Selon l’institut de recherche de Toyota, le manque de lithium pour les batteries va se faire sentir au cours des 15 prochaines années, et cela en dépit de l’ouverture de nouvelles mines. Les tensions sur la transition vers la voiture électrique vont donc durer.
On le sait : le lithium est actuellement une ressource essentielle pour l’avenir de l’humanité en raison d’une consommation de batterie qui ne cesse d’augmenter. Or, cette consommation est sur le point d’entrer dans une nouvelle phase de croissance, nettement plus forte encore en raison du passage à la voiture électrique. Cette situation nécessite naturellement une série d’ajustements et notamment le développement des filières de production des matières premières, dont le lithium qui est aujourd’hui un composant essentiel à la fabrication des piles.
Or, l’approvisionnement en lithium est aujourd’hui limité, car il y a un net décalage entre offre et demande, ce qui a entraîné ces derniers mois une escalade dans les prix. Pour Gill Pratt, CEO du Toyota Research Institute, qui a été interrogé par L’Écho, il y a actuellement une épée de Damoclès qui plane au-dessus de nos têtes. Car, selon l’AIE (Agence Internationale de l’Énergie), si toutes les politiques mondiales deviennent réalité, le manque de mines sera multiplié par deux. Et, selon ce spécialiste, les ouvertures programmées ou prévues de nouvelles mines ne suffiront absolument pas à combler le déficit de production.
Une situation difficile pendant 15 ans ?
Selon Gill Pratt, les constructeurs sont bien conscients du problème et ils s’attendent à ce que les prix du lithium restent encore élevés pendant une période allant de… 10 à 15 ans ! Dans ce contexte, il faut s’attendre à ce que la transition soit en partie freinée, car le temps d’ouverture d’une mine est long, ce qui tendra aussi à freiner l’ouverture de nouvelles usines à batteries.
Dès lors, il n’y aurait pas d’autre solution que de réduire la capacité des batteries, car, il faut bien l’avouer, la range anxiety (ou peur de la batterie vide) est souvent infondée et elle pousse une majorité d’automobilistes à choisir des voitures électriques dotées d’une autonomie de 500 km alors qu’ils n’en parcourent qu’une trentaine par jour. Or, choisir une voiture électrique bien calibrée pour l’autonomie permet de réduire encore plus l’empreinte CO2 du véhicule puisqu’il ne doit plus être équipé d’un pack démesuré en regard de son usage.
La voiture à hydrogène, mais pas tout de suite
Impliqué aussi dans la voiture à hydrogène, le CEO du centre de recherche de Toyota estime que ce mode de déplacement ne se déploiera pas à court terme. Pourquoi ? Car, l’industrie doit préalablement se transformer et arriver à produire massivement de l’hydrogène vert, et pas ceux des autres couleurs qui, compte tenu de leur processus de fabrication, présentent des empreintes assimilables à celles du pétrole ou du gaz. Il est clair qu’à terme le marché de l’hydrogène deviendra neutre en carbone. Mais actuellement, il ne faut donc pas tirer de plan sur la comète, car les spécialistes ignorent en fait le moment où la voiture à hydrogène – ou plutôt les camions, car les piles à combustible sont probablement mieux adaptées aux gros véhicules – pourra prendre son envol.
La voiture électrique ne résoudra pas tous les problèmes
Cela dit, selon Gill Pratt, il ne faut pas s’attendre à ce que les voitures électriques résolvent tous nos problèmes climatiques. En effet, étant donné la rareté des matériaux, il vaut sans doute mieux équiper une majorité de voitures avec des petites batteries (c’est-à-dire équiper des hybrides et hybrides rechargeables) que de capitaliser sur une masse de voitures 100% électriques qui ne pourront de toute façon pas être construites. L’approche reste donc raisonnée chez le plus grand constructeur du monde. Et ça fait sens.
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