11 août 2023

Ukraine : Washington songe à une “retraite de Russie” sans le dire


Washington cherche à sauver les apparences. La contre-offensive ukrainienne est un échec. L’armement occidental ne tient pas ses promesses face à une armée russe qui apprend de ses erreurs et semble prendre l’ascendant. Le monde bascule vers de nouveaux équilibres et les États-Unis sont impuissants à freiner l’émergence des BRICS comme un pôle d’attraction dans la réorganisation du monde. Il serait temps de commencer une “retraite de Russie” en bon ordre. Mais comment déclencher des écrans de fumée à l’abri desquels l’effectuer. Le plus évident problème est le déni de réalité européen, particulièrement évident à Berlin mais partagé de Londres à Varsovie et de Paris à Kiev.

 

Il y a dix jours Fitch dégradait la note des USA…

Fitch Ratings a abaissé la note de défaut de l’émetteur à long terme des États-Unis d’Amérique en devises étrangères (IDR) de “AAA” à “AA+”. La surveillance négative a été supprimée et une perspective stable a été attribuée. Le plafond du pays a été confirmé à “AAA”. (…)

PRINCIPAUX FACTEURS DE NOTATION

Abaissement de la note : l’abaissement de la note des États-Unis reflète la détérioration budgétaire attendue au cours des trois prochaines années, une charge de la dette publique élevée et croissante, et l’érosion de la gouvernance par rapport aux pairs notés “AA” et “AAA” au cours des deux dernières décennies, qui s’est manifestée par des impasses répétées sur la limite de la dette et des résolutions de dernière minute.

Érosion de la gouvernance : Fitch estime qu’il y a eu une détérioration constante des normes de gouvernance au cours des 20 dernières années, y compris en matière de fiscalité et de dette, malgré l’accord bipartisan de juin pour suspendre la limite de la dette jusqu’en janvier 2025. Les impasses politiques répétées sur la limite de la dette et les résolutions de dernière minute ont érodé la confiance dans la gestion budgétaire. En outre, le gouvernement ne dispose pas d’un cadre budgétaire à moyen terme, contrairement à la plupart de ses pairs, et son processus budgétaire est complexe. Ces facteurs, ainsi que plusieurs chocs économiques, des réductions d’impôts et de nouvelles initiatives de dépenses, ont contribué aux augmentations successives de la dette au cours de la dernière décennie. En outre, il n’y a eu que des progrès limités dans la résolution des problèmes à moyen terme liés à l’augmentation des coûts de la sécurité sociale et de l’assurance-maladie en raison du vieillissement de la population.“

La Guerre d’Ukraine fait bien entendu partie du tableau. Nous l’indiquions la semaine dernière: à la fin 2023, les USA auront apporté à l’Ukraine un financement supérieur aux montants du plan Marshall (en dollars constants).

Mais on n’est pas au bout des surprises du mois d’août. La Banque Mondiale considère qu’elle sous-estimait, jusqu’à maintenant de 38% le PIB russe calculé en parité de pouvoir d’achat!
…tandis que la Russie se retrouve à la 5è place mondiale des statistiques de la Banque Mondiale

“L’estimation officielle du PIB de la Russie était de 3 993 milliards de dollars à la fin de 2022 en termes de parité de pouvoir d’achat.

World Economics a développé une base de données présentant le PIB en termes de parité de pouvoir d’achat avec des estimations supplémentaires pour la taille de l’économie informelle et des ajustements pour les données obsolètes de l’année de base du PIB. World Economics estime le PIB de la Russie à 5,51 billions de dollars, soit 38 % de plus que les estimations officielles.

Les données pour 2023 sont basées sur les estimations du taux de croissance du FMI appliquées aux données du PIB de World Economics.”


Permis de rire en se rappelant les augures gouvernementaux et médiatiques qui nous expliquaient, en mars 2022 que l’Ukraine soutenue par l’Occident ne ferait qu’une bouchée d’un pays qui atteignait péniblement le PIB de l’Espagne!

L’OTAN essaie de dissimuler le début de sa “retraite de Russie”

Cela fait un moment que je ne l’ai pas cité, même si je suis de près son blog, l’un des mieux informés sur les affaires russes: John Helmer se demandait il y a quelques jours comment les Etats-Unis vont habiller leur inévitable retraite de Russie:

“Dans les manuels de l’armée américaine relatifs à l’utilisation des fumigènes dans la conduite de la guerre, il existe quatre types de fumigènes pour le champ de bataille (image principale) : les fumigènes d’obscurcissement, qui visent à aveugler l’ennemi afin qu’il ne puisse pas voir ce que vous lui réservez ; les fumigènes d’écran, qui sont placés entre vous et votre ennemi, afin qu’il ne puisse pas voir ce que vous faites dans vos positions ; les fumigènes de protection, qui visent à perturber les systèmes de ciblage laser et autres de l’autre camp ; la fumée de protection, qui vise à perturber les lasers et autres systèmes de ciblage de l’artillerie et des roquettes de l’autre camp ; et la fumée de marquage, qui a pour but de préciser les cibles des attaquants aériens ou de l’artillerie arrière, ou d’identifier les positions de sécurité sur un champ de bataille à mouvement rapide.

La Maison Blanche en tête, dans la guerre que les alliés de l’OTAN mènent contre la Russie jusqu’au dernier Ukrainien, un tout nouveau type de fumée a été utilisé – il s’agit de la fumée à effet de souffle qui aveugle ses utilisateurs. Sur le champ de bataille ukrainien, cet écran de fumée ne cache rien aux Russes. Il sert plutôt à tromper les médias, les électeurs et les parlements des pays de l’OTAN, qui doivent accepter de souscrire l’argent nécessaire pour payer les Ukrainiens et leur fournir des munitions, des armes, des renseignements et des services de soutien de l’OTAN, y compris des crédits et de l’argent liquide. Vladimir Zelensky, (…) est le maître de l’enfumage sur le champ de bataille actuel.

[Récemment] il a déclaré au vice-premier ministre ukrainien du Canada, Chrystia Freeland : “nous approchons d’un moment où les actions pertinentes pourront s’accélérer parce que nous passons déjà par certains emplacements de mines et que nous déminons ces zones”. Les ambiguïtés calculées – “moment”, “approcher”, “pertinent”, “peut”, “rythme”, “certains” – sont de la poudre aux yeux. La riposte a été déclenché par Freeland qui a dit à Zelensky que la façon dont sa contre-offensive se déroulait contre les Russes était “la question qui préoccupe tout le monde ici [et] la préoccupation de tous vos amis dans le monde”. (…)

[Le colonel de l’armée suisse Jacques Baud montrait le jeudi 20 juillet] que les états-majors français et d’autres alliés tentent de trouver leur chemin hors du champ de bataille, alors que les forces de Zelensky sont détruites, en même temps que le meilleur des armes américaines, françaises, britanniques et d’autres pays de l’OTAN. L’émission a été préenregistrée jeudi

[Le 21 juillet] lors d’une session virtuelle du Conseil de sécurité russe, le président Vladimir Poutine s’est ouvert de manière inhabituelle sur ce que sait le renseignement russe. “Il est clair aujourd’hui”, a déclaré M. Poutine, en faisant référence aux Américains, aux Français, aux Allemands et aux Britanniques, “que les curateurs occidentaux du régime de Kiev sont certainement déçus par les résultats de la contre-offensive que les autorités ukrainiennes actuelles ont annoncée au cours des mois précédents. Il n’y a pas de résultats, du moins pour l’instant”.

“Le monde entier voit que l’équipement militaire occidental, prétendument invulnérable, est en feu et qu’il est même souvent inférieur à certaines armes de fabrication soviétique en termes de caractéristiques tactiques et techniques.”


Au sujet de la Pologne et de la Galicie, Poutine fait la déclaration la plus importante d’un dirigeant russe depuis plus de cent ans. Il met en garde le gouvernement polonais, ainsi que les Lituaniens, contre tout mouvement de troupes vers Lvov, la capitale de la Galicie, comme l’avaient fait les Allemands en 1941. Il prévient également Berlin de ne pas s’imaginer pouvoir récupérer l’emprise de l’ancienne Prusse ou celle plus récente du Troisième Reich sur ces territoires. [c’est moi qui souligne. EH]

Entre les lignes, Poutine a également invité deux des factions au pouvoir à Kiev – le commandement militaire et les Banderites de Lvov – à se débarrasser rapidement de Zelensky, avant de perdre ce qui restera de leur territoire lorsque l’armée russe passera à l’offensive. S’ils veulent conserver la Galicie, “cela, je le répète”, a déclaré Poutine, “c’est en fin de compte leur affaire. S’ils veulent abandonner ou vendre quelque chose pour payer leurs patrons, comme le font généralement les traîtres, c’est leur affaire. Nous n’interviendrons pas dans ce domaine. (…)

La conférence de presse conjointe au Pentagone, le 18 juillet, a été (…) prudente en ce qui concerne le double langage. Dans leurs remarques, Austin et Milley ont battu en retraite les États-Unis.

Invité à répondre à Ben Wallace, ministre britannique de la défense et premier fonctionnaire de l’OTAN en activité à révéler publiquement les doutes des alliés à l’égard de Zelensky et de son régime, (…)Austin a trébuché dans sa réponse : “Vous savez, nous venons juste de rentrer du sommet de Vilnius, et ce que j’ai vu à Vilnius, c’est l’unité et la cohésion, dans toutes les réunions auxquelles j’ai participé. C’est la même chose que j’ai constatée aujourd’hui en discutant avec les ministres de la défense et les chefs d’état-major. L’unité est toujours là. Il ne fait aucun doute que nous avons beaucoup apporté à l’Ukraine, nous, la coalition internationale. L’Ukraine se bat, et nous devons nous rappeler que lorsque vous vous battez, vous voulez tout ce que vous pouvez obtenir. Il faut donc s’y attendre. Ben Wallace et moi-même avons travaillé avec les partenaires de la coalition au cours de l’année écoulée sur cette question particulière, et Ben a fait beaucoup pour permettre et aider l’armée ukrainienne. Il a donc été un excellent partenaire. Mais, encore une fois, je continue à voir l’unité et la cohésion. Je continue d’entendre les ministres dire que nous soutiendrons l’Ukraine aussi longtemps qu’il le faudra”.

Austin camouflait le contraire de ce qu’il essayait de dire. Le général Milley a ensuite laissé échapper la perte de confiance de l’OTAN dans les performances sur le champ de bataille des armes des États-Unis et de l’OTAN et de l’armée ukrainienne. “Missy, je propose deux choses. D’une part, vous savez, quel est le problème militaire à résoudre ici avec la puissance aérienne ? C’est le contrôle de l’espace aérien, et il y a deux façons de le faire. On peut le faire d’un point de vue aérien ou du sol vers l’air. Pour les Ukrainiens, la manière la plus efficace et la plus rentable d’y parvenir est d’utiliser des systèmes de défense aérienne au sol, et c’est ce qui leur a été fourni depuis le début de la guerre jusqu’à aujourd’hui. Et c’est important, parce que ce que vous voulez faire, c’est protéger ces forces d’assaut du soutien aérien rapproché russe et/ou du soutien des hélicoptères d’attaque, et ils ont des systèmes de défense aérienne, les Ru- – Ukrainiens, qui peuvent le faire”.

Milley a presque admis la vérité. Ce sont les “Ru[sses]”, et non les “Ukrainiens”, qui ont démontré leur supériorité en contrant et en détruisant toutes les armes de défense aérienne de l’OTAN sur le champ de bataille et autour des villes – la plus importante étant le Patriot fabriqué aux États-Unis.

“Les pertes subies par les Ukrainiens lors de cette offensive ne sont pas tant dues à la puissance aérienne russe qu’aux champs de mines, des champs de mines qui sont couverts par des tirs directs d’équipes de chasseurs-tueurs antichars, ce genre de choses. Il s’agit donc de champs de mines. Le problème à résoudre est donc celui des champs de mines, et non celui de l’aviation. Et c’est ce que la coalition essaie de leur fournir : des moyens supplémentaires de déminage, des MICLIC, des charges de ligne, des Bangalores – ce genre de choses, afin de continuer à se frayer un chemin à travers les champs de mines”. Milley présentait ainsi la décision américaine de ne pas fournir de chasseurs-bombardiers F-16 à l’Ukraine.

“Je suis donc convaincu qu’ils peuvent y parvenir, surtout s’ils appliquent les tactiques, les techniques et les procédures qui leur ont été enseignées, ce qu’ils font, et s’ils exécutent ces opérations de nuit, ce qui priverait les Russes de la possibilité d’utiliser leur puissance aérienne de toute façon. Le vrai problème, ce sont donc les champs de mines. Il ne s’agit pas pour l’instant de la puissance aérienne. Cela dit, faisons un petit exercice de calcul. Dix F-16 coûtent 2 milliards de dollars, ce qui signifie que les Russes possèdent des centaines d’appareils de quatrième et de cinquième génération. S’ils essaient d’égaler les Russes à un contre un, ou même à deux contre un, cela représente un grand nombre d’avions. Il faudra des années pour former les pilotes, des années pour assurer la maintenance et l’entretien, des années pour générer le niveau de soutien financier nécessaire. Il s’agit de bien plus de milliards de dollars que ce qui a déjà été généré”.

La nouvelle décision des États-Unis et de l’OTAN de ne pas autoriser le déploiement des F-16 dans la guerre fait suite à la déclaration, le 12 juillet, du ministre russe des affaires étrangères, Sergei Lavrov, selon laquelle l’avion est un attaquant à capacité nucléaire et sera traité comme tel. Milley a battu en retraite. (…)”

Utiliser pour Taïwan le soutien destiné à l’Ukraine?

Une façon pour les USA de camoufler leur retraite de Russie sera vraisemblablement de la justifier par la nécessité d’aider Taïwan. On lira à ce propos l’analyse intéressante de Drago Bosnic dans Infobrics:

” (…)L’administration Biden, en proie à des difficultés, est désormais tellement prise dans l’engrenage de ses propres mensonges et de ses erreurs stratégiques désastreuses qu’elle envisage d’envoyer des fonds liés à l’Ukraine à la province insulaire sécessionniste chinoise de Taïwan. Washington DC a pour l’essentiel laissé Taipei en dehors de l’équation dite “d’aide”, à tel point que ses capacités face à l’armée chinoise sont devenues obsolètes dans tous les sens du terme. Pire encore, à la fin de 2022, Taïwan avait payé au moins 19 milliards de dollars pour des armes fabriquées aux États-Unis, mais n’avait pratiquement rien à montrer pour ces investissements massifs. Depuis plus d’un an et demi, Washington DC soutient [Kiev], la considérant comme une priorité par rapport à tous les autres régimes fantoches des États-Unis, y compris Taïwan.

Le 2 août, le Financial Times a publié un rapport sur le projet du président Biden de demander officiellement au Congrès d’approuver l’utilisation des fonds initialement alloués au régime de Kiev pour armer la province insulaire sécessionniste de la Chine. Le rapport précise que “le Bureau de la gestion et du budget de la Maison Blanche inclura le financement de Taïwan dans la demande supplémentaire dans le cadre d’un effort visant à accélérer la fourniture d’armes, selon deux personnes familières avec le plan”. Si l’initiative est adoptée, il s’agira certainement d’une mesure sans précédent, car ce sera la toute première fois que Washington DC fournira des armes à Taipei dans le cadre de son programme dit de “financement militaire étranger (…)”.

En pratique, cela signifie que l’armée américaine pourrait utiliser ses propres stocks pour armer Taipei, un “privilège” réservé [jusque-là] à Kiev et à une poignée d’autres alliés proches et États satellites de Washington DC. Le rapport publié par le FT intervient moins d’une semaine après que la Maison Blanche a annoncé un “paquet d’aide” pour Taïwan, d’une valeur de 345 millions de dollars. Bien que les motivations du président Biden soient sujettes à débat, il est très probable qu’il essaie de se mettre dans les bonnes grâces du Congrès, désormais dominé par le parti républicain, dont les bellicistes néoconservateurs sont connus pour leur sinophobie forcenée et leur hostilité générale à l’égard de la Chine, même si Biden lui-même pourrait avoir un intérêt direct à maintenir le régime de Kiev à flot le plus longtemps possible.

Pourtant, il ne peut pas se permettre d’ignorer les législateurs républicains, car ils pourraient facilement paralyser sa présidence, ruinant ainsi ses chances déjà pratiquement négligeables d’obtenir un second mandat. Nous ne pouvons qu’imaginer la réaction du régime corrompu de Kiev, et en particulier de son chef Volodymyr Zelensky, face à une telle nouvelle. Il a déjà subi une douche froide très désagréable lors du récent sommet de l’OTAN en Lituanie, où il ne s’est pas soucié de cacher sa déception absolue lorsque l’alliance belligérante lui a effectivement dit de faire la guerre à la superpuissance militaire voisine “aussi longtemps qu’il le faudra” et “jusqu’à ce qu’il gagne” (c’est-à-dire jusqu’au dernier Ukrainien – TTLU). Il semble maintenant que Zelensky doive apprendre à partager “l’aide” pour “la liberté et la démocratie”.

D’un autre côté, les malheureux habitants de la province insulaire sécessionniste de la Chine sont menacés, car l’intérêt accru de l’Amérique pour la “liberté de Taïwan” n’est certainement pas de bon augure pour leur sort. Cela signifie que le TTLU (“To The Last Ukrainian, combattre jusqu’au dernier Ukrainien”) pourrait bientôt devenir le TTLT (To The Last Taïwanese, jusqu’au dernier Taïwanais) ou, plus honnêtement, le TTLS (To The Last Semi-Conductor, jusqu’au dernier semi-conducteur). La Chine a d’ailleurs déjà adressé un nouvel avertissement aux États-Unis, soulignant que les efforts de réunification se poursuivront comme prévu et que Pékin réagira en conséquence. Bien qu’il reste à voir quelle sera la réaction exacte de la Chine, des mesures concrètes ont déjà été prises, notamment l’extension de la présence militaire du géant asiatique à “l’arrière-cour de l’Amérique”, en l’occurrence Cuba”. 

Le champ de bataille

 
On a assisté, depuis le 4 août, à une intensification des attaques ukrainiennes; sur Bakhmout; sur Zaporojie; dans l’espoir d’y effectuer une percée. Chacune de ces attaques ont été repoussées par l’armée russe. Avec des pertes considérables. Selon les Russes, on en serait à 43.000 soldats ukrainiens tués ou blessés dans le cadre de la contre-offensive (hors mercenaires étrangers et hors victimes des frappes de précision russes). A comparer aux gains terrotiriaux négligeables que montre cette carte (en vert): certains analystes en font d’ailleurs des “zones grises”, lieu d’affrontement quotidien entre les deux armées.

 

Pour camoufler l’échec de presque dix semaines de contre-offensive, les attaques ukrainiennes sporadiques par drones se sont répétées: sur Moscou; sur d’autres villes russes (Briansk); sur un pétrolier au sud du Pont de Kerch (le 5 août); ainsi que les bombardements (à sous-munitions) sur Donetsk pour faire payer à la population civile les échecs militaires.

Ces attaques par drones destinées à impressionner l’opinion occidentale, produisent immanquablement, en retour, des frappes destructrices de la Russie contre des objectifs économiques et militaires, en particulier des centres de commandement, des casernements de “mercenaires étrangers”, des stocks de munition, des entrepôts de matériel de l’OTAN: par exemple à la date du 5 août;

Un bon résumé d’une journée typique sur le champ de bataille est donné par southfront.org à la date du 7 août:

“Après l’échec d’une nouvelle tentative des forces de Kiev de percer les défenses russes sur les lignes de front méridionales avec des forces importantes, le conflit en Ukraine s’est intensifié. L’armée ukrainienne frappe régulièrement le territoire russe avec des missiles et des drones étrangers. De leur côté, les forces russes n’arrêtent pas leur vague de frappes de précision sur les installations militaires stratégiques dans toute l’Ukraine.

Ces derniers jours, les forces russes ont mené de puissantes attaques combinées avec des drones Geran, des missiles Kinzhal, Kalibr et X-101. L’une des cibles était l’aérodrome militaire près de Starokonstantinov dans la région de Khmelnitsky, où sont stationnés les SU-24 ukrainiens porteurs de missiles Storm Shadow. Les frappes de missiles ont endommagé le hangar, le parking, l’ascenseur, une installation souterraine et un parking d’avions obsolètes.

Depuis le 5 août, les ateliers de l’usine de réparation des véhicules blindés ukrainiens ont été attaqués à Kharkov. À Koupyansk, la maison de la culture locale utilisée pour l’hébergement des militaires ukrainiens a été détruite. À Zaporozhye, un dépôt de missiles a été détruit et un terrain d’aviation avec des hangars a été endommagé. Zelensky a reconnu la frappe sur l’usine Motor Sich. Dans la région de Rivne, un dépôt de munitions et une base aérienne à Dubno ont été détruits. Des terminaux logistiques proches de la frontière avec la Moldavie ont brûlé à Vinnytsia. Dans la région de Dnipropetrovsk, l’entrepôt de carburant et de munitions d’un nœud ferroviaire a été touché à Kamensk. Des explosions ont retenti dans les régions de Kiev et de Zhitomir.

De leur côté, les forces armées ukrainiennes continuent de tenter de perturber l’approvisionnement des forces armées de la Fédération de Russie sur les lignes de front méridionales.

Le 6 août, les forces ukrainiennes ont frappé les ponts automobiles Chongar et Tonky entre la Crimée et la région de Kherson avec des missiles de croisière Storm Shadow. Selon les autorités locales, 12 missiles au total ont été lancés et 9 d’entre eux ont été interceptés par les forces de défense aérienne russes. Un homme a été blessé.

Par ailleurs, des formations ukrainiennes ont lancé une autre attaque de drone sur Moscou. L’opération a échoué et le drone a été abattu à l’approche de la capitale, près de Podolsk. Les défenses aériennes russes ont également intercepté deux drones au-dessus de la région de Briansk. Dans la nuit du 7 août, un autre drone ukrainien a été abattu au-dessus de la région de Kaluga.

Les forces armées ukrainiennes continuent de terroriser les civils dans les régions qu’elles ont perdues et dans les villages frontaliers de la Russie. Le 5 août, lescombattants ukrainiens ont bombardé le centre de Donetsk avec des armes à sous-munitions. Au moins quatre civils ont été tués au cours des deux derniers jours et des dizaines d’autres ont été blessés.

Pendant ce temps, l’armée ukrainienne poursuit ses attaques sur les lignes de front de Bakhmut et de Zaporozhye. Des groupes blindés ukrainiens équipés de chars et de matériel militaire léger tentent des opérations offensives dans la région de Berhovka, à l’ouest de Bakhmut, et près de Rabotino, dans la région d’Orekhov. Subissant de nouvelles pertes, l’armée ukrainienne ne remporte aucune victoire”.


Dans la soirée du 7 août, les forces russes ont lancé une nouvelle vague de frappes de missiles sur l’armée ukrainienne dans tout le pays. L’une des frappes de précision a touché l’hôtel utilisé par le commandement militaire ukrainien et des mercenaires étrangers dans la ville de Pokrovsk (anciennement Krasnoarmeisk), située dans une partie de la République populaire de Donetsk contrôlée par les forces ukrainiennes. Des explosions ont également été signalées à Kiev, Kharkov et Kherson. L’attaque se poursuit, d’autres frappes sont susceptibles d’être signalées prochainement.

L’armée russe est-elle en train de réussir une véritable contre-offensive, limitée? “Elle se rapproche de Koupiansk. “Des batailles sont en cours dans la région de Sinkovka, Olshany et Liman Pervyi. Après que le village de Novoselovskoe soit passé sous le contrôle total des Russes, ceux-ci ont ouvert la voie à de nouvelles attaques sur Kupyansk, non seulement depuis le nord et le nord-est, mais aussi depuis l’est et le sud-est.

Les détachements d’assaut russes poursuivent leur offensive sur un large front, remportant de nouveaux succès tactiques.Selon le ministère russe de la défense, au cours de la journée écoulée, les militaires russes ont capturé cinq points d’appui, quatre postes d’observation et ont vaincu jusqu’à un peloton d’infanterie dans la région d’Olshana. Au moins six contre-attaques ukrainiennes ont été repoussées dans la région.

Au milieu de l’offensive russe, les Ukrainiens commencent à évacuer la population locale et se préparent à la bataille de Koupyansk. Les autorités locales ont appelé les habitants des territoires contrôlés par l’Ukraine à “prendre la décision d’évacuer”. Des préparatifs sont en cours pour l’évacuation obligatoire des résidents et l’évacuation forcée des enfants.Le commandant des forces terrestres des forces armées ukrainiennes, Syrsky, aurait quant à lui été désigné pour diriger la défense de Koupyansk.“

Déni de réalité allemand

Différents entretiens que j’ai menés, ces dernières semaines, avec des représentants des milieux dirigeants allemands me font faire deux constats:

+ les industriels sont installés dans le fatalisme: ils sont bien d’accord avec vous, que ce qui se passe est terrible. Mais ils disent:c’est la faute de la politique….Demandez au gouvernement.

+ du côté gouvernemental, on vous fait valoir qu’on ne s’en sort pas si mal finalement. Pas question de chercher un compromis avec la Russie, bien au contraire.

L’Allemagne se prépare à transférer des missiles de croisière Taurus à longue portée. Auparavant, Berlin avait officiellement nié cette possibilité, mais après le déploiement du système britannique Storm Shadow au sein de l’armée ukrainienne, l’envoi de missiles Taurus est important pour le prestige de l’Allemagne au sein de l’OTAN.

Bien entendu, il y a une part de théâtralisation. Selon le Bundestag, seuls 150 des 600 missiles sont aujourd’hui en état de marche; mais c’est le geste qui compte.

Le transfert du Taurus élargira l’arsenal ukrainien d’armes de précision et augmentera la portée de destruction des cibles jusqu’à 500 km. De quoi se fâcher encore plus avec la Russie et le reste du monde? Comment ça, le reste du monde? Lorsqu’on fait valoir aux interlocuteurs allemands qu’une fois sorti de l’Amérique du Nord et des cercles dirigeants de l’UE, personne ne soutient la politique anti-russe, on se heurte à une réponse condescendante. Vous n’êtes pas sérieux? L’Inde est une démocratie, elle sera toujours en fait du côté occidental! Lula ? Il finira par se rallier à une position raisonnable! Les habitants du Niger qui brandissent des drapeaux russes? S’ils connaissaient la Russie, ils se comporteraient autrement…

Djeddah: une hirondelle ne fait pas le printemps diplomatique

Je sortais à peine d’un échange avec un officiel allemand qui m’expliquait que la réunion de Djeddah en Arabie saoudite, les 5 et 6 août, allait me donner tort: l’Occident était en train de ramener avec lui les pays neutres – lorsque sont tombées des informations qui disaient exactement le contraire!

Si vous n’aviez que les experts et les médias occidentaux pour vous procurer l’information, l’Ukraine aurait réussi à faire accepter, lors de la rencontre de Djeddah, la fin de semaine des 5 et 6 août, l’idée selon laquelle les discussions de paix avec la Russie ne pourraient commencer qu’après le retrait des troupes russes de toute l’Ukraine dans des frontières de 2013.

Une exception ; le Wall Street Journal nous indique qu’en réalité, la discussion ne s’est pas déroulée comme le prétend Kiev :

Les diplomates ont également indiqué que certaines des divergences apparues à Copenhague [en juin dernier] semblaient s’être atténuées. [A Copenhague], l’Ukraine a[vait] fait pression pour que les principaux pays en développement acceptent le plan de paix de Zelensky, au cœur duquel se trouve la demande que la paix ne commence que lorsque les forces russes se seront entièrement retirées, et plusieurs pays en développement [avaient] déclaré qu’ils ne le feraient pas.

À Djeddah, l’Ukraine et les principaux pays en développement ont semblé plus enclins à rechercher un consensus. Un haut fonctionnaire européen a déclaré que l’Ukraine n’avait pas insisté pour que son plan de paix soit accepté et que les autres pays n’avaient pas insisté pour que Kiev l’abandonne. Il n’y a pas eu non plus de tirs croisés sur la demande de l’Ukraine concernant le retrait des troupes russes. L’Ukraine n’a pas insisté sur ce point, ont déclaré deux diplomates, et les pays en développement ne l’ont pas non plus contesté.Wall Street Journal, 6 août 2023 Wall Street Journal, 6 août 2023

La confirmation vient aussi de l‘agressivité de Zelenski contre Lula. Le président ukrainien était suffisamment frustré d’avoir du constater que plus grand monde – hors de “l’Occident” ne soutient l’idée d’un retrait des troupes russes. Il s’est donc lâché contre le président brésilien, lui reprochant de ne pas avoir une vue “mondiale” des problèmes et de reprendre les éléments d’argumentation russe.

M.K.Bhadrakumar s’amuse de la désinformation occidentale sur le sommet imminent des BRICS


Tournons-nous pour finir vers notre diplomate préféré, M.K. Bhadrakumar, qui s’amuse du psychodrame occidental à propos du sommet des BRICS qui aura lieu en Afrique du Sud, à Johannesburg, du 22 au 24 août prochain. [Les intertitres sont de moi. EH.]

Reuters bien retorse

“La semaine dernière, Reuters a publié un rapport spéculatif selon lequel le Premier ministre indien Narendra Modi pourrait ne pas assister en personne au sommet des BRICS à Johannesburg et, en outre, que l’Inde n’était pas favorable à un élargissement du groupe. En dépit de la longue histoire de Reuters en matière d’escroquerie de l’information durant la Guerre froide, les médias indiens crédules sont tombés dans le panneau de la rumeur.

Cela a créé une certaine confusion, mais seulement momentanément. L’Afrique du Sud est consciente qu’avec l’état actuel de ses relations bilatérales avec les États-Unis, les excellentes relations personnelles du président Cyril Rampaphosa avec le président russe Vladimir Poutine, le trajet des BRICS sur la voie de la “dédollarisation” et les plans d’expansion du groupe, on attend beaucoup du rôle constructif de Modi pour faire de l’événement à venir à Johannesburg un jalon historique dans la politique mondiale du 21e siècle.

Les propos du ministre sud-africain des affaires étrangères, Naledi Pandor, sur l’article de Reuters sont tout à fait pertinents. M. Pandor a déclaré : “J’ai parlé à plusieurs collègues au sein du gouvernement et à l’extérieur, et tout le monde a été stupéfait par cette rumeur. Je pense que quelqu’un qui essaie de gâcher notre sommet crée toutes sortes d’histoires qui suggèrent qu’il ne sera pas couronné de succès.

“Le premier ministre indien n’a jamais dit qu’il ne participerait pas au sommet. Je suis en contact permanent avec le ministre des affaires étrangères Jaishankar. Il n’a jamais dit cela. Nos sherpas sont en contact et ils ne l’ont jamais dit. Nous avons donc tous essayé de chercher l’aiguille dans la botte de foin qui est à l’origine de cette rumeur.

Face aux BRICS, l’Occident est passé du mépris à la peur

Il n’y a pas si longtemps, l’Occident se moquait des BRICS comme d’un papillon inefficace battant des ailes dans le vide d’un ordre mondial dominé par le G7. Mais l'”effet papillon” se fait sentir aujourd’hui dans la refonte de l’ordre mondial.[C’est moi qui souligne. EH]

En termes simples, le flot torrentiel d’événements survenus l’année dernière autour de l’Ukraine a fait remonter à la surface la lutte existentielle de la Russie contre les États-Unis, ce qui a déclenché un changement tectonique dans le paysage international, dont l’un des aspects transformateurs est la montée du Sud global et son rôle de plus en plus important dans la politique internationale.

L’administration Biden ne se serait pas attendue à ce qu’une polarisation visant à isoler la Russie et la Chine aboutisse à une telle situation. Paradoxalement, le “double endiguement” de la Russie et de la Chine par Washington, tel qu’il est inscrit dans la stratégie de sécurité nationale de l’administration Biden, a marqué le début de la rupture des pays du Sud avec le contrôle des grandes puissances, du repositionnement de leur statut et de leur rôle sur la scène internationale, et de la recherche d’une confiance en soi et d’une autonomie sur le plan stratégique.

23 pays candidats aux BRICS

L’Arabie saoudite en est un exemple frappant : elle a adopté une trajectoire indépendante dans des points chauds régionaux tels que le Soudan ou la Syrie, elle a calibré le marché mondial du pétrole dans le cadre de l’OPEP Plus plutôt que d’obéir aux diktats de Washington, et elle a cherché à devenir membre des BRICS.

Les pays en développement gagnent en marge de manœuvre dans le jeu des grandes puissances et leur influence politique s’accroît rapidement. Leur indépendance diplomatique et leur autonomie stratégique dans le contexte de la crise ukrainienne ont accéléré leur ascension en tant que force émergente dans la politique mondiale en un laps de temps remarquablement court.

Ce qui pousse 23 pays non occidentaux à demander officiellement leur adhésion aux BRICS – bien que le groupement n’ait même pas de secrétariat – c’est que le groupement est perçu aujourd’hui comme la principale plateforme du Sud global qui prône un ordre mondial équitable et qui, par conséquent, a un rôle à jouer dans le destin de l’humanité”.

“Nous avons reçu des expressions officielles d’intérêt de la part des dirigeants de 23 pays pour rejoindre les BRICS, et d’autres consultations informelles sur les possibilités d’adhésion”, a déclaré Mme Pandor {ministre surd-africain des Affaires Etrangères] lors d’une conférence de presse retransmise sur la plateforme YouTube.

Le ministre a précisé que les 23 pays désireux de rejoindre le groupe sont l’Algérie, l’Arabie saoudite, l’Argentine, le Bangladesh, le Bahreïn, la Biélorussie, la Bolivie, Cuba, l’Égypte, les Émirats arabes unis, l’Éthiopie, le Honduras, l’Indonésie, l’Iran, le Kazakhstan, le Koweït, le Maroc, le Nigeria, la Palestine, le Sénégal, la Thaïlande, le Venezuela et le Viêt Nam. www.telesureenglis.net 

Borrell tient des propos colonialistes

“Dès leur création, les BRICS ont été suffisamment avisés pour ne pas injecter d'”antioccidentalisme” dans leur programme – en fait, aucun de leurs membres fondateurs n’a de “mentalité de bloc”. Mais cela n’a pas empêché l’Occident de se sentir menacé. En réalité, cette perception de la menace émane d’une peur morbide de l’extinction de la domination occidentale sur l’ordre politique et économique et sur le système international, vieille de quatre siècles, qui touche à sa fin.

Le néo-mercantilisme, qui est essentiel pour arrêter le déclin des économies occidentales, est remis en question de manière frontale, comme nous le constatons en temps réel au Niger. Sans le transfert massif de ressources en provenance d’Afrique, l’Occident est confronté à un avenir sombre. Le responsable de la politique étrangère de l’Union européenne, Josep Borrell, a déclaré dans un moment de faiblesse que l’Occident, un jardin bien entretenu, était menacé par la jungle. Les peurs ataviques et les instincts implicites dans la métaphore de Borrell sont tout simplement stupéfiants.

Une frénésie occidentale de désinformation

D’où une telle frénésie à détruire les BRICS, à affaiblir leur détermination, à ternir leur image et leur réputation, et à les empêcher de prendre de l’élan. Hélas, le même vieil état d’esprit colonial “diviser pour régner” est à l’œuvre pour amplifier les différences et les désaccords entre les États membres des BRICS.

La controverse concernant la position de l’Inde sur l’expansion des BRICS ne peut être perçue que de cette manière. La semaine dernière, à la suite de la rumeur lancée par Reuters, le porte-parole du ministère indien des affaires étrangères s’est senti obligé de clarifier à nouveau la situation : “Permettez-moi de le répéter encore une fois. Nous avons déjà clarifié notre position par le passé. Comme les dirigeants l’ont demandé l’année dernière, les membres des BRICS discutent en interne des principes directeurs, des normes, des critères et des procédures pour le processus d’expansion des BRICS sur la base d’une consultation et d’un consensus complets. Comme l’a indiqué notre ministre des affaires étrangères, nous abordons cette question avec un esprit ouvert et une perspective positive. Nous avons assisté à des spéculations sans fondement… selon lesquelles l’Inde aurait des réserves à l’égard de l’élargissement. Ce n’est tout simplement pas vrai. Permettez-moi donc d’être très clair à ce sujet.“

En ce qui concerne l’affirmation selon laquelle Modi prévoyait de ne pas se rendre à Johannesburg, le porte-parole indien a réagi en ces termes : “Je vous invite à ne pas vous fier aux informations spéculatives des médias. Lorsque nous serons en mesure de parler, d’annoncer de telles visites de haut niveau, nous le ferons certainement, et vous saurez que c’est notre pratique. Pour l’instant, je vous demande à tous d’être patients et de nous laisser l’annoncer au bon moment”.

De même, la conspiration anglo-américaine derrière le mandat d’arrêt de la CPI contre Poutine est évidente. La Russie a été l’un des pionniers du BRIC et le premier sommet du groupe a eu lieu à Ekaterinbourg en 2008 [qui, soit dit en passant, a publié une déclaration commune mettant en garde contre la domination mondiale du dollar américain en tant que monnaie de réserve standard].

M. Poutine a fait campagne sans relâche pour la “dédollarisation” et est aujourd’hui la voix qui résonne le plus sur cette question sur la scène internationale. Le pronostic de Poutine a été largement accepté dans le Sud, comme le montre l’exode des pays qui optent pour des monnaies nationales pour régler leurs paiements mutuels. Washington est de plus en plus préoccupé par le fait qu’un processus de “dédollarisation” gagne du terrain dans le système financier international à la suite de l’utilisation excessive des sanctions et de la saisie arbitraire des réserves de dollars des pays avec lesquels il ne s’entend pas.

Non, les différends entre l’Inde et la Chine ne feront pas exploser les BRICS

Il est intéressant de noter que Bloomberg a publié un article sur le sommet des BRICS intitulé “Ce club n’est pas assez grand pour la Chine et l’Inde”. Sa thèse est que “les tensions entre les rivaux asiatiques empêcheront probablement le bloc des BRICS de poser un défi cohérent à l’Occident”. Il s’agit d’une tentative éculée de s’attarder sur les contradictions qui existent entre la Chine et l’Inde pour creuser un fossé et saper l’unité des BRICS.

Il est vrai que l’Inde peut s’inquiéter de la domination de la Chine sur le groupe des BRICS. Mais la Chine est également un fervent défenseur de l’expansion des BRICS et de la représentation accrue des pays en développement. N’y a-t-il pas là une convergence stratégique ?

Fondamentalement, malgré leur différend frontalier non résolu, l’Inde et la Chine partagent la même vision selon laquelle les BRICS jouent un rôle essentiel sur la scène multilatérale mondiale. Les deux pays considèrent également les BRICS comme une plateforme leur permettant d’améliorer leur statut et leur influence au niveau international. C’est cette communauté d’intérêts qui inquiète l’Occident.

Pour l’Inde, les BRICS constituent une plateforme instrumentale favorable à la réalisation de son aspiration à une plus grande représentation sur la scène internationale. Par conséquent, le succès des BRICS ne peut que renforcer la politique étrangère de l’Inde – et pourrait même créer une énergie et une ambiance positives dans ses relations avec la Chine.

Source : https://lecourrierdesstrateges.fr/2023/08/11/guerre-dukraine-jour-529-washington-songe-a-une-retraite-de-russie-sans-le-dire/

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