Aujourd’hui, à l’Assemblée Nationale, le député macronard Benjamin Haddad rapportait une proposition de loi visant à rendre obligatoire le pavoisement européen sur la façade de nos mairies, à côté du drapeau français. Nous reviendrons demain sur l’attachement très intense de ce député à la défense des intérêts américains en Europe. Le même député a d’ailleurs fait adopter le même jour une résolution visant le groupe de mercenaires russes Wagner. On ne sera pas étonné de voir l’étroite connivence entre l’ingérence américaine dans nos affaires intérieures et la défense de “l’Europe” de Bruxelles, qui n’est autre que l’Europe de la bureaucratie et de la vassalisation par les marchés, au sens technique du terme. Comment croire que ce catéchisme roboratif puisse être adopté volontairement par les Français qui sont porteurs, par leur histoire, d’un tout autre projet pour le continent.
En 1944, au Trocadéro, Léon Degrelle affirme que la France n’est rien sans une Europe unie…
Il ne m’a pas semblé inutile de rappeler l’origine de ce mantra macronard, en vigueur dans la caste, selon laquelle la France ne serait rien sans l’Europe. Cette idée était déjà défendue par l’officier SS belge Léon Degrelle au Trocadéro en 1944, dans le discours dont un extrait est reproduit ci-dessus. Un peu d’histoire ne fait jamais de mal : l’idéal européen tel que la Communauté Européenne l’a incarné au sortir de la guerre n’est pas une invention spontanée des démocraties. Il fut conçu avant la guerre et, dans une large mesure, il a rassemblé sous sa bannière de nombreux nationaux-socialistes.
L’Union Européenne, un projet américain ?
Ce que l’Allemagne nazie n’a pu réussir par la barbarie et la violence, les Etats-Unis l’ont fait après 1945, grâce à une technique d’influence très bien décrite par Eric Branca dans son excellent ouvrage L’ami américain. L’Europe des régions, telle que François Hollande l’a pratiquée pour créer de “grandes régions” en France, n’est d’ailleurs que l’une des facettes du projet américain de démembrement des vieilles nations européennes auquel le général De Gaulle s’était vaillamment opposé. Ce projet reposait sur une administration du continent directement pilotée par les États-Unis, sans s’embarrasser des vieilles résistances nationales.
Créer un grand marché européen pour vendre plus facilement les produits américains ! Tel est le projet initial que l’oncle Sam a eu l’intelligence de nous vendre en mettant en avant des idéaux généreux : faire la paix dans un continent dévasté par la guerre, unir les peuples, et autres fadaises qui sont devenues des automatismes dans la propagande contemporaine. Malgré la guerre en Yougoslavie qui a éclaté dès la chute du Rideau de Fer, il existe encore des dirigeants français qui font mine de croire que la paix relative qui existe en Europe depuis 1945 est due à l’Union, et non à la bipartition du continent…
Depuis plusieurs décennies, l’Union Européenne s’ingénie à étouffer les affirmations nationales de ses membres, pour mieux expliquer que, face à l’impérium américain, aucun d’eux n’a une puissance suffisante pour exister par lui-même. D’une certaine façon, l’idéal européen n’existe qu’en appliquant l’adage : on tue son chien en disant qu’il a la rage. La Commission Européenne, la caste en France, ne dit rien d’autre de notre propre pays. Et pour mieux le prouver, rien ne vaut un abaissement systématique des ambitions françaises. C’est ce qu’on appelle, en rhétorique, une pétition de principe : la France est petite parce qu’on la rend petite.
Quel est le contenu de ce projet européen : celui d’une union douanière, monétaire, commerciale, à la façon de l’Allemagne façonnée par la Prusse au dix-neuvième siècle, à l’époque du Zollverein. Et que dire de l’Union Européenne telle que nous la connaissons, telle que nous la subissons, si ce n’est qu’elle est une création américaine qui profite secondairement à l’Allemagne, et qui permet à notre ami transatlantique de vendre abondamment ses produits sans barrières protectionnistes ?
Une Europe de la bureaucratie n’est pas notre Europe
Au fil des ans et des décennies, cette Europe est devenue le terrain de jeu naturel d’une caste qui se croit mondialisée parce qu’elle baragouine trois mots d’anglais et qu’elle passe ses vacances en Floride. C’est bien tout ce que nous reprochons aujourd’hui à cette création destinée à faciliter le libre-échange, c’est-à-dire l’exportation des produits américains sur notre sol, sans s’occuper de ce que nous sommes, de ce que nous fûmes, de ce que nous serons. Pour ces parvenus de l’Histoire, le vieux continent est un marché unique qui doit être piloté à distance pour acheter, pour consommer, sans semer d’embûches sur le chemin de cette expansion américaine à peine déguisée.
Pour réussir ce projet, il faut le vider de tout contenu politique ou moral. Il lui faut une bureaucratie aux ordres pour administrer l’ensemble sans état d’âme, et il faut à tout prix y neutraliser toute velléité d’indépendance, d’autonomie, d’aspiration politique ou économique. Bref, l’Europe telle que le Deep State américain l’a conçue dès les années 40, est un ensemble sans âme qui doit remplir sa fonction économique et commerciale, et qui doit s’en contenter.
Si l’on excepte Jacques Delors, qui est en partie sorti de ce cadre, en son temps, les autres Présidents de la Commission Européenne ont été choisis pour respecter cette feuille de route très stricte : des règlements pour construire des marchés uniques, des accords commerciaux, et rien d’autre. L’Union Européenne, c’est le paradis d’une bureaucratie imbue de son imaginaire supériorité, et une mise en coupe réglée des vieux peuples qui ont transformé ce continent en locomotive de l’histoire pendant plusieurs millénaires.
L’Europe, quelle identité ?
Quelle Europe serait notre Europe ?
Comment oublier l’étrange nature historique du continent européen, de cette espèce d’excroissance géographique, de cette sorte de plage tournée vers l’Ouest où, depuis plus de 200.000 ans, des peuples ont connu une vie précaire, mais avec une culture florissante et une capacité d’invention hors norme, désormais comme chloroformée par l’allié américain ? De cette histoire mouvementée, parfois chaotique, sont nées une multitude de peuplades qui, tout en vivant ensemble, ont conservé des différences qui sont autant de richesses.
L’ironie de l’histoire est d’ailleurs de voir que ceux qui font aujourd’hui l’éloge de la diversité sont les premiers à culpabiliser celle qui existe en Europe. C’est absurde.
Il existe un destin européen qui ne pourra durer s’il repose sur la dilution de ce que nous sommes, et sur la mise sous administration permanente par des bureaucrates aseptisés. Prendre l’Europe par le petit bout des marchés unifiés n’a pas de sens. L’Europe ne peut être prise que par son destin de creuset où se rencontrent des peuples bouillonnants dont la volonté d’indépendance, de liberté et de grandeur ne peut s’accommoder à la soumission aveugle aux États-Unis dans laquelle nous sommes désormais contraints de vivre.
Le destin de l’Europe n’est pas d’être un satellite américain, mais d’être un ensemble ouvert, intelligent et respectueux des différences qui distinguent ses composantes.
Source : https://lecourrierdesstrateges.fr/2023/05/09/pourquoi-leurope-de-la-bureaucratie-et-des-marches-ne-sera-jamais-la-notre/
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