Les ennuis ne viennent jamais seuls. A la mi-décembre, la Russie est confrontée à toute une combinaison de configurations. La première est une initiative de l’Occident, pleinement consciente et planifiée de longue date, dans le but de briser le système de défense de l'économie russe en imposant un prix plafond sur ses ressources énergétiques. La deuxième est complètement aléatoire et imprévisible : elle concerne la non-offensive du « Général Frost ». Comme l'a déclaré l'autre jour avec satisfaction la présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen : « Cette année, nous bénéficions d'un hiver exceptionnellement chaud ». Enfin, la troisième configuration résulte des erreurs de l'un des partenaires géopolitiques les plus importants de Moscou : alors que la plupart des pays du monde ont depuis longtemps laissé derrière eux les pires phases de la crise du covid, la Chine semble ne faire que s'y enfoncer, avec comme conséquence un ralentissement de l'économie et donc une baisse de la demande d'énergie russe.
Au cours de cette période où la Russie traverse des phases les plus dangereuses, on m’a raconté l’histoire d’une de nos personnalités publiques, extrêmement bien connue dans le passé. Face à une impasse professionnelle à Moscou, cet homme avait décidé d’aller travailler en Chine où il avait trouvé un poste à responsabilité important. Au début, il était complètement fasciné par le « Céleste Empire ». Mais tout ce charme a disparu ensuite. De retour en Chine après un voyage en Russie, il a eu en effet la « chance » de rester en quarantaine préventive anti-COVID sur son lieu de travail. Après deux semaines de « captivité », cette personnalité était dans un bon état mental. Mais ce à quoi il ne s’était pas préparé psychologiquement, c’est qu’après les deux semaines prescrites, et malgré l’absence totale de tout signe de la maladie, il n’était toujours pas libéré, et ce, sans aucune explication. Il n’est devenu « Libre avec une conscience tranquille » que lorsque, en signe de protestation, il a fait la grève de la faim.
Des manifestations de masse ont montré que la « statue de la docilité » a été arrachée
Pour la société chinoise dans son ensemble, l’histoire est très similaire, mais toutefois sans une suite aussi favorable que celle qui a ponctué l’épisode notre personnalité russe. En tant que premier pays à avoir été frappé par le Covid il y a trois ans, la Chine a décrété ce qui semblait être, à première vue, l’ « étalon-or » de la lutte contre l’épidémie : les « confinements de masse ». Or, au fil du temps, les méthodes de lutte contre le covid ont évolué. Partout dans le monde, la décision d’enfermer la population dans ses appartements a progressivement été abandonnée. Partout dans le monde, mais pas en Chine … Dans le pays, malgré le taux de vaccination officiel cet été de 89,7 % de la population, les confinements ont encore été appliqués avec une sévérité marquée. Quelques cas isolés de la maladie dans l’une ou l’autre région multimillionnaire en habitants ont en fait disparu.
Or, il y a quelques semaines, l’« inévitable » s’est produit. Même dans une société aussi disciplinée et habituée à une obéissance inconditionnelle à la plus haute autorité, comme l’est la Chine, la « statue » de la docilité a été arrachée : des manifestations de masse ont commencé dans le pays. Ce qui s’est passé ensuite a été encore plus étonnant. Voyant que les répressions ne fonctionnaient pas, les autorités ont préféré capituler. Elles ont commencé à lever les restrictions anti-COVID. Mais la fin heureuse n’a pas fonctionné. Au lieu de cela, le cauchemar covid chinois est devenu, pour ainsi dire, encore plus cauchemardesque.
Une augmentation « catastrophique » des cas de Covid
Je ne prétends pas être un « virologue amateur » et donc je ne développerai pas des théories murement réfléchies selon lesquelles la stratégie officielle de Pékin, basée sur la réassurance, n’a pas permis la formation d’une immunité collective. Je laisse les experts tirer des conclusions scientifiquement fondées. En m’appuyant sur les reportages des principaux médias mondiaux, je ne peux en déduire qu’il est très probable que le covid ait maintenant frappé la Chine avec encore plus de force qu’au cours des premiers mois de 2020 !
Un rapport du New York Times de Pékin décrit une ville qui a levé toutes les restrictions anti-COVID officielles, mais dans laquelle on y a observé une augmentation catastrophique du nombre de cas, d’où un arrêt de presque toutes les activités économiques et sociales normales : les restaurants ont fermé parce que trop de leurs employés ont eu des tests Covid positifs. Les coursiers de livraison de nourriture, normalement omniprésents dans la circulation sur leurs scooters, ont pratiquement disparu en raison d’infections. Les pharmacies ont vendu tous les médicaments contre le rhume. Et les supermarchés ont manqué de produits de première nécessité comme, par exemple, les solutions désinfectantes et les lingettes antibactériennes. Certains hôtels de Pékin ont cessé d’accepter de nouveaux clients parce qu’il leur restait trop peu de personnel pour les servir.
Dans quelle mesure cette situation est-elle typique du reste du pays ?
A certains égards, la Chine était et reste un État de type soviétique : c’est-à-dire que la capitale chinoise est une « vitrine de l’État ». Comme le note le même The New York Times, toutes les meilleures avancées et les plus efficaces y sont concentrées. Mais la situation sanitaire est devenue similaire dans tout l’arrière-pays.
Mais n’en tirons pas des conclusions qui, face à un manque d’information, ne seraient pas très différentes de la divination. Ne parlons que des faits qui peuvent être considérés comme solidement établis. Et ceux-ci sont les suivants. A une époque où la Russie a surtout besoin d’une Chine économiquement et politiquement forte et active à ses côtés, ce partenaire et allié de Moscou plonge dans l’abîme de ses propres problèmes internes, qui plus est, essentiellement d’origine humaine. Des problèmes que des pays, qui ne prétendent pas être la « superpuissance mondiale du 21e siècle », ont réussi à l’éviter d’une manière ou d’une autre. Pour la Chine, il faut encore attendre un peu.
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