Deux fonctionnaires du département du Trésor se rendront chez les alliés européens pour exiger la fin des échanges avec la Russie.
La Maison-Blanche entend envoyer un message clair à ses partenaires européens dans la guerre économique contre la Russie : « Vous êtes avec nous ou contre nous ». Deux fonctionnaires du Trésor américain se rendront le mois prochain chez leurs partenaires d’Europe et d’Asie centrale pour exiger l’application de toutes les sanctions à l’encontre de la Russie.
Les fonctionnaires du Trésor Liz Rosenberg et Brian Nelson rencontreront des dirigeants d’institutions financières en Suisse, en Italie et en Allemagne. L’AP rapporte que les fonctionnaires auront un message simple : « 1. Continuez à fournir un soutien matériel à Moscou ou 2. Continuez à faire des affaires avec des pays qui représentent 50% de l’économie mondiale ».
Rosenberg et Nelson fourniront à leurs homologues européens des renseignements sur les personnes soupçonnées d’avoir enfreint les sanctions. Si ces pays ne parviennent pas à sévir contre ceux qui continuent à faire des affaires avec la Russie, Washington menace d’imposer des « pénalités ». Il est difficile de savoir jusqu’où l’administration de Joe Biden est prête à punir les alliés de l’OTAN pour avoir violé les sanctions.
Cette politique fait écho à la doctrine du président George W. Bush selon laquelle les pays doivent soit s’aligner activement sur Washington dans ses guerres au Moyen-Orient, soit être considérés comme travaillant « avec les terroristes ».
On ne sait pas encore comment l’Europe réagira aux menaces de l’administration de Joe Biden. Certains membres de l’UE se sont prononcés en faveur d’un plan qui lèverait les sanctions contre l’industrie biélorusse des engrais.
En outre, l’application de sanctions plus strictes pourrait menacer l’accord d’exportation de céréales de la mer Noire. Cet accord, négocié par la Turquie et les Nations unies, permet aux ports ukrainiens de la mer Noire, fortement minés, d’exporter des produits agricoles. Moscou s’est montrée disposée à prolonger l’accord à plusieurs reprises, mais menace d’y mettre fin en raison des sanctions occidentales qui empêchent la Russie de profiter des avantages de l’accord.
Après l’invasion de l’Ukraine par la Russie l’année dernière, la Maison Blanche a déclenché une série de sanctions qu’elle considérait comme une arme nucléaire économique. Toutefois, la tentative d’isoler l’économie de Moscou a largement échoué. Si le rouble russe a chuté ces derniers jours, Moscou a résisté aux sanctions pendant la majeure partie de la guerre en augmentant ses échanges avec l’Asie.
Washington s’est contenté de rallier ses alliés de l’OTAN et d’autres partenaires proches à l’adoption des sanctions. Entre-temps, la Chine a ajouté de nouveaux pays à son Organisation de coopération de Shanghai, et l’Arabie saoudite et la Turquie sont deux des derniers membres potentiels.
En devenant membre de l’OCS, le président iranien Ebrahim Raïssi a fait remarquer que plus les États-Unis sanctionnent de pays, plus ces nations ciblées peuvent coopérer en tant que partenaires commerciaux : « Les relations entre les pays sanctionnés par les États-Unis, comme l’Iran, la Russie ou d’autres pays, peuvent permettre de surmonter de nombreux problèmes et de les rendre plus fortes », a-t-il déclaré. « Les Américains pensent que quel que soit le pays auquel ils imposent des sanctions, il sera stoppé, mais leur perception est erronée ».
Source : Antiwar via Euro-Synergies
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