03 septembre 2021

« A-t-on encore le droit d’exercer son esprit critique ? »

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J’ai abondamment relaté sur cette électronique page les inconduites perpétrées à l’encontre des nombreux scientifiques, médecins et chercheurs probes ayant essayé d’apporter des éclairages contradictoires à la dérive idéologique totalitaire sévissant depuis 18 mois. Quand des allumés (on citera parmi eux Emmanuel Macron et Mauro Poggia) se permettent de traiter « d’ennemis de la démocratie » ou de « dictateurs » ceux qui osent réclamer un débat ouvert et honnête sur des décisions qui impactent la société dans son entier, on hésite à se pincer pour être sûr qu’on ne fait pas juste un mauvais rêve.

Quand de surcroît les décisions qu’ils imposent -ne souffrant, donc, aucune discussion- vont radicalement à l’encontre de toutes les bonnes pratiques en santé publique et ce que l’on sait devoir faire pour contenir une épidémie, que dans le même temps elles sont soutenues sans le moindre examen critique par la presse (certes achetée) et la classe politique tout entières, ce sentiment ne s’allège pas.

Les meilleurs épidémiologistes au monde (comme les Pr Ioannidis, Battacharya, Gupta, Toubiana, Giesecke et Kulldorf) ont souligné avec insistance que les mesures de contrainte n’avaient pas d’utilité avérée mais causaient des dégâts massifs. Parmi eux, le Pr Martin Kulldorf, épidémiologiste et biostatisticien à la Faculté de médecine de Harvard (à côté duquel les Pr Didier Pittet et Antoine Flahaut sont tout comme moi d’aimables nains de jardin en goguette), se désolait encore récemment :

« Les dommages collatéraux de ces confinements sur la santé publique sont donc quelque chose avec lequel nous allons devoir vivre et mourir pendant de très nombreuses années, malheureusement. Avec un impact sur la santé mentale qui aura été énorme et tragique.

Cette réponse à la pandémie est vraiment horrible et va à l’encontre des principes fondamentaux de la santé publique que nous suivons depuis de nombreuses décennies. C’est vraiment très regrettable. »

Aucune des mesures « non-pharmaceutiques » n’a démontré d’utilité – à part le lavage des mains.

Pourtant, nos autorités de santé et les hôpitaux universitaires n’ont cessé de les recommander à cor et à cris, avec des responsables politiques qui ont préféré hélas les écouter, peu importe la réalité de la science et des maltraitances infligées à la population.

La Suède n’a jamais imposé la moindre de ces mesures, le Texas, la Floride, l’Angleterre et maintenant le Danemark les ont levées sans la moindre conséquence dommageable pendant que nos dirigeants continuaient d’affirmer contre tout bon sens qu’on ne pouvait vraiment pas faire autrement -tout en coupant le nombre de lits de soins intensifs et en interdisant férocement (mais par des moyens détournés) l’utilisation de traitements précoces qui font merveille partout où on les utilise !

C’est dire si la répression du débat pèse lourdement dans cette dérive qui continue envers et contre tout de transformer une épidémie qui serait aisément gérable en catastrophe.

Les garants du dogme et leurs chiens de garde veillent soigneusement au grain comme je l’ai souvent documenté ici.

Tenant un blog sur Mediapart, mon éminent confrère Laurent Mucchielli produit et repartage depuis dix-huit mois des articles de haute volée présentant les vraies données et avançant des analyses permettant de les appréhender au-delà de la propagande médiatico-politique. Directeur de recherches au CNRS, Mucchielli est connu et reconnu pour la qualité de ses travaux et sa rigueur intellectuelle.

Et voilà qu’à la faveur d’une mise en lumière à nouveau aussi solidement documentée que possible portant sur l’invraisemblable mortalité post-vaccinale, réalisée avec d’autres chercheurs, la foudre s’est abattue sur l’audacieux : Médiapart a dépublié leur article au motif qu’il était contraire à la doxa officielle. Celle-ci (Poggia et Pittet ont récidivé l’autre soir) affirmant que les effets indésirables des vaccins géniques sont exceptionnels et toujours sans gravité (si, si) il va de soi que les 20’000 morts et 2’000’000 d’effets secondaires post-vaccinaux signalés en Europe -alors que l’on sait que moins de 10% des incidents sont réellement signalés- font désordre.

On a donc vu un tir de barrage insensé être déclenché, tirant toutes les ficelles de la mauvaise foi si chère à Mauro Poggia : l’imputabilité des décès a été questionnée, comme si a priori une personne mourant inopinément dans les jours suivant une vaccination serait sans discussion morte de toute manière ! Ce qui peut bien sûr être parfois le cas, mais certainement pas d’une manière conduisant à balayer d’un revers de main une pareille hécatombe.

La question de l’imputabilité se pose bien sûr ici comme ailleurs, mais avec une mauvaise foi patente des concernés, qui ne l’ont jamais soulevée en ce qui concerne les morts « du » Covid, rubrique sous laquelle on a amalgamés tous les décès quelles qu’en soient la cause. On arrive donc au rondelet compte des morts « du » Covid qui permet à Didier Pittet d’affirmer de manière intellectuellement malhonnête que l’on n’a jamais rien vu de tel depuis la grippe espagnole.

Omettant bien sûr de dire que si l’on est à 4 millions de morts attribués au Covid depuis novembre 2019 à l’échelle mondiale, il y a bon an mal an de 4 à 6 millions de décès dus aux infections respiratoires chaque année… et que les morts attribués au Covid sont alignés en âge médian sur l’espérance de vie. On pourrait demander à Didier Pittet  quelle était la moyenne d’âge des décédés de la grippe espagnole, mais aucun journaliste ne perdra bien sûr son temps à questionner les propos tendancieux et alarmistes de l’épidémiologiste genevois, relevant selon toute vraisemblance de l’article 258 du code pénal.

Or donc, les vaccins géniques proposés à la hâte pour le plus grand profit des pharmas (mais pas de la santé publique) ne sont ni sûrs ni efficaces. Si Poggia&Pittet incantationnent que 90% des hospitalisés Covid+ actuellement en Suisse ne sont pas vaccinés, on voit à l’inverse une large majorité de patients vaccinés hospitalisés dans une flopée de pays plus avancés que nous dans le taux de vaccination. Zut alors ! Et surtout : silence radio… Que le bon peuple ne vienne surtout pas à l’apprendre à l’heure où les partis (conduits par des Verts décidément décérébrés) réclament une « Journée nationale de la vaccination » !

Pour avoir attenté au dogme vaccinal (et même si celui-ci craque désormais sous toutes les coutures), Laurent Mucchielli a eu droit à une campagne de bashing haineuse et scélérate comme l’époque le privilégie. Des « confrères » (c’est fou le nombre de mal-intentionnés dès lors que des coups de pied de l’âne peuvent être donnés) publièrent même dans les colonnes du Monde une condamnation publique parfaitement imbécile.

Juste retour de flamme, une prise de position signée par 400 chercheurs, universitaires et professionnels questionne cette confiscation du débat. C’est un honneur pour moi de la re-publier ici dans son intégralité, en geste de soutien envers Laurent Mucchielli et tous les courageux qui osent braver les foudres de la dérive totalitaire en cours. Le sociologue ayant par ailleurs répondu à ses confrères dans un article brillant, je le re-publie intégralement ici avec le lien vers la publication originale.

Tribune : « A-t-on encore le droit d’exercer son esprit critique en France? »

Dans une tribune exclusive publiée par QG, plus de 400 chercheurs, universitaires, soignants, juristes, artistes et enseignants, dénoncent la censure inédite opérée autant par les médias que par les GAFAS au sujet de tout ce qui contredit le discours officiel sur le Covid. Chasse aux sorcières, règlements de compte, rien n’est épargné aux personnes qui contestent le bien-fondé du pass sanitaire, et réclament simplement plus de transparence concernant le processus vaccinal, ainsi qu’un débat contradictoire sur la stratégie sanitaire nationale.

Aucun d’entre nous n’aurait cru possible ce que nous voyons se dérouler sous nos yeux depuis un an et demi. Non pas qu’une nouvelle épidémie vienne mettre à l’épreuve nos systèmes immunitaires individuels et nos structures collectives de santé. Cela, c’était prévisible. Mais que la gestion de cette épidémie vienne mettre en péril des valeurs démocratiques, des libertés et des droits humains acquis de haute lutte depuis la Révolution française, cela, c’était impensable. Et pourtant.

Liberté d’aller et venir, liberté d’expression, liberté de commerce, liberté syndicale, droit au travail, égalité des droits de tous les citoyens, non-discrimination dans l’accès aux biens, lieux et services de la société (dont l’accès aux soins et l’accès à l’éducation), confidentialité des données de santé… la liste est longue, très longue.

Les états d’urgence s’empilent les uns sur les autres. Le Parlement est traité comme une simple chambre d’enregistrement. Le Président de la République gère seul la situation avec un « Conseil de défense sanitaire » dont aucun compte rendu de réunions n’est consultable. Les médias de toutes tendances ne laissent quasiment aucune place au débat contradictoire et ils répercutent la communication gouvernementale sans distance. Les réseaux sociaux ne sont plus du tout le support de la liberté d’expression qu’ils vantaient à leurs débuts. Google (propriétaire de YouTube) et Facebook ne se contentent plus d’orienter nos pensées à l’aide d’algorithmes. Avec d’autres (Twitter, Linkedin, etc.), ils opèrent désormais une censure massive de tout ce qui contredit le discours officiel sur le Covid.

Dans un tel contexte, certains se croient tout permis. Les influenceurs se déchainent, les attaques ad hominem pleuvent, les règlements de compte s’étalent. On voudrait non seulement discréditer à coups d’amalgames infantiles (complotistes ! complices de l’extrême droite !), mais aussi radier, démissionner, évincer, en un mot faire taire. Beaucoup de celles et ceux qui – de par leurs emplois – constituent les élites se taisent, souvent par peur d’être à leur tour ostracisés. Tout ceci rappelle à certains égards l’époque de la chasse aux sorcières sous le Maccarthysme.

Par ce texte, nous (professionnels et bénévoles de la recherche, de la santé, de l’éducation, du droit et de la culture) appelons toutes les femmes et tous les hommes qui ont encore un fort attachement à la démocratie à la défendre de toutes leurs forces. Non, il ne saurait être interdit de discuter les origines du Sars-Cov-2. Ni interdit d’interpréter les statistiques de mortalité autrement que pour dire que nous risquons tous de mourir (discours de la peur). Ni interdit de dire que le refus de soigner précocement les personnes contaminées est un dogme imbécile qui, pour le coup, pourrait donner lieu à des poursuites en justice. Ni interdit de dire que les confinements font plus de mal que de bien aux sociétés. Ni interdit de questionner l’influence des richissimes industries pharmaceutiques sur le monde scientifique et médical, sur les gouvernements, sur les organismes supranationaux (OMS, UE) et sur les médias. Ni interdit de constater que si la vaccination ARNm protège en partie des formes graves de Covid, en revanche, comme le variant dit Delta le montre partout dans le monde, elle ne garantit ni d’attraper ni de transmettre le virus, ce qui invalide le principe même du « passe sanitaire ». Ni interdit de contester que l’on vaccine par contrainte ou par chantage les enfants et les adolescents pour qui la balance risque/bénéfice est très défavorable. Ni interdit de demander que l’on attende, pour vacciner certaines catégories de personnes à risque (les femmes enceintes par exemple), d’avoir plus de transparence et de données de pharmacovigilance. Ni interdit de manifester tous les samedis si l’on considère qu’il est intolérable de discriminer massivement les citoyens par le biais d’un laisser-passer sanitaire.

Les principes de liberté et d’égalité, de même que les droits humains fondamentaux, ne se discutent pas, ne se compromettent pas. Ils sont les socles de notre société politique et le vrai fondement de la cohésion sociale. La liberté d’expression est l’un de ces droits fondamentaux. Ceux qui tentent d’une façon ou d’une autre d’en empêcher l’exercice agissent contre la démocratie.

Vous souhaitez signer cette tribune? Voici l’adresse mail où le faire: tribune.liberte.expression@gmail.com

Les premiers signataires:

Laurent Mucchielli, sociologue, directeur de recherche au CNRS

Jean Roudier, professeur de médecine à Aix-Marseille Université

Christian Vélot, généticien, maître de conférences à l’Université Paris-Saclay

Jean-Paul Bourdineaud, microbiologiste, professeur à l’Université de Bordeaux

Jean-Michel Claverie, virologue, professeur émérite à Aix-Marseille Université

Aurélia Vessière, virologue et épidémiologiste à l’Université de Bordeaux

Philippe Balcou, directeur de recherche, sciences physiques

Juliette Rouchier, directrice de recherche au CNRS, économie et environnement

Jean Chéry, directeur de Recherche au CNRS, géophysique

Claude Escarguel, microbiologiste, ancien président du Syndicat national des praticiens des hôpitaux généraux, porte-parole du collectif de médecins « Azi-Thro-d’hospitalisations »

Gérard Maudrux, médecin, président honoraire de la caisse maladie des professions libérales et de la caisse de retraite des médecins

Paul Touboul, professeur de médecine à l’Université de Lyon, ancien chef de service à l’hôpital de Lyon

Michel Drancourt, professeur de microbiologie médicale à Aix-Marseille Université

Philippe Brouqui, professeur de médecine à Aix-Marseille Université

Xavier Pin, professeur de droit pénal à l’Université Lyon 3

Philippe Ségur, professeur de droit public à l’Université de Perpignan

Élise Carpentier, professeur de droit public à l’Université d’Aix-Marseille

Rafaëlle Maison, professeur des universités en droit public

David Lepoutre, professeur de sociologie à l’Université de Paris-Nanterre

Geneviève Massard-Guilbaud, directrice d’études à l’EHESS, chercheuse au CIRED

Manuel Zacklad, professeur en Sciences de l’Information et de la Communication au CNAM

Laurent Toubiana, épidémiologiste, chercheur à l’INSERM

Michel Deshaies, professeur de géographie à l’Université de Lorraine

Yannick Bruneton, professeur d’histoire à l’Université de Paris

Joëlle Le Marec, professeur de Sciences de l’information et de la communication au Museum National d’Histoire naturelle

Jean-Jacques Lottin, ancien vice-président de la Société Française de Santé Publique

Hélène Palma, maîtresse de conférences à Aix-Marseille Université, secrétaire générale de l’association « Enseignement, Recherche et Libertés »

Philippe Pognonec, directeur de Recherche au CNRS, Université de Nice

Claudie Rey, maître de conférences en sociologie à l’Université de Tours

Fabrice Colomb, enseignant-chercheur en sociologie à l’université Evry-Paris Saclay

Gaëtan Flocco, enseignant-chercheur en sociologie à l’université Evry-Paris Saclay

Guillaume Zambrano, maître de conférences en droit à l’Université de Nîmes

Bertrand Charrier, professeur des universités, directeur de l’IUT des Pays de l’Adour

Christopher Pollmann, professeur de droit public à l’Université de Lorraine

Serge Katz, maître de conférences en sciences de l’éducation à l’Université de Picardie Jules Verne

Thierry Oblet, maître de conférences en sociologie à l’Université de Bordeaux

Mélanie Guyonvarch, enseignant-chercheur en sociologie à l’université Evry-Paris Saclay

Nicolas Sembel, professeur de sociologie à Aix-Marseille Université

Nathalie Chapon, enseignante-chercheuse en sociologie à Aix-Marseille Université

Arnaud Rey, chercheur en psychologie au CNRS

Isabelle Aubert, maîtresse de conférences en sciences de l’ingénierie et du numérique à l’Université de Bordeaux

Patrick Martin, chargé de recherche (R) au CNRS, Université de Nice

Madalina Calamaz, maître de conférences à l’Ecole Nationale Supérieure d’Arts et Métiers

Sylvie Bordère, physico-chimiste, chargée de recherche au CNRS

Dan Ioan Muresan, maître de conférences en histoire à l’université

Nathalie Leroux, maîtresse de conférences en sociologie, Université Paris Nanterre

Christophe Brochier maître de conférences en sociologie à l’Université Paris 8

Igor Babou, professeur en Sciences de l’information et de la communication à l’université Paris Diderot

Carole Groussard, maitresse de conférences HDR en STAPS à l’Université de Rennes 2

Renaud Gabet, maître de Conférences, HDR, Institut Polytechnique de Paris

Agnès Lainé, historienne, membre de l’Institut des Mondes Africains

Colette Anné, mathématicienne au CNRS

Mathias Delori, chargé de recherche CNRS au Centre Marc Bloch de Berlin

Marianne Bordenave-Jacquemin, maître de conférences à Sorbonne Université

Jean-Christophe Cousin, maître de conférences à Telecom Paris

Hélène Banoun, pharmacien biologiste, PhD, ancienne chercheuse à l’INSERM

Chantal Carpentier, docteur d’Etat en droit international public, maîtresse de conférences retraitée

Alain Deville, physicien, professeur émérite à l’Université d’Aix-Marseille

Jean Louis Rouvillain, professeur émérite d’orthopédie et traumatologie

Dominique Harmand, professeur émérite à l’Université de Lorraine

Caroline Petit, chercheuse au CNRS

Béatrice Pastre-Belda, maître de conférences de droit public HDR à l’Université de Montpellier

Aude Saint Pierre, maître de conférences en statistique à l’Université de Brest

Monique Plaza, chercheur HDR en neuropsychologie

Annie Notelet, présidente de l’Union pour la Prévention et la Gestion des Crises Sanitaires

Anne-Typhaine Bouthors, docteur en microbiologie médicale, Ph D Université Paris VI

Richard Refuggi, enseignant en STAPS à l’Université Grenoble-Alpes

Guy Bensimon, maître de conférences honoraire en sciences économiques à l’université

Dominique Labbé, enseignant-chercheur (R) à l’Université Grenoble-Alpes

Jean-Jacques Wunenburger, professeur émérite de philosophie à l’Université Lyon 3

Emmanuelle Darles, enseignante-chercheuse à Aix-Marseille Université

Vincent Pavan, maître de conférences en mathématique à Aix-Marseille Université

Philippe Rogeon, maitre de conférences à l’Université de Bretagne Sud

Bernard Lamizet, ancien professeur d’université à Sciences Po Lyon

Éric Chabrière, professeur de médecine à Aix-Marseille Université

Alain Chatelet, biologiste, professeur (R) à l´École Nationale Supérieure d´Architecture de Toulouse (ENSA Toulouse)

Benoit Marpeau, maître de conférences en Histoire contemporaine à l’Université de Caen-Normandie

François Saint-Pierre, professeur (R) des universités, Labex « Structurations des Mondes Sociaux », Université de Toulouse

Yves André, docteur en astrophysique, prix Servant de l’Académie des Sciences de Paris

Thierry Godefroy, économiste, ingénieur de recherche (R) au CNRS

Anne Fremaux, agrégée de philosophie et docteure en écologie politique

Pascal Touhari, docteur en droit, enseignant à l’Université de Montpellier

Gérard Lehmann, maître de conférences à l’Université de Sud Danemark

René Chiche, professeur agrégé de philosophie, vice-président Action et Démocratie/CFE-CGC, membre du Conseil supérieur de l’éducation

Jacques Pollini, PhD, chercheur indépendant, anthropologie de la santé

Alexandra Henrion Caude, généticienne, directrice de l’Institut de recherche SimplissimA

Christian Ghasarian, professeur d’ethnologie à l’université de Neuchâtel

Valérie Lowit, ingénieur d’études, Université de Paris

Damien Jeanne, enseignant en histoire à l’université de Caen et du Havre

Emmanuelle Duchez, chargée de communication à l’Université Côte d’Azur

Eloi Buat-Ménard, magistrat

Jean-Claude Berlioz, Avocat Général honoraire

Clément Schouler, magistrat, membre du Syndicat de la Magistrature

Jean-Christophe Berlioz, magistrat, membre du Syndicat de la Magistrature

Pierre Soler-Couteaux, avocat au Barreau de Strasbourg, professeur agrégé de droit public

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Sociologues ou gardiens de la doxa ? Qui entache la réputation de notre discipline ?

Huit sociologues qui n’ont jamais publié le moindre travail empirique sur l’analyse de la crise sanitaire, ni sur la pharmacovigilance, m’injurient par voie de presse, sur le fondement d’un seul argument (je ne comprendrais rien à la causalité) et de sources douteuses. Voici ma réponse.

Le 19 août 2021, 8 collègues sociologues parisiens ont cru bon de publier dans le journal Le Monde une très courte tribune toute entière dirigée contre ma personne, m’insultant, me diffamant et demandant au CNRS de me sanctionner. Il s’agit de Gérald Bronner, Alain Ehrenberg, Jean-Louis Fabiani, Olivier Galland, Nathalie Heinich, Jean-Claude Kaufmann, Pierre-Michel Menger et Dominique Schnapper. On trouvera ici ma réponse qui 1) rappelle l’argumentation de nos huit éminents collègues, 2) montre qu’ils valorisent la censure de Mediapart en ignorant les arguments des journalistes et des intellectuels qui ont republié nos articles, 3) montre que, en réalité, ils ne m’ont pas lu et ne connaissent manifestement pas grand chose au sujet, 4) s’interroge sur leurs motivations et leurs présupposés, 5) défend effectivement une autre conception de la sociologie que la leur.

L’argumentation des censeurs

Selon ces 8 éminents collègues, il est heureux que Mediapart m’ait interdit de publier sur les effets indésirables des vaccins anti-covid car je tromperais mes lecteurs en me parant de mon titre professionnel de directeur de recherche au CNRS et ainsi en « présentant comme scientifique » une analyse qui procéderait « au mieux, d’une erreur d’interprétation inadmissible et, au pire, d’une falsification de données ». Et voici leur explication : mon analyse « confond les décès intervenus durant une période consécutive à une vaccination avec ceux causés par la vaccination – une causalité qui, bien sûr, n’a été nullement avérée, et dont la probabilité est infinitésimale ». La conclusion arrive immédiatement : « C’est là un exemple de la confusion classique entre concomitance et causalité. Une faute de raisonnement qui ferait sourire de la part d’étudiants en première année mais qui, commise par un chercheur au CNRS, constitue une démonstration d’incompétence professionnelle ». Fichtre ! Une telle agressivité surprend ! Et ce n’est pas tout. Non content d’être un imbécile, je serais de surcroît un dangereux complotiste. En témoignerait « la multiplication de publications complotistes commises par ce même sociologue depuis le début de la crise épidémique, et que recense avec précision le site Conspiracy Watch – L’observatoire du conspirationnisme, dans un article du 6 août ».

Tout d’un coup, ce n’est donc plus un article qui est contestable mais tout mon travail depuis un an et demi qui est qualifié de « douteuse production ». Je ne ferais qu’étaler une « position idéologique » qui « n’a rien à voir avec de soi-disant travaux de recherche indigents, voire frauduleux ». Et ils concluent que j’incarnerais une « dérive » qui « entache la réputation de notre discipline » dont eux prétendent défendre « l’honneur ». Rien de moins !

Ainsi, l’argumentation de nos éminents collègues tient en tout et pour tout dans deux affirmations : 1) je ne comprends rien à l’imputabilité des effets indésirables des vaccins, 2) je suis de toutes façons un affreux complotiste, ce mot discréditant à lui seul l’ensemble de mon travail. Et la messe (d’enterrement) serait dite.

Mediapart est libre d’adopter la doxa, d’autres ne le font pas

Ces collègues ignorent que je n’ai pas publié un mais deux articles sur le sujet (voir ici et ). Le premier (celui « dépublié » par Mediapart – puisque mes critiques n’assument pas le mot « censure ») a été republié notamment sur un site d’information générale (AlterMidi), créé par des journalistes indépendants qui ont de surcroît motivé leur décision en écrivant fort intelligemment ceci : « Nous ne sommes pas compétents pour établir la vérité, mais nous constatons que toutes les formes de pouvoir s’arment aujourd’hui de la vérité scientifique pour imposer une marche à suivre et que la science produit des vérités en fonction du contexte social. Voilà pourquoi, avec l’aimable autorisation de son auteur, nous prenons le parti de publier ci-dessous le volet refusé en laissant aux lecteurs la liberté de fonder leurs propres opinions ».

Le second a été publié notamment sur le site de L’ardeur, où l’équipe rédactionnelle (des intellectuels de gauche, militants de l’éducation populaire) a également longuement expliqué pourquoi elle s’engageait en nous publiant. Nos éminents critiques ne les ayant naturellement pas lus non plus, je leur fais un résumé : « L’argument selon lequel sa légitimité pourrait être mise en question par le fait qu’il intervient aujourd’hui dans le domaine sanitaire, pour lequel il n’a pas de compétence universitaire ou scientifique particulière’, nous semble spécieux et inquiétant. Car c’est à une question bien plus large que le seul aspect sanitaire que nous sommes confrontés. (…) Nous entrons aujourd’hui, sous couvert d’un ‘état d’urgence sanitaire’, dans une phase de contrôle total de la population, un nouvel ‘ordre sanitaire’ calqué sur la mise en place de ‘l’ordre sécuritaire’ (…). Après l’instrumentalisation et la stigmatisation du jeune, forcément de banlieue, celle du ‘non-vacciné’. Ainsi que l’ont montré les philosophes Barbara Stiegler et Grégoire Chamayou, les penseurs du néo-libéralisme, de Lippman à Hayek, ont théorisé le principe d’un État fort, policier et carcéral, pour maintenir sous contrôle des populations qui risqueraient de ne pas comprendre ou accepter la condition qui leur est assignée. Nous nous y dirigeons à grands pas et, une nouvelle fois, celle qui se nomme encore la gauche, dans sa quasi-totalité, fait allégeance ». En outre, ils estiment que « L’argumentation de Mediapart est par ailleurs fallacieuse car elle repose sur l’idée que le texte de Laurent Mucchielli diffuserait de ‘fausses informations’ : la rédaction de Mediapart peut contester l’interprétation que le sociologue fait des chiffres qui appuient sa démonstration, il n’empêche que ceux-ci sont officiels (…). Nous savons le pouvoir des mots : étendre la notion de ‘fausses nouvelles’, jusque-là réservée aux faits eux-mêmes, à leur interprétation est porteur des dérives potentielles les plus graves ». Et les auteurs de conclure que la censure par Mediapart est « un geste proprement inouï : nous revendiquons de pouvoir lire des analyses critiques de la politique sanitaire dans des médias « de gauche ». Mediapart rejoint dans ce geste de censure Facebook, YouTube et l’ensemble des médias de propagande gouvernementale ».

On le voit, il est permis de penser autrement que dans le béat conformisme ambiant. Et nous sommes très nombreux dans ce cas.

A propos de l’innocuité des vaccins anti-Covid

Même en s’y mettant à huit, mes éminents collègues ne m’ont manifestement pas lu, ce qui certes permet de gagner beaucoup de temps, mais est tout de même un peu gênant lorsque l’on se permet de proférer en public de telles injures.

Les deux articles sur la pharmacovigilance sont signés par six personnes et non une seule. Les cinq autres auteurs sont deux collègues universitaires en informatique (Emmanuelle Darles) et en mathématique (Vincent Pavan), une biologiste ancienne chercheuse à l’INSERM (Hélène Banoun), un médecin généraliste (Éric Ménat) et un pharmacien hospitalier (Amine Umlil) qui est spécialiste de pharmacovigilance. Mon nom apparaît en premier car je suis le principal rédacteur, mais les cinq autres signatures ne sont pas là pour faire tapisserie. Elles traduisent le fruit du travail d’un petit groupe, comme pour la plupart des articles que j’ai publiés sur la crise sanitaire depuis un an et demi. Mon enquête sur la gestion politico-sanitaire de la crise du Covid a débutée en mars 2020. J’ai publié une soixantaine d’articles (que j’appelle les « épisodes » de la série) et une trentaine de collègues universitaires (de toutes disciplines) et de professionnels de santé (ambulatoires ou hospitaliers). Je suis également le rédacteur principal de cinq tribunes collectives, publiées entre septembre 2020 et janvier 2021, qui ont rassemblé à chaque fois entre 200 et 600 signataires, essentiellement des universitaires et des professionnels de la santé, du droit, de l’éducation et de la culture. Tout ceci est indiqué sur la page du site Internet de mon laboratoire sur laquelle il suffit de cliquer. Mais il est évidemment infiniment plus facile de se défouler en quelques lignes et en recopiant des sources de seconde voire de troisième main plutôt que d’étudier un peu sérieusement un dossier qui fait en réalité plusieurs centaines de pages.

Venons-en à ce défoulement. Mes huit critiques n’ont en tout et pour tout qu’un seul argument intellectuel : je ne comprendrais rien à l’imputabilité des effets indésirables des vaccins, mon raisonnement ne serait donc même pas digne d’un étudiant de première année de sociologie. Tiens donc. Vérifions alors. Relisons ce que nous avons écrit dans ces deux articles qui discutent en réalité à chaque fois la question complexe de l’imputabilité. N’importe quel lecteur honnête peut y constater que nous avançons six arguments que je copie-colle simplement ici :

1- « Sur tous les sites de pharmacovigilance du monde, on trouve les mêmes précautions d’interprétation indiquant que les déclarations d’effets indésirables imputées à tel ou tel médicament ne sont qu’une présomption de causalité (imputabilité). Cette présomption est cependant considérablement renforcée lorsque les décès surviennent très rapidement après la vaccination, ce qui est le cas comme on le verra avec les données américaines ».

2- « Il est évident qu’il est très difficile de déterminer la cause exacte d’un effet indésirable grave lorsque le malade présente (ou présentait s’il est décédé) des comorbidités importantes, ou lorsque son dossier médical est insuffisamment connu. Le raisonnement vaut d’ailleurs aussi pour les morts réputés causées par la covid [morts de la covid ou avec la covid ?]. Et c’est aussi pour cette même raison que, quel que soit le médicament concerné (vaccin ou autre), il ne faut jamais l’administrer uniformément mais bien au cas par cas en fonction de l’état de santé général de la personne et des éventuelles spécificités de son histoire médicale ».

3- « En matière de mortalité, la preuve ultime de l’imputabilité qu’est la répétition du même symptôme à la suite de la même médication ne peut par définition pas être fournie (on ne meurt qu’une fois…) ».

4- Qu’on le veuille ou non, « il existe des faits (des effets indésirables graves sont constatés dans les heures et les jours qui suivent un acte médical) et il n’est pas possible de s’en débarrasser d’un revers de la main au prétexte que la causalité directe (a fortiori unique) n’est pas établie. C’est un peu comme si on voulait contester l’existence d’un homicide au motif que l’on n’a pas encore trouvé le coupable. Les déclarations de pharmacovigilance relatives aux effets indésirables graves de la vaccination sont là, il faut les interpréter et non tenter de les cacher sous le tapis ».

5- « On verra que la comparaison avec d’autre médicaments montre qu’il se passe bel et bien quelque chose d’inédit pour ces vaccins génétiques anti-covid ». Car nous avons également prouvé par la comparaison avec d’autres pays et avec les vaccins contre la grippe saisonnière.

6- « Autre exemple saisissant de parti-pris : à la fin du mois de mars 2020, il avait suffi de 3 cas de décès (liés en réalité à des auto-médications surdosées) remontés par la pharmacovigilance pour déclencher en France une tempête politico-médiatique sur le thème de la dangerosité de l’hydroxychloroquine. En d’autres termes, pour la plupart des journalistes [et de certains sociologues, donc], les statistiques sanitaires sont indiscutables quand elles vont dans le sens de la narration officielle, mais elles deviennent soudainement discutables lorsqu’elles contredisent cette même narration. Cette malhonnêteté intellectuelle devrait sauter aux yeux ».

J’ai beau réfléchir, je ne vois pas quoi ajouter. En revanche, je serais curieux de connaître les publications scientifiques m’ayant manifestement échappées, qui permettant à mes éminents collègues d’affirmer que la probabilité (que les effets indésirables graves voire mortels déclarés par les médecins à la pharmacovigilance et attribués aux vaccins le soient effectivement) est « infinitésimale ». Cela me rassurerait sur leur « compétence professionnelle ».

Quand la sociologie de salon perd le contact avec le réel

Je terminerai par quatre arguments que je crois importants.

1) Sur la civilité qui fait tellement défaut à ce genre de diatribe

« Incompétence professionnelle », même pas « le niveau d’un étudiant de première année », grave atteinte à « la réputation de notre discipline », « fraude », « balivernes »… Pourquoi m’insulter, cher(e)s collègues ? Ne savez-vous donc pas parler normalement ? Comme des gens civilisés ? Accessoirement, connaissez-vous mon CV avant de me traîner dans la boue ? Ce langage est effarant, il traduit une grave et révélatrice incapacité à maîtriser ses émotions. On y reviendra.

Drapés dans leur hautain mépris, mes huit éminents détracteurs ne respectent donc pas les règles déontologiques élémentaires de la disputatio scientifique. Ont-ils pris réellement connaissance de mon travail ? On vient de voir que non. M’ont-ils écrit pour m’interroger sur mon travail ? Jamais. Ont-ils manifesté l’envie de débattre dans un séminaire ou un autre cénacle universitaire quelconque ? Jamais. A l’image des journalistes sans doute trop heureux de les publier (on sait combien j’ai critiqué le traitement de la crise sanitaire par le journal Le Monde notamment, et ce journal s’est bien gardé de me prévenir et de me proposer un droit de réponse), mes collègues pratiquent la tentative d’assassinat à distance. C’est tellement plus confortable. Ce faisant, ils se mettent au niveau de ce qui s’étale tous les jours sur des réseaux sociaux comme Twitter devenus le lieu d’une lutte d’influence sauvage où tous les coups sont permis. Cette façon de faire bafoue les règles les plus élémentaires de la civilité et de la déontologie universitaire.

2) Sur le « complotisme »

Mes savants donneurs de leçons pratiquent allègrement le procès d’intention et l’invective gratuite. Me voilà donc « complotiste ». Je me permets de leur conseiller la lecture de mon article du 16 novembre 2020 intitulé « Le complotisme pour les nuls ». Cette expression est devenue à la fois un fourre-tout pour caser toute forme de critique et une sorte de point Godwin qui sert à discréditer globalement une personne pour mieux éviter d’avoir à discuter précisément ses arguments. L’étape suivante consiste à suggérer que la personne a des accointances avec l’extrême droite, quand les prétendus débatteurs n’utilisent pas l’arme ultime consistant à accuser les gens d’antisémitisme (comme certains s’amusent actuellement à le faire sur la page que me consacre le site wikipedia). Tout ceci non seulement n’est pas sérieux, mais est de surcroît insultant et diffamatoire. Le vrai conspirationnisme est une forme de pensée magique visant à expliquer le réel par le jeu de forces occultes cachées. Ceci n’a strictement rien à voir avec l’analyse sociologique que je développe pour analyser la construction de la narration officielle que j’appelle « la doxa du covid » et dont j’analyse les acteurs et les discours dans un autre épisode (central) de la série (21 février 2021).

3) Sur les sources d’information de mes détracteurs

J’aimerais demander à mes huit savants accusateurs quelles sont leurs sources pour mettre ainsi en cause mon travail. Leur article n’en mentionne que trois, deux sources journalistiques (une dépêche type fact-check de l’AFP et la déclaration de la rédaction de Mediapart contre mon article) et un article d’un site Internet intitulé Conspiracy Watch. Ce site m’a en effet consacré tout un article à charge pour m’assimiler en fin de compte à l’extrême droite sous prétexte qu’untel ou untel reprendrait ici ou là tel ou tel de mes propos. De la part d’un site qui a soutenu depuis un an et demi (avec d’autres comme Jérôme Fourquet, directeur du pôle opinion et stratégies d’entreprises à l’IFOP) que l’hypothèse de l’accident de laboratoire à Wuhan relevait du complotisme, cela fait sourire (voir notre analyse). Il s’agit d’un site assurant manifestement avant tout la promotion personnelle de son créateur, un certain Rudy Reichstadt que l’Observatoire du néo-conservatisme présentait en 2013 comme « un opportuniste de la galaxie néo-conservatrice », un « expert autoproclamé », « proche de BHL », « disciple de Pierre-André Taguieff et très proche de Caroline Fourest », « c’est surtout le jeu des réseaux qui lui a permis d’exister ». Plus récemment, Le Monde Diplomatique a raconté également comment « il s’impose dans les médias en tant qu’expert ès théories du complot. Il multiplie les entretiens et les tribunes dans Le Monde, Libération, Le Parisien, etc. Quand les universitaires Gérald Bronner et Pierre-André Taguieff ne sont pas libres, c’est lui qu’on invite pour commenter les dernières élucubrations sur tel ou tel attentat ». Pascal Boniface, Frédéric Lordon, Jean Ziegler et bien d’autres ont ainsi eu à subir ses attaques généralement pleines de mauvaise foi et d’amalgames. Chacun jugera si M. Reichstadt est ou non plus crédible que moi en matière de lutte contre l’extrême droite.

J’en profite pour dire de façon générale que ce chantage permanent à l’extrême droite est non seulement profondément ridicule me concernant (j’ai combattu l’extrême droite toute ma vie, mon dernier livre paru en mars 2020 est tout entier dirigé contre cette idéologie) mais aussi et surtout très dangereux sur le double plan intellectuel et politique. Il s’agit en réalité de la stratégie du pouvoir exécutif actuel que de se poser pour 2022, comme il l’a déjà fait en 2017, en rempart contre l’extrême droite. Se dire de gauche et reprendre à son compte cette rhétorique revient donc à se tirer une balle dans le pied. De gauche intellectuelle et politique, il n’y en aura bientôt plus du tout si chacun se jette ainsi dans les bras du pouvoir actuel. Que des intellectuels se droitisent en vieillissant n’est hélas pas original. Mais que la direction d’un syndicat comme Sud Éducation (qui titre un communiqué récent « Pour la vaccination, contre l’extrême droite ») ne le comprenne pas est juste atterrant. Et il n’est pas le seul.

4) Sur la sociologie de salon et « la réputation de notre discipline »

Résumons : huit sociologues qui n’ont jamais publié le moindre travail empirique sur l’analyse de la crise sanitaire et de sa gestion politique, ni sur la pharmacovigilance, m’injurient et me diffament sur le fondement d’un seul argument (je ne comprends rien à la causalité) et des informations tirées de deux coupures de presse et d’un article d’un site Internet qui ne vaut pas tripette. Oserais-je dire que c’est très faible intellectuellement ? Et que cela ressemble davantage à un règlement de compte qu’à une critique scientifique ? Que vous ai-je donc fait de si insupportable, cher(e)s collègues ?

Certes, bien que n’étant nullement opposé à la vaccination en soi, je critique en revanche ce que j’appelle l’idéologie vaccinale qui, comme toute idéologie, divise stupidement le monde en amis en ennemis (pro et anti). Certes encore, je critique ce laisser-passer sanitaire incroyablement discriminatoire (principe d’égalité entre les citoyens) en indiquant de surcroît qu’il n’a aucun fondement épidémiologique puisque la vaccination ARNm ne garantit pas de la contamination ni de la transmission du virus (ce qui est juste un fait, que l’on connaît, ou pas). Certes enfin, je soutiens que les quatre vaccins ARNm fabriqués en urgence par les industriels pour profiter de l’aubaine financière ont des effets indésirables plus nombreux et plus graves qu’aucun autre vaccin utilisé massivement ces trente dernières années. Et j’en conclus que la moindre des précautions serait donc de réserver ces vaccins aux personnes réellement menacées par les formes graves de Covid et de décréter de toute urgence un moratoire pour toutes les autres catégories de la population, dans l’attente de données et d’analyses plus approfondies. Je l’ai écrit, je le maintiens et je suis prêt à le défendre devant n’importe qui. Alors, est-ce un crime, un sacrilège, qui justifie que l’on souhaite me brûler en place publique ? Peut-être après tout, mais dans ce cas ces sociologues me permettront de leur répondre qu’ils ne font à mes yeux qu’incarner les mécanismes de domination idéologique des élites et les pressions de conformité que je mets en lumière dans mon analyse, qu’ils sont ainsi de bons petits soldats de la doxa, et qu’ils rejoignent la liste de ces intellectuels (voire une précédente polémique) prenant le risque d’être peut-être considérés dans le futur comme ayant été en quelque sorte les idiots utiles d’une vaste opération idéologico-commerciale.

Mais peut-être aussi y a-t-il autre chose qui permette de comprendre cette haine ? A vrai dire, pour certains, je me doute de la réponse. J’ai déjà eu l’occasion de dire ce que je pensais de la sociologie de salon de l’un d’entre eux (voilà qu’il me fait à mon tour le coup du « danger sociologique » !). Certains sont probablement par ailleurs des soutiens politiques de l’actuel président de la République (je remarque que trois d’entre eux étaient au fameux dîner de l’Élysée le 18 mars 2019, y servant de décor ou de caution), ce qui est évidemment leur droit mais n’est pas mon cas. Enfin, j’ai sans doute aussi le malheur de m’inspirer régulièrement de Pierre Bourdieu pour analyser doxas et sociodicées dans cette affaire. Or chacun sait combien au moins quatre autres de mes huit accusateurs ne cessent de régler leurs comptes avec Bourdieu même longtemps après sa mort. Et l’on devinera que je trouve cela pitoyable. Je n’ai pas connu Bourdieu et je ne suis pas de votre génération. Je tente simplement de faire mon métier de sociologue et mon devoir d’intellectuel engagé sur la gestion politico-sanitaire de cette crise, comme je l’avais fait auparavant à plusieurs reprises, par exemple sur les émeutes de 2005 ou sur le mouvement des gilets jaunes de 2018-2019.

Comme plusieurs d’entre vous, je ne me suis jamais senti cantonné à un micro-domaine de spécialité. Mais je ne pratique pas la sociologie de salon. Au cours de mon enquête en cours, comme déjà dit, j’ai interviewé une cinquantaine de médecins et de chercheurs, publié une soixantaine d’articles et une bonne trentaine de collègues (tous « complotistes » et « incompétents » aussi du coup ?), passé des semaines à analyser des données statistiques. Bref, j’ai beaucoup travaillé sur la gestion politico-sanitaire de cette crise. Pas vous que je sache (mais j’attends avec grand intérêt vos publications sur le sujet). Alors la moindre des honnêtetés intellectuelles et des civilités serait de prendre au sérieux ce travail avant de prétendre porter sur lui un jugement global, a fortiori aussi caricaturalement lapidaire. A vrai dire, j’aimerais beaucoup pouvoir débattre davantage avec des collègues sociologues, dans le cadre d’un séminaire de recherche par exemple. Mais là, franchement, avec un langage aussi violent, des sources aussi superficielles et une argumentation aussi faible, croyez-vous être crédibles dans votre prétention à sauvegarder la « réputation de notre discipline » ? Je crains fort, au contraire, que ce genre de règlements de compte ne convainque que celles et ceux qui partagent vos petites émotions hargneuses, et fasse en définitive plus de tort que de bien à notre discipline.

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