Une mer de panneaux photovoltaïques à la place des pins maritimes, c’est une partie du projet Horizéo, envisagé par Engie et Neoen sur 1.000 hectares, à Saucats en Gironde. « Cette parcelle est située à l’ouest de la commune qui s’étend au total sur 8.921 hectares soit 90 % de Paris intramuros, pointe Bruno Clément, maire de Saucats, qui a donné un accord de principe au projet. Et 6.900 hectares de la commune sont recouverts de forêt donc il en resterait 5.900 si le projet se réalise, laissant les deux tiers du territoire toujours couverts par des pins. »
Les terrains convoités appartiennent à un groupement forestier qui les mettrait en location si le programme Horizéo se réalise. Un débat encadré par la commission nationale du débat public est prévu sur ce projet d’envergure, au premier semestre 2021.
« Un projet industriel pour la forêt »
Si le choix s’est porté sur la commune forestière de Saucats c’est d’abord parce qu’un poste de transformation RTE est installé à proximité du site et « offre une capacité rare en Nouvelle-Aquitaine voire en France d’injection d’une telle puissance d’énergies renouvelables [1 Gigawatt] », pointe Mathieu le Grelle, porte-parole pour Engie et Neoen. « Il faut avoir en tête que la forêt des Landes est à destination économique, ajoute-t-il. On vient emprunter un cycle biologique de la production de ses pins mais ils sont coupés régulièrement et en l’occurrence tous les 30 ans. »
La Sepanso, qui fédère des associations environnementales, s’alarme de l’ampleur du projet. « C’est déraisonnable, c’est un projet industriel pour la forêt. Le site les intéresse parce que c’est plat et que le prix du foncier est bas », réagit Philippe Barbedienne, le directeur Aquitaine de la Sepanso. La fédération a prévu de participer à la concertation mais ne cache pas sa méfiance vis-à-vis d’Horizéo. « La Sepanso est favorable aux énergies renouvelables mais il faut les développer sur des terrains déjà artificialisés, estime son directeur. C’est un projet de spéculation financière. S’il était vertueux, il se ferait sur des terrains déjà artificialisés, comme des toitures ou des parkings ».
« On n’artificialise pas les sols, on passe de bois à prairie, sous les panneaux il restera de la biodiversité », assure de son côté Mathieu Le Grelle. Ce qui inquiète davantage le maire de Saucats ce sont les conséquences de la coupe des pins sur la captation des eaux de pluies. Des études hydrologiques vont être menées pour vérifier qu’il n’y ait pas de risques d’inondation des plaines.
Quelles compensations ?
Si les porteurs du projet obtiennent une autorisation de défrichement, ils seront astreints à des obligations de reboisement. « On peut supposer qu’on nous imposerait pour un pin coupé, deux arbres replantés, soit 2.000 hectares à replanter, estime Mathieu Le Grelle. Les plantations auraient alors lieu sur des parcelles sinistrées par des tempêtes ou des maladies et qui ne séquestrent plus de carbone ».
Ce sera à n’en pas douter un enjeu fort du débat à mener avec les acteurs de la filière sylvicole et les associations de protection de l’environnement, très critiques vis-à-vis des mesures compensatoires. « La compensation c’est bidon, lâche Philippe Barbedienne. Ce n’est pas créer des forêts là où il n’y en a pas mais financer des projets déjà en cours de plantation. Les propriétaires qui coupent sont astreints à reboiser, et la compensation prévoit simplement de les subventionner ».
Un budget total d’un milliard d’euros
L’énergie produite par le parc solaire sera consommée localement par « les unités innovantes que sont le data center et l’électrolyseur [production d’hydrogène]. La majeure partie sera réinjectée sur le réseau », précise Mathieu Le Grelle. La plateforme se base sur un modèle de contrats de vente de gré à gré à des entreprises, en demande d’une alimentation en électricité verte.
Sur 10 à 25 hectares, le projet prévoit aussi de mettre l’énergie solaire au service de l’agriculture. « La partie agricole est très importante. Il y aura une utilisation mixte du sol avec des panneaux surélevés et mobiles [agrivoltaïsme] qui permettront de faire de l’agriculture biologique en circuit court pour alimenter nos cantines scolaires, qui servent 400 repas par jour », précise le maire de Saucats. « Il y a aussi des projets de serres qui pourraient être alimentées par la chaleur fatale issue du data center », ajoute Mathieu Le Grelle.
« C’est un projet pertinent car il offre une capacité d’injection et de production d’énergies renouvelables à un prix extrêmement compétitif sans mécanisme de soutien de l’Etat et en ça, c’est une avancée extraordinaire pour permettre d’accélérer la transition énergétique », promet le porte-parole d’Engie et Neoen.
Un budget estimatif d’un milliard d’euros a été mis sur pied pour la totalité du projet dans ses différents aspects.
Publié le 17/01/21 à 10h15
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