodes de fortes demandes, typiquement avant les grandes vacances en été ou vers Noël, hein, n’est-ce pas), on sait que cette belle idée humaniste, progressiste et délicieusement économique s’implantera sans mal dans le pays.
En France, on le sait, il suffira d’un signe cerfa.
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