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11 juillet 2022

Vers un changement de coalition gouvernementale en Allemagne à l’automne ?

Il est légitime de poser la question d'un changement de coalition en Allemagne à l'automne. Le scandale qui a suivi la fête d'été du parti du Chancelier (SPD) mériterait de figurer dans votre série politique favorite, sur Netflix ou Prime. On apprend ainsi que neuf femmes ont été victimes de la "drogue du violeur" - on a versé dans leur verre un stupéfiant pour pouvoir ensuite abuser d'elles. Surtout si les faits étaient confirmés par l'enquête de police, comment ne pas voir dans ce scandale une tentative de déstabilisation du Chancelier Scholz? Mais alors, pour quel scénario politique ?

Vous ne pensiez pas que “House of Cards” pouvait se dérouler à Berlin? Eh bien, détrompez-vous, mercredi 6 juillet au soir, le SPD, les sociaux-démocrates du Chancelier tenaient leur traditionnelle “fête d’été” (Sommerfest). Et neuf femmes y ont été victimes de la “drogue du violeur”; on a mis dans leur verre un stupéfiant pour les mettre hors d’état de résister à une éventuelle prédation sexuelle. 

Bigre! Neuf d’un coup. Y a-t-il un “gang des violeurs” au SPD? Qui veut la tête du Chancelier Scholz? Car c’est bien de cela qu’il s’agit. Associer le nom du Chancelier – lui-même déjà compromis et vraisemblablement tenu par des scandales financiers – à un scandale sexuel. On n’avait jamais entendu cela dans le plus vieux parti d’Allemagne. Gerhard Schröder est un grand séducteur – au grand jour. Willy Brandt et Herlmut Schmidt étaient connus pour leurs conquêtes – surtout le premier – mais personne n’aurait imaginé, dans les années 1960 et 1970, que la réputation du parti fût entachée par un scandale de viols, tentés ou commis, par des militants ou des sympathisants lors du “Sommerfest” (fête d’été) du parti. 

Friedrich Merz sera-t-il Chancelier à l'automne?

Pour quelle raison fragiliser encore le Chancelier Scholz, premier chef de gouvernement depuis 1949 à présider une coalition de trois partis? 

Certes l’Allemagne s’est couchée sur Nordstream 2, le gazoduc dans lequel elle avait investi des milliards d’euros et construit avec la Russie, pour acheminer le gaz russe à travers la mer Baltique. Mais le Chancelier est-il assez docile? L’Allemagne est plongée dans de sombres perspectives économiques. Je recommande le très bon résumé de François Asselineau dans un THREAD publié hier: 

Et le Chancelier Scholz a déjà donné des signes de modération relative – par exemple en traînant des pieds pour envoyer des armes à l’Ukraine. Nombreux sont les observateurs qui pensent que l’Allemagne pourrait recommencer à négocier avec la Russie à l’automne. 

A moins que….le Chancelier Scholz ne soit plus en place. Qui serait plus approprié, en effet que le chef du premier parti d’opposition, Friedrich Merz, qui fut, entre 2005 et 2021, dans la longue interruption de sa carrière politique que lui imposa son incompatibilité d’humeur avec Angela Merkel, partenaire, dans le secteur “corporate finance” du cabinet d’avocats germano-américain Mayer-Brown et, ce que son CV officiel sur le site du Bundestag oublie de mentionner, président du conseil de surveillance de BlackRock Allemagne, entre 2016 et 2020. 

Merz a le profil idéal pour travailler avec les Américains – à la fois l’administration Biden moribonde et la future majorité républicaine du Congrès, à partir de novembre. Et ceci dans une Allemagne qui serait touchée de plein fouet par la récession-boomerang des sanctions anti-russes.  il s’agirait de remettre l’Allemagne sur pied….aux conditions américaines. 

Et rien n’empêcherait que la CDU remplace le SPD comme partenaire des Verts et du FDP au gouvernement. Les trois partis ont ensemble 406 députés soit au-dessus des 368 requis pour la majorité absolue. 

Ceci n’est qu’une hypothèse. Elle a sans doute la faiblesse d’être trop rationnelle. Au moment où Boris Johnson est chassé du pouvoir par son propre parti et où Emmanuel Macron est engagé dans une bataille de boules puantes avec Mélenchon et NUPES, il faut envisager la possibilité que la classe dirigeante occidentale soit à bout de souffle et prête à succomber à ses propres contradictions. Il se peut que l’affaire du “gang des violeurs” soit, plus simplement que mon scénario à la “House of Cards”, un spasme d’un parti agonisant en proie à la décadence des moeurs dans l’Occident hédoniste. 

Rappelons-nous cependant que l’encouragement à la licence morale est un instrument favori de ceux qui établissent des tyrannies ou, a fortiori, des architectes du “Meilleur des Mondes”. 

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