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06 juin 2023

L’Ukraine lance sa contre-attaque

La contre-offensive ukrainienne annoncée depuis longtemps a commencé. De nouvelles unités ukrainiennes, jamais vues auparavant, sont montées au front.

L’attaque a été lancée par l’Ukraine pour des raisons politiques, sous la pression de ses sponsors “occidentaux“. Sur le plan militaire il est peu probable qu’elle soit couronnée de succès, elle ne fera que ronger ce qu’il reste des capacités militaires de l’Ukraine.

Des attaques ont eu lieu tout le long de la ligne de front. Au nord, vers Belgograd, à l’est et, avec le plus de forces, vers le sud. Jusqu’à présent, aucune de ces attaques n’a été couronnée de succès.

Le rapport quotidien du ministère russe de la défense fait état des pertes ukrainiennes au cours des dernières 24 heures : 910 soldats, 16 chars, 33 véhicules blindés de combat/véhicules de combat d’infanterie et une trentaine de camions.

Jusqu’à présent, seules les positions les plus avancées des troupes russes ont été attaquées. Derrière elles, il y a deux ou trois lignes de défense bien organisées. Les Russes peuvent se replier à tout moment et laisser l’artillerie et l’aviation détruire leurs ennemis.

Comme je l’ai écrit précédemment, des attaques en direction de Tokmak et de Melitopol ne sont pas à exclure :

Du point de vue de la valeur stratégique, la cible choisie est la bonne. Cependant, c’est aussi celle où les militaires russes ont préparé leurs lignes de défense les plus solides.

Dans les livres militaires, on parle de “défense en échelon“, avec trois lignes de positions bien préparées, distantes de dix kilomètres les unes des autres. Chaque ligne se compose d’obstacles pour les chars, de ceintures de mines, de positions antichars préparées pour surveiller et contrer les tentatives de percée potentielles et d’un soutien d’artillerie bien préparé depuis l’arrière de la ligne de défense suivante.

Il est pratiquement impossible d’ouvrir une brèche sans soutien aérien et sans un avantage significatif en termes d’artillerie.

Il peut encore y avoir des attaques plus importantes dans d’autres directions. Mais combien ?

Comme le fait remarquer un ancien officier suédois :

Le 4 juin, l’UkrAF a intensifié ses opérations offensives sur le front sud, mais les pertes sont trop élevées pour permettre un succès à long terme. Les opérations précédentes étaient principalement des reconnaissances en force avec des groupes de combat de la taille d’une section ou d’une compagnie. Hier, les forces ukrainiennes semblaient être des groupes de combat de la taille d’un bataillon. Selon le ministère russe de la Défense, 8 bataillons de l’UkrAF ont participé à des opérations offensives au sud-est de Mala Tokmachka (1), sur le saillant de Vremivka (2) et à l’est de Vuhledar, en direction de Velikonovoselovka (3). Les combats ont été intenses, mais sur la plupart des points, les forces ukrainiennes ont été repoussées, principalement par l’artillerie et les attaques aériennes russes. A certains endroits, l’UkrAF a réussi à avancer de quelques centaines de mètres.

[Si les chiffres russes sont exacts], les perspectives d’une contre-offensive ukrainienne semblent très faibles. Et ce, même si l’on ne tient pas compte de l’intense offensive aérienne et d’artillerie russe en cours contre les concentrations de troupes, les dépôts de munitions et de carburant de l’UkrAF.

Avec des pertes de plus de 1000 hommes, cela signifie qu’une brigade ukrainienne de 4000 hommes perd au moins 25 pour cent de ses effectifs. Cela rend une brigade quasiment inutilisable. Deux jours de combat avec de telles pertes détruiraient la capacité de combat d’une brigade. 24 jours avec de telles pertes détruiraient de fait l’ensemble des 12 brigades que l’UkrAF a rassemblées pour la contre-offensive. Avec des pertes d’environ 12 brigades, 25 000 hommes, 250 chars et 1000 IFV/APC, toutes les réserves stratégiques que l’UkrAF a constituées au cours des six derniers mois disparaîtraient. En échange, la partie ukrainienne pourrait avancer de 10 km à certains endroits ou plus généralement de 2 à 3 km sur la moitié du front sud.

Une fois de plus, SI les affirmations russes sont vraies, la RuAF doit se sentir soulagée et l’UkrAF très inquiète des résultats des combats sur le front sud le 4 juin.

Je soupçonne fortement l’armée russe de laisser les attaques ukrainiennes suivre leur cours pour ensuite lancer ses propres attaques à plus grande échelle contre des défenses ukrainiennes affaiblies.

Moon of Alabama

Traduit par Wayan, relu par Hervé, pour le Saker Francophone

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