07 novembre 2022

Élections, piège à neocons ?

Élections-chaos aux USA, demain 8 novembre ? Certains le disent et annoncent des lendemains qui déchanteront affreusement, quand les Européens verront leur “modèle américain” s’effondrer dans un bordel à la fois trumpiste et wokeniste.

Mais le pire n’est pas toujours sûr, et peut-être Martin Armstrong (« Les États-Unis n'existeront plus après 2032 ») se laissse-t-il emporter par sa fougue catastrophique. Si l’on dit 1) qu’on ne sait ce que va donner le 8 novembre, et 2) qu’on ignore ce qui se passera après le 8 novembre, n’est-on pas plus prudemment juste. Dans tous les cas, pratiquement ignorées en Europe il y a un mois, ces ‘midterms’ sont devenues un facteur essentiel de l’évolution de la situation d’‘Ukrisis’ en Ukraine. Et alors, vue la situation aux USA, on s’aperçoit que les USA sont loin de mener à leur avantage la GrandeCrise, qu’en fait ils sont au moins en aussi mauvais état que nous, sinon pire. Personne, dans le bloc-BAO qui fait bloc, ne mène personne par le bout du nez dans cette aventure : ainsi, tout le monde aura sa déculottée.
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S’il fallait commencer par une ouverture un peu (à peine) dramatique et un petit peu (à peine, à peine) originale, ce pourrait être avec ces mots de Martin Armstrong, le fameux analyste indépendant, cette fois non pas sur son site, mais interviewé en tant que personnalité publique. Armstrong ne prend pas de gants et fait avec une constance louable dans le maximalisme du maximalisme maximal de la prospective, – ici, selon une ligne comprenant deux ou trois questions catastrophiques, qui contiennent évidemment leurs réponses, également catastrophiques :

• “Ces élections midterms, par avance annoncées comme fraudées, seront-elles acceptées par l’un et l’autre parti ?”

• “Y aura-t-il des élections présidentielles en 2024 ?”

• “Les USA existeront-ils encore en 2028-2029 ? Dans tous les cas, en 2032, n’en serons-nous pas quitte ?...”

Prenez votre souffle pour une belle bourrasque catastrophique pour les temps très rapprochés à venir. Armstrong et ses fameuses prédictions, dont certaines (pas toutes, certes) se sont avérées exactes, ne nous épargne rien, absolument rien. Malgré des analogies qui peuvent sans aucun doute paraître contestables, sinon complètement inacceptables (ce qu’il dit du Brésil et de Bolsanaro comme d’un ‘Trump tropical’ victime d’un complot globaliste conduit par un Lula, homme de Davos), ses prévisions pour les USA dès demain ouvrent des perspectives de fin d’une civilisation dont nous faisons, malheureusement, penseront certains avec bien des arguments, encore partie... D’où cette idée de l’importance de ces élections US qui, d’habitude, passent presque inaperçues, comme un simple processus de régularisation de la régulation des choses du système de l’américanisme.

« Alors, que prévoit notre Socrate pour la semaine prochaine?  Armstrong, dit : “Ça va être serré, et les Républicains ont une chance de prendre la Chambre.  Techniquement, ils devraient prendre la Chambre et le Sénat.  Mais je n’en suis pas sûr.  La corruption est si importante, c’est fou.  La Pennsylvanie a envoyé des centaines de milliers de bulletins de vote à des gens qui n'ont pas de papiers ou qui ne sont même pas américains.  J'ai reçu des e-mails de gens au Canada, ils reçoivent des bulletins de vote par correspondance.  Ils les ont envoyés au Canada. ...Où cela va-t-il finir, qui sait ?  C'est tellement corrompu, c’est au-delà de tout ce qu’on peut imaginer. Peu importe qui gagne.  Personne ne va accepter cette chose [le résultat de l’élection, quel qu’il soit], et c'est là le problème”.

» La tricherie sera tellement visible que le président Trump ne pourra peut-être même pas se présenter à la présidence dans deux ans.  Armstrong soutient que “nous pourrions même ne pas avoir d'élection en 2024.  Les choses ne s'annoncent pas très bien, et c'est probablement parce que cette élection ne sera pas acceptée.  Lorsqu'elle est si excessivement et visiblement corrompue, que faites-vous pour la prochaine?  Les États-Unis n'existeront plus après 2032.  Après 2028 et 2029, nous allons devoir redessiner un gouvernement à partir de zéro.  L'Amérique est en train d'être détruite. Les républiques finissent toujours par une corruption absolue.  Nous venons de voir la même chose se produire au Brésil.  Ils ont mis en scène un effort majeur pour éliminer Bolsonaro... C’est un effort mondial.  Ils devaient se débarrasser de Trump.  L’autre qui s'est mis en travers de leur chemin est Bolsonaro.  Puis il y a Poutine (Russie) et Xi Jinping (Chine).  Je pense que les historiens se pencheront sur cette situation dans 50 ans et qu'ils appelleront cette période ‘les guerres du Changement climatique’. Ils essaient d’éliminer autant de capacités énergétiques pétrolières que possible”.

» Armstrong continue de percevoir partout des signaux très forts sur la violence domestique.  Armstrong explique : “Notre ordinateur montre que [ces élections vont] être un lancement tonitruant de la volatilité et des troubles civils pour l’année prochaine”. »

Après cela, peut-on encore analyser rationnellement ces élections US de demain ? Mais justement, sommes-nous en un temps, dans ces temps-devenus-fous, où l’on peut encore prétendre analyser rationnellement les choses et ne pas aboutir à un résultat catastrophique, fou, désintégré ? La raison elle-même (aidée de l’intuition, certes), nous dit, sans passion ni excès, que le résultat, l’effet, l’atmosphère résultant de ces élections US de mi-mandat et considérés sans passion ni excès, ne peuvent produire que “catastrophe, folie, désintégration”. Seuls les crétins-des-plateaux, nouvelle sorte de moutons arrogants, peuvent vous servir un petit entremet aux petits oignons comme défécation élégante de leurs réflexions. (Parce que pour eux, mon Dieu, l’Amérique c’est l’Amérique, vous comprenez ?)

Nous-mêmes, en Europe, n’avons prêté guère d’attention à l’arrivée de cette échéance électorale, bercés par l’illusion de la pérennité américaniste et niant en général l’extraordinaire état de dementia senile de Biden et les tendances totalitaristes du parti démocrate. Pour nous aussi, nous parlons de nous, obligeamment paraboliques, les ‘Européens-bienpensants’, la seule élimination de Trump comme acteur officiel suffisait à sauver décisivement le bloc-BAO de toutes les entreprises de déstabilisation et de subversion des complotistes et autres comploteurs animés par “la main du Kremlin”.

Note conjointe PhG/PhG-Bis : « Certes, ce ne fut en rien notre cas, ici à ‘dedefensa.org’ ! Nous avons continuellement déploré cet aveuglement européen à l’égard de la situation américaniste, activé par les incroyables illusions, délusions et interprétations faussaires chargeant et déformant totalement notre perception du rôle des USA dans la crise ‘Ukrisis’. Cela nous est même apparu comme le principal moteur de notre catastrophique politique, assez logiquement puisque les deux sont liés dans le même simulacre : autant l’affaire ukrainienne est perçue comme un simulacre pris pour le vrai, autant il en est de même pour notre perception de la situation américaniste. »

Soudainement, disons vers la mi-octobre, est apparu une sorte de courant de pensée selon lequel, après tout, les élections midterms pouvaient modifier la politique ukrainienne des USA si le Congrès basculait. (La démission de Tulsi Gabbard du parti démocratique [Voir les 12 octobre et 15 octobre 2022, illustrant notre constant intérêt pour elle et ce que son comportement nous dit de la situation US] eut assez de retentissement en Europe, à notre grande surprise pour le coup compte tenu de l’aveuglement européen, pour faire naître l’intérêt et l’interrogation concernant les résultats de cette élection, par rapport à ‘Ukrisis’.

Il est vrai, effectivement, qu’un courant puissant, d’une puissance qui a beaucoup pour nous surprendre, s’est révélé ces dernières semaines au sein d’une faction importante (les populistes-trumpistes) du parti républicain pour jeter quelque doute sur la pérennité du soutien US à l’Ukraine du Zelenskistan. Le voyage surprise à Kiev de Jack Sullivan, conseiller pour la sécurité nationale de Biden et directeur du NSC, en est a contrario un signe : Sullivan est venu “rassurer” Z. (« Paroles, paroles... ») sur le soutien US, selon un argument dont on peine à trouver la logique assurée ; mais surtout, il est venu demander sur le ton de l’exigence affectueuse une “offensive décisive” de l’Ukraine-Z, pour la reprise de la ville de Kherson...

« Sur la base des informations que j’ai, s’il semble évidemment impossible [que les Ukrainiens réussissent quelque chose d’assez important à Kherson pour peser sur les élections ( !)]... il existe une autre possibilité... Même si l’administration perd méchamment les midterms, les gens de l’administration comme Jack Sullivan pourraient vouloir malgré tout une sorte de victoire importante à Kherson, avant l’entrée en session du nouveau Congrès en janvier 2023... Certaines analyses circulent, qui disent que Sullivan est venu dire son grand intérêt pour Kherson et sa frustration que les Ukrainiens n’aient pas repris la ville... Maintenant, pourquoi veulent-ils la reprise de Kherson avant l’arrivée du nouveau Congrès ? Simplement parce qu’avec la situation actuelle d’une sorte de complète paralysie, il semblerait extrêmement difficile d’obtenir le soutien du nouveau Congrès pour la poursuite de la politique de soutien de Zelenski de l’administration, et la reprise de Kherson briserait cela... » (Alexandre Mercouris, le 6 novembre 2022)

Pour autant, il serait trompeur de placer la question de l’aide US à l’Ukraine à la place principale de l’enjeu des élections de demain. Ce qui domine l’élection, c’est un facteur insaisissable, incroyable de puissance, impossible à enfermer dans une appréciation rationnelle ni à réduire selon des arguments de bonne logique en faveur de l’entente. C’est le facteur de la haine qui divise l’Amérique, non pas raciale ni même idéologique, mais pathologiquement psychologique, d’une façon qui enferme toutes les querelles dans des arguments, idéologiques, “raciaux” (dans le sens de l’antiracisme fantasmé), etc., qui sont conçus pour ne jamais s’accorder.

La haine qui déchire le concept-Amérique, et dont les sentiments pour ou contre Trump sont une parfaite expression, est l’opérationnalisation d’une folie qui ne peut trouver évidemment le moindre apaisement. C’est dans ce sens, à cause de cette haine, que l’on devrait être tenté d’accepter quelques-unes des prospectives apocalyptiques d’Armstrong. C’est aussi dans ce cadre qu’il faut placer l’effet nouveau constaté de la crise ‘Ukrisis’ sur les positions des uns et des autres dans la campagne électorale.

Le soutien à Zelenski et la critique de ce soutien, quoi qu’il en soit des apparences de simulacre des élitesSystème, y compris des votes dans l’actuel Congrès, se fait selon les oppositions engendrées par la haine. Les élitesSystème, même si elles sembleraient devoir faire cause commune, sont trop faibles, surtout dans les campagnes électorales, pour résister à des pressions populaires qui s’expriment par tous les moyens de la communication exprimant son ‘effet-Janus’ à cette occasion.

Qu’importe enfin, puisque les événements décident pour nous, sans nous consulter, pour acter nos positions d’impuissance, de lâcheté, de soumission et de bêtise : que ce soit par le chemin de cette haine immonde, il y a une chance notable pour qu’un grain de sable aussi solide que du granit des hautes montagnes se place pour la gripper dans la mécanique de l’interventionnisme d’entretien absurde de cette guerre grotesque et sanglante.


Le bloc-BAO, plus bloc que jamais

En commentaire, dans cette deuxième partie, nous voulons revenir sur un aspect que nous ne manquons jamais de signaler. Car ainsi, évoquant ces élections, nous apparaît-il que la situation interne des USA n’est pas meilleure que celle des pays européens. Cela permet, à l’occasion de ces élections, d’offrir un redressement radical d’une rengaine répétée sans fin, à chaque occasion qui fait le larron, cette fois à l’occasion d’‘Ukrisis’.

Nous le signalions déjà et encore, il y a quelques jours, en commentaire d’un texte de James Howard Kunstler [JHK] :

« Le texte de JHK a la vertu de nous ramener aux catastrophiques réalités résumées par un mot : chaos, simplement, à chacun son type de chaos. La situation aux USA, quoique différente dans son style, ne vaut pas mieux que celle de l’UE (et elle se poursuivra et s’aggravera après les élections du 8 novembre). Chacun sa façon, chacun son chaos. Pour cette raison, il est bon de comparer les USA et l’Europe et de se dire : “Finalement, ils se valent bien dans leurs catastrophes respectives !”. Aucun ne domine l’autre, aucun ne manœuvre l’autre, ils sont tous emportés, tel un bloc-BAO, dans une catastrophe qui les mènera dans le même cloaque. Ils jouent aux grands planificateurs de la géopolitiques ou aux grands concepteurs bureaucratiques de la morale, alors qu’ils se rassemblent et se ressemblent tellement dans une commune désintégration. Ils sont frères d’incommensurable bêtise et d’inimaginable narcissisme, tout cela cuit à feu d’enfer à une sauce d’un hybris de bazar. »

Dans notre ‘Glossaire.dde’ consacré à l’expression ‘bloc-BAO’ (Bloc Américaniste-Occidentaliste) que nous utilisons si souvent, on trouve l’argument essentiel suivant. Depuis la crise des subprimes de 2007-2008 et l’interventionnisme néocolonialiste du “printemps arabe” commencée fin 2009 et qui vit des interventions coordonnés et parallèles entre les USA et les pays de l’UE, au contraire des interventions en Irak et en Afghanistan, déclenchée par les seuls USA dans la logique de leur refus de l’application [Wolfowitz à l’OTAN le 27 septembre 2001] de l’Article 5 du Traité de l’Atlantique Nord à la suite de l’attaque du 11-septembre, depuis cette rupture et ce temps-là, ces deux parties du ‘bloc‘ agissent de concert.

Il s’agit pour nous d’affirmer que, derrière les apparences et l’apprêt du simulacre qui sied tant à la psychologie de l’exceptionnalisme américanisme, il y a une unité de manœuvre où n’intervient guère, ni soumission, ni autoritarisme. C’est cet assez long passage qui explique le phénomène :

« Cette crise de 2008 et ses conséquences ont eu aussi, par le biais principalement de ce renouvellement spécifique de la terrorisation des psychologies des directions politiques et élites des pays du bloc BAO, un effet somme toute inattendu et original. La situation inégalitaire au sein du bloc BAO, entre les USA comme emblème de la surpuissance du Système et les autres pays (essentiellement européens) effectivement soumis au Système mais par l’intermédiaire de leur soumission aux USA, cette situation s’est radicalement transformée. Elle est devenue totalement égalitaire. Désormais, il existe une parité psychologique, un égalitarisme de perception de soi-même, entre tous les pays du bloc BAO, et singulièrement entre les USA et les autres pays du bloc. Nous ne parlons pas de situations stratégique, économique, militaire, etc., parce que notre discours est psychologique et parce que, et cela d’ailleurs justifiant notre méthode, tous ces domaines sont en flux constants et interdisent de fixer une situation ; nous parlons de la perception...

» Désormais, tous les pays du bloc BAO au travers de leurs élites et des psychologies terrorisées de ces élites, se perçoivent égalitairement, c’est-à-dire essentiellement libérés des liens de domination et de sujétion entre les USA et les autres... Cela ne signifie nullement la fin de la corruption et de l’influence US, comme par le passé, mais, contrairement au passé, cette corruption et cette influence s’exerçant à l’avantage de tous et apparaissant de plus en plus invertébrées, de moins en moins spécifiques. De même observe-t-on une homogénéisation des conceptions et des politiques, simplement par disparition de la substance au profit de l’apparence et de l’image. On serait conduit à observer qu’il s’agit là de ce fameux phénomène d’entropisation, qui est le but poursuivi par le Système ; but au moins atteint avec les psychologies de ces élites, mais de plus en plus sûrement d’une façon contre-productive.

» Cela peut sembler étrange à ceux qui continuent à évaluer les rapports des pays du bloc BAO en termes géopolitiques, stratégiques ou économiques, mais cela répond parfaitement à une évolution qui dépend désormais du système de la communication et s’exprime essentiellement par la psychologie. A cet égard, Barak Obama est un dirigeant américaniste idéal, par la souplesse et le détachement de son caractère, par sa recherche continuelle du compromis conçu comme moyen spécifique de gommer toutes les aspérités des apparences des relations. Cela n’empêche pas le Pentagone de poursuivre sa politique d’hégémonie bureaucratique par la multiplication de ses bases dans le monde, mais cette politique semble de plus en plus détachée de la direction politique US, voire de la politique spécifique des USA, permettant cet égalitarisme des directions politiques dont nous parlons. D’une certaine façon, c’est une globalisation qui s’est établi au sein du bloc BAO, ou bien une sorte de tissu de “global governance”, sauf que les fondations n’en sont ni la puissance de contrôle, ni l’autorité sur les populations et les pouvoirs qui les représentent, ni même le pouvoir tout court qui se dilue au profit des “centres de pouvoir” proliférant, mais bien cette psychologie terrorisée qui rend ce rassemblement incontrôlable et complètement improductif et stérile. »

Ukrisis’ dans le bloc-BAO

Nous estimons qu’‘Ukrisis’ implique complètement le bloc-BAO en tant que tel selon une commune vision catastrophique et absolument stupide des choses, et non les USA et l’UE, avec l’UE en commissionnaire soumis des USA, avec les USA ramassant toute la mise en coulant les économies de l’UE “à leur bénéfice”. Il n’y a aucune habileté de quiconque dans cette tragédie-bouffe mais bien, certes, une solidarité affirmée, une vision partagée, une ivresse de conserve, une intelligence paralysée mise précieusement en un simulacre commun,...

• La phase néocolonialiste et offensive à ciel ouvert de l’attaque de l’Ukraine n’a pas été lancée par les USA, quel que soit le génie des arrière-pensées brzezinskistes, sinon georges-washingtoniennes dans les années1790. C’est l’UE qui déclencha la crise-Maidan en novembre 2013, en mettant le président ukrainien Ianoukovitch devant un dilemme impossible : pour avoir son accord avec l’UE comme il le voulait, casser complètement l’accord avec la Russie (déjà la russophobie, – de l’UE, et avant ‘Russiagate’)... Et si Nuland dit au téléphone, en janvier 2014 à l’ambassadeur US à Kiev qui rappelait qu’il fallait informer l’UE de certaines mesures secrètes US, « que l’UE aille se faire foutre », c’est donc bien que l’UE était présente et partie prenante. Nuland, comme à son habitude, était juste un peu impatiente de passer à l’acte.

• Dévaster l’Europe, c’est en revenir au voyage du général Georges Marshall devenu diplomate, en Europe en 1946, lorsqu’il découvrit de visu l’ampleur inimaginable de la dévastation du continent. Aussitôt naquit l’idée du ‘plan Marshall’ pour redresser les pays européens et amarrer leurs économies aux USA (en évitant aux USA de retomber dans la Grande Dépression, principale obsession US de la guerre, préoccupation n°1 dans les sondages de 1940-1945 avant la victoire en n°2), sans quoi ce serait vers l’Est et le communisme, avec tous les PC nationaux à la manœuvre, que se tourneraient à terme les pays de l’Europe-sœur. Aujourd’hui se profile le même schéma et la même crainte, comme le montre, signe annonciateur, le voyage-surprise de Scholz en Chine.

• ... “Signe annonciateur”, mais sans aucun doute sans lendemain. Car si c’est un peu 1946 pour l’anecdote, ce n’est plus du tout 1946 pour le principal. Les USA sont cul par-dessus tête par rapport à 1946, au plus bas en 2022 comme ils étaient au plus haut en 1946, et leur “crise de système” est sans le moindre doute plus avancée que celle des pays de l’UE, quoique de même parenté (on est bloc, n’est-ce pas) qui concerne la dévastation de la psychologie. La comparaison s’arrête donc là, et la conclusion est bien que personne ne mène personne, que la soumission est générale, aussi bien US que UE, et qu’elle est l’acte de la part de tous par rapport à un Système fou. La “terrorisation de l’esprit” évoquée plus haut fonctionne essentiellement chez les élitesSystème, de façon inconsciente, ce qui nous donne une Annalena Baerbock, rendue inconsciemment folle par la terrorisation de son idéologie, qui défie son chancelier parce qu’il a osé aller à Pékin, qui devrait être licenciée du gouvernement comme un vulgaire employé du genre masculin, ou qui devrait démissionner, et rien du tout finalement, et toute cette tragédie-bouffe d’un instant conduisant Bhadrakumar à conclure : « Mais rien de cela ne se produira... ».

Non, le bloc-BAO est une trop belle idée-stupide, une bêtise comme celles de Cambrai dont on sait qu’elles sont issues d’une erreur, et le diable n’y résiste pas. On n’oublie jamais le beau résultat présenté par Guénon après une longue enquête sur le dénommé-Diable :

« L’on dit même que le diable, quand il veut, est fort bon théologien ; il est vrai, pourtant, qu’il ne peut s’empêcher de laisser échapper toujours quelque [bêtise], qui est comme sa signature... »

Plutôt que suivre de longues analyses extrêmement complexes, géopolitiques, saupoudrée des complots de diverses CIA-MI6, voire d’une éventuelle animation nucléaire, il faut en revenir à la commune “bêtise métahistorique” comme fruit principal d’un bloc qui s’est mis lui-même sous son empire en se plaçant sous celui du Système et offrant ainsi aux événements qui nous surmontent sans nous informer de rien, – le champ libre des cieux divins. On a vu d’ailleurs comment et avec quelle aisance jubilatoire l’infection de la “bêtise métahistorique” du wokenisme, largement plus efficace que le Covid, a passé l’Atlantique aller-retour pour infecter aussi bien le Pentagone que la Commission Européenne.

Ne cherchez pas à les séparer en créant des hiérarchies qui les attristeraient tant et nuiraient à leur bonheur. Tous transgenres et adeptes des mêmes audaces sociétales, ils nous imposent de constater : “Qui se ressemble s’assemble” [en bloc] ; et donc, comme chantait Juliette Gréco en ignorant, mais s’en fichant d’ailleurs, qu’elle saluerait trois-quarts de siècle plus tard une union de la Secte des catastrophes-associées pour œuvrer à la fin des Temps-devenus-fous :

« Marions-les, marions-les 
Je crois qu'ils se ressemblent 
Marions-les, marions-les 
Ils seront très heureux ensemble !
 » 

Source

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