22 août 2021

Le coût psychologique d'une prise de conscience

là il y a de la lumière

J'ai toujours dit, depuis des lustres, que toute forme de pensée était un système organisé de croyances. Je crois qu'on ne réfléchit pas assez sur ce mécanisme fondamental qui est l'attitude d'autodéfense de toute pensée, de tout système organisé de croyance. Ce comportement est valable au niveau collectif comme au niveau individuel.

J'ai, chez moi, le DVD du film " La Chute ", consacré aux derniers jours de Hitler et de ses fidèles, dans le bunker de la chancellerie de Berlin. Nous savons que les scènes décrites dans ce film correspondent à des faits réels, qui ont été rapportés par un témoin direct : la propre secrétaire du Fürher, âgée de moins de trente ans au moment des faits, qui témoigne au début du film.

Ce qui se dégage des dialogues c'est que le III° Reich vit là ses dernières heures. Himmler confesse à un proche du Führer, le propre beau-frère de ce dernier, Figelein, qu'il a déjà amorcé une prise de contact avec les Américains, convaincu que ceux-ci seraient prêts à traiter avec lui et ses SS pour contenir " les hordes asiatiques ". Hitler croît que " le groupe de Steiner " va pouvoir opérer une contre-attaque musclée pour dégager Berlin, aux portes duquel les Russes sont déjà. Apprenant que Steiner est dans l'incapacité de regrouper assez d'hommes pour réaliser cette manœuvre, il entre dans une rage folle et décrète que " comme Staline " il aurait du faire fusiller tous ses généraux, qui ne sont que des lâches et des incapables.

Il donne à Speer, son architecte et ingénieur en chef l'ordre de détruire toute l’infrastructure industrielle du Reich, pour que l'ennemi ne trouve devant lui que des ruines. Speer lui répond :

- Mon Führer, si vous faites cela, vous condamnez le peuple allemand à mort.

- Eh bien, si la guerre est perdue, c'est que le peuple allemand s'est montré faible, et les faibles doivent disparaître.

A aucun moment des gens comme lui et Goebbels n'imaginent un seul instant qu'ils ont emmené le peuple allemand à la ruine. Si le plan a foiré, ça ne peut être que de la faute des autres. Le rêve Nazi s'effondre et l'épouse de Goebbels, qui le rejoint dans le bunker, préférera empoisonner de sa propre main ses cinq enfants, pour leur éviter de vivre dans un monde ... sans le national socialisme.

J'ai revu je ne sais combien de fois ce film, analysant chaque phrase des dialogues. Le mot " folie " n'a guère de sens. Certes, sur la fin, Hitler déraisonne, envisage des contre-attaques n'existant que dans son imagination. Mais on est face à un homme qui s'est enfermé dans un système de pensée, qui trouve sa cohérence quand on entend quelques phrases clés :

- Je me suis toujours interdit toute compassion.

Goebbels dira lui aussi :

- Je suis désolé, mais je n'ai aucune compassion.

On est dans la loi du plus fort à 100 %. Lors d'un repas auquel participe sa secrétaire, Hitler évoque la façon dont les primates éliminent immédiatement tous les individus déficients, en qualifiant cela de "loi de la nature ".

L'histoire est à la merci d'hommes et de femmes, constituant des oligarchies. Leur comportement peut nous paraître incompréhensible. C'est parce que nous ne parvenons pas à entrer dans leur système de pensée, à comprendre les mécanismes dans lesquels ils se sont enfermés.

Il y a un second point sur lequel je voudrais insister : c'est l'impossibilité, dans laquelle se retrouvent parfois des êtres humains, de se remettre en question, de pouvoir dire " là, j'ai fait une erreur, un mauvais choix, j'ai fait preuve d'un aveuglement qui s'est avéré très dommageable ". Une telle prise de conscience peut être extrêmement douloureuse et vous hanter pendant le reste de vos jours. Le coût psychologique peut s'avérer exorbitant. Comment un père, une mère, même au seuil de la mort, pourraient-ils dire à leur progéniture : "je suis désolé d'avoir détruit votre vie". Questionnés à propos de leur comportement, les pédophiles y voient simplement "un débordement d'amour parental".

Le monstrueux est plus fréquent qu'un vain peuple ne le pense. Pédophilie, inceste, endommagent ou détruisent complètement des êtres humains. Il arrive que dans une famille des individus découvrent avec effarement des faits remontant à des décennies, qui ont eu des conséquences dramatiques et irréversibles sur ceux qui en ont été les victimes. De telles prises de conscience peuvent se révéler si dommageables pour la vision de ceux qui furent ou sont encore leurs proches ou le sont encore, qu'elles en deviennent impossibles à opérer.

J'évoque là le monstrueux familial, qui peut aller jusqu'au crime, d'adultes ou même d'enfants. Nous n'avons que trop d'exemples à citer de monstrueux historique. Mais ce qu'il faut garder à l'esprit c'est qu'à un moment donné des individus se trouvent pris dans des systèmes de pensée qui guident leurs choix et leurs actes, qu'on pourrait qualifier de pathologiques.

Mais où se situe la frontière entre la normalité et le pathologique ? Dans le mot normalité il y a le substantif norme. La norme c'est ce qui, à un instant donné, est commun à un grand nombre de personnes. Le tendance mimétique est alors très forte. J'emploierai un exemple emprunté à la physique. Comment crée-t-on une aimantation résiduelle (appelée hysteresis) dans un bloc de fer ? On le soumet à un champ magnétique. Les électrons peuvent être comparés à de minuscules aimants, à des dipôles magnétiques. Dans un bloc de fer qui sort d'un creuset, le magnétisme global est nul, les "spins" des électrons, qui correspondent à leur moment magnétique sont orientés de manière aléatoire et leur résultante est nulle.

Plaçons ce morceau de fer dans un solénoïde, créant un champ magnétique. Celui-ci va orienter les spins des électrons. Quand nous amenons ce champ magnétique inducteur à zéro, le morceau de fer conserve une aimantation rémanente. Pourquoi les électrons restent-ils dans ... cette position?

Les électrons du métal sont sensibles au champ créé par leurs voisins, et de ce fait ... y contribuent. La magnétisation du fer est comparable à un phénomène de mimétisme. C'est comme si chaque électron se disait " j'oriente mon spin comme celui de tous les autres ". Alors qu'auparavant il n'y avait aucune structure d'ordre au sein de cette population électronique, on en a créé une, qui perdure d'elle-même, sans avoir besoin d'une sollicitation additionnelle.

Comment supprimer ce magnétisme résiduel du bloc de fer ? Par exemple en le chauffant. On va ainsi créer une agitation thermique au sein du métal qui finira par avoir raison de cet "ordre magnétique" qu'il avait acquis, dans une direction quelconque, du reste.

Il y a donc une première justification des actes individuels, qui consiste à dire " je fais comme les autres, je fais comme tout le monde ". On peut ainsi expliquer pourquoi le phénomène du nazisme a pu saisir une part très importante de la population allemande avant et pendant la seconde guerre mondiale, et pourquoi cette structure s'est ... disloquée d'elle-même dans l'après-guerre après la disparition de ses leaders.

Dans mon site, j'ai écrit "apprenez à penser par vous-même, sinon d'autres le feront pour vous". Je pourrais compléter cette formule en disant "efforcez-vous de prendre du recul, de donner à votre pensée de l'autonomie, sinon celle-ci se fondra dans la pensée collective de l'époque".

Les êtres humains souffrent des exactions et de l'égoïsme, du cynisme d'un grand nombre d'hommes politiques. Mais ces gens qu'ils perçoivent comme égoïstes, cyniques, sans foi ni loi, se décriraient au contraire comme pragmatiques, emprunts d'une " positive attitude", agissant dans le sens de l'intérêt du plus grand nombre. Tous les hommes politiques vous diront qu'il est impossible de gérer un pays sans faire preuve d'un minimum de machiavélisme "dans l'intérêt supérieur de l'Etat".

Suite aux confidences d'une membre de l'administration Bush on sait maintenant que des centaines de personnes raflées en Afghanistan et envoyées à Guantanamo, pour y être torturées avec méthode étaient innocentes de tout crime. Elles avaient simplement été dénoncées comme "terroristes" par des Afghans et des Pakistanais, soucieux de toucher la prime de 3000 euros offert pour chaque capture. Questionnés, des gens comme Bush, Rumsfeld, Colin Powell ou Dick Cheney vous diraient " qu'il vaut mieux enfermer quelques innocents que de laisser de dangereux terroristes en liberté".

Ça ne vous rappelle pas le "tuez-les tous. Dieu reconnaîtra les siens", de la Saint Barthélémy ?

Dans le film La Chute, à aucun moment Hitler n'a le moindre recul vis à vis de ses actes, de sa politique. Si le vaste plan a foiré, c'est parce qu'on n'a pas suivi ses directives et ses ordres. Il en est de même pour pratiquement tous les chefs D’État.

Prenez l'exemple du Vatican, dont on sait qu'il constitua une filière d'évasion pour les criminels de guerre nazis, en direction de l'Amérique du Sud. Qu'en pense le pape actuel ( et qu'en ont pensé ses prédécesseurs ) ? "Que ce fut sans doute un mal nécessaire pour éviter que ce continent ne bascule dans le communisme".

Bien rares sont les individus capables, chaque jour, ou à un moment de leur vie, de se regarder dans une glace et de se dire "ai-je démérité?". Les psychologues qui travaillent dans les prisons savent bien qu'un très grand nombre de délinquants se considèrent comme ... des victimes innocentes d'un "système", cette complaisance vis à vis d'eux-mêmes étant souvent proportionnelle à la gravité de leurs fautes.

Si vous pouviez entrer dans la tête d'un homme politique, vous seriez surpris, et même sidéré, de faire connaissance avec la façon dont il perçoit le monde et s'auto évalue. Certains connaissent déjà le détail du patrimoine de notre actuel Président de la République, ainsi que la façon dont il a très confortablement aménagé son avenir matériel. Beaucoup d'hommes politiques se trouvent dispensés de payer des impôts. Il y a longtemps que les Français ont découvert (à l'époque c'était avec l'homme politique Jacques Chaban Delmas) que certains citoyens français, au lieux d’acquitter des impôts, se voient au contraire reverser par le service des impôts un trop perçu, mécanisme lié à une " retenue à la source ".

J'explique, pour ceux qui ignorent ce point. Lorsqu'une société distribue des dividendes à ses actionnaires, elle est censée avoir déjà payé à L’État un impôt sur les bénéfices, important. Si ce montant acquitté dépasse ce que le contribuable bénéficiaire de ces dividendes, mais percevant par ailleurs des salaires, est censé devoir au titre de l'impôt sur le revenu, le fisc lui remboursera ... la différence.

Beaucoup d'hommes politiques bénéficient de telles prébendes. Mais allez donc dire à Sarkozy qu'il s'empiffre. Il vous rira au nez. Dans son optique, dans sa vision du monde, ce qu'il perçoit de tous bords lui parait minime par rapport à ce que la société devrait lui verser, eu égard aux services qu'il rend et au travail qu'il fournit. Minime également par rapport aux gratifications dont bénéficient certaines de ses relations, capitaines d'industrie, banquiers ou simples capitalistes.

Revenons sur notre petit maire de tout à l'heure, qui pense militer pour le bien de ses administrés en réclamant l'hébergement de déchets radioactifs sur le territoire de sa commune.

Pour agir ainsi, il est simplement incapable, mentalement, de se projeter dans un futur excédant quelques années.

Les êtres humains font penser à des véhicules. Évidemment, l'image classique du troupeau vient aussitôt à l'esprit. Mais ce qui est intéressant dans le modèle de l'être humain-véhicule, c'est qu'on peut le configurer de diverses manières. Si on imagine que le véhicule chemine de nuit, la distance à laquelle éclairent ses phares est une image de sa capacité de ses projeter dans l'avenir, individuellement et collectivement. L'usage ou le non usage du rétroviseur se référerait à la capacité ou à l'incapacité de tirer des leçons du passé.

Le petit maire qui réclame ses déchets radioactifs possède un système d'éclairage qui dépasse à peine son pare-choc.

Le système d'éclairage conditionne le champ de vision. Celui-ci peut être étroit ou large.

La question à cent euros est " comment des êtres humains peuvent-ils changer de route ?". Inversons la question : qu'est-ce qui leur fait poursuivre un chemin donné ? Des réponses : l'éducation, la culture, leur mimétisme foncier, leur perception du monde, leur intérêt, la façon dont il exploitent la "carte routière " qui leur décrit le monde, dont ils ont appris le tracé dès leur plus jeune âge. Plus généralement, il est plus commode de suivre des chemins déjà battus que de s'aventurer dans l'inconnu, de passer sa vie à suivre un itinéraire bien balisé. Tout de suite j'ai envie de reproduire le dessin qui accompagne ma bande dessinée " Le Mur du Silence " ( le bien nommé ) et qui se réfère à la démarche scientifique.

Ici, je voudrais citer une expérience récente. J'ai la faiblesse, depuis plus de 35 ans, de m'intéresser au phénomène ovni, en persistant à dire qu'il recouvre des faits bien réels, qui devraient interpeller nos scientifiques. Or dans l'epistémopshère l'impact est rigoureusement nul et sous cet aspect je constitue l'exception qui confirme la règle.

Il y a une petite dizaine d'années un jeune chercheur, mathématicien de son état et fort savant, avait pris contact avec moi en me disant :

- J'ai fait une thèse de doctorat en mathématiques, et plus précisément en géométrie. J'ai alors cherché à me rapprocher d'un physicien qui fasse des choses intéressantes, et mon enquête m'a mené vers vous.

Fort bien. Nous avons alors essayé de travailler ensemble, pendant plusieurs années. J'ai eu l'impression de vouloir attirer un automobiliste hors de son autoroute d'origine, et de nombreuses fois j'ai été tenté de lui dire " si tu enlevais le frein à main, on avancerait plus facilement ". Je l'entends encore me dire :

- Je ne peux pas m'aventurer sans savoir où je vais !

- Mais comment veux-tu qu'on sache où on va ? Le propre de la recherche consiste à sortir des régions cartographiées, pour en explorer d'autres et, avec de la chance, de revenir avec de nouvelles cartes dévoilant d'autres itinéraires. En la matière, le guide, c'est l'intuition. Si celle-ci s'avère féconde, les arguments logiques ne deviendront apparents qu'après coup.

Je me souviens, au Kenya, dans le parc d'Amboseli, au fil des safaris où je conduisais mes clients, être tombé sur une piste suivie par des éléphants, inscrite de manière si régulière et systématique pendant des siècles qu'il avaient fini par creuser le sol sur leur passage. En matière de recherche c'est assez voisin. Les scientifiques circulent sur des voies toutes tracées qui constituent ce qu'on appelle un paradigme. Ils vont de A à B, puis de B à A , et ainsi de suite. Un comportement boustrophédique ( de bous, le bœuf, et strophedein, le sillon).

Innover consiste justement à s'extraire de ces chemins tous tracés et de tenter d'en découvrir d'autres (le vol supersonique sans ondes de choc ni turbulence, par exemple, ou un modèle de cosmos à constantes variables, y compris la vitesse de la lumière. Etc...). Bref, "tout ce qui n'est pas dans les livres". Un scientifique qui a un profil psychologique de "bon élève" ne fera pas a priori un bon chercheur.

Mon collègue mathématicien impressionnait les vieux routiers de la discipline par l'ampleur et la variété de ses connaissances. En fait c'était un véritable boulimique de mathématiques solidement établies, qu'il classait ensuite dans ses circonvolutions intérieures, avec une précision millimétrique. Je comparerais son cerveau à une déchiqueteuse. Je me rappelle être parti une année avec lui à un stage d'aile volante (pour lui apprendre ce sport et l'inciter ainsi à mieux quitter le plancher des vaches). Nous partagions la même chambre. Tandis que je lisais des bandes dessinées, il avalait, page après page des traités de mathématique des plus ardus, comme on aurait dégusté des petits fours. Il tournait paisiblement des pages, avec une régularité de métronome, sur lesquelles j'aurais peiné des semaines. Dans son cerveau il y avait toujours des gigaoctets libres pour y loger de nouvelles connaissances et, entre nous, nous l'avions surnommé " DD ", alias " Disque Dur ".

Hélas, au bout d'années, il s'avéra qu'il était rigoureusement incapable de quitter les sentiers battus. En tentant de l'entraîner dans ces chemins de traverse, je ne faisais que l'angoisser chaque fois un peu plus.

J'ai fini par abandonner.

Mais il y a deux mois, il m'annonce dans un mail que lors d'un séjour dans la capitale, au moment où il se promenait en compagnie de sa mère, en plein Paris, et en milieu de journée, qu'il a été pendant plusieurs minutes le témoin d'un spectacle assez inhabituel. Haut dans le ciel, plusieurs disques sombres évoluaient, présentant un diamètre apparent comparable à la taille d'un ongle à bout de bras, entourés par des objets plus petits, très lumineux, qui virevoltaient autour d'eux. Sa mère fut aussi le témoin de cette scène et, interloqué, ils arrêtèrent même un passant pour lui faire lever le nez en l'air.

Ces objets ne devaient pas être de petite taille puisque, selon ses dires, ils passèrent derrière la traînée de condensation laissée par un avion. Puis, au bout de quelques minutes, ils virèrent au blanc brillant et disparurent à vive allure.

Je me suis dit : " quand il va rentrer, il va me dire : j'ai réalisé qu'il était important de réfléchir sur la problématique des voyages interstellaires, en révisant notre conception de l'univers ".

Eh bien non....

Il a conclu cette expérience par la phrase :

- Je ne préjuge en rien de ce que j'ai vu.

J'ai eu envie de lui dire :

- Si des extraterrestres se saisissaient de toi, t'embarquaient dans une de leurs soucoupes volantes et te fassent faire le tour du système solaire en vingt minutes, tu me dirais " je ne préjuge en rien de l'expérience que j'ai vécu ".

Il est inutile de se révolter face à un tel insuccès. Comment savoir comment les gens sont construits, de quelles œillères ils sont équipés, jusqu'où portent leurs " phares ". En l’occurrence, si on en revenait à la métaphore du véhicule il s'agirait de la capacité de regarder vers le haut, en disposant d'un ... toit ouvrant. L'expérience montre que très peu de gens regardent en l'air. Je m'en rends compte en constatant le peu d'impact (explicité) des idées que j'ai développé dans mon dernier livre, qui sont pourtant fort simples à appréhender.

Je résumé à grands traits l'idée exposée. L'idée fixe du Vivant serait d'étendre son champ relationnel en accroissant sans cesse sa complexité. Une "idée fixe" qui implique un "pilotage de ce monde vivant", une téléonomie. Un pilotage, se situant en dehors de la sphère sensible, tournant le dos aux effets du "dieu hasard", celui des scientifiques orthodoxes, dans lequel la sélection darwinienne opère un tri au sein de mutations dont la cause serait à rechercher en dehors du monde sensible (...).

Si ce plan consiste à étendre ce champ relationnel, sans limite, il est clair que nul oiseau ne pourra voler jusqu'à la planète la plus proche. Celui-ci implique donc l'émergence de la technologie, dont une espèce vivante, sur Terre, l'homme, se trouvera dotée, en même temps que de la station debout (qui libère ses mains en le transformant en homo faber). Le fait de naître "avant terme", sans que les os de son crâne ne soient soudés (à la différence de ses cousins simiens) lui permettra de disposer d'un encéphale plus volumineux, etc.

L'émergence de la technologie, entre les mains de l'homme, est exponentielle, explosive et fait de lui le maître de sa planète en une petite dizaine de milliers d'années. Il acquiert aussitôt un pouvoir qui lui monte à la tête. Pour éviter les inévitables retombées collatérales, toujours dans une optique finaliste, donc totalement hétérodoxe, il a été doté d'un attribut comportemental, que ne possède pas l'animal, lui permettant de s'interroger sur les conséquences de ses actes, ce qu'on appelle conscience morale. Analogiquement : il possède "des phares qui éclairent plus loin".

Ainsi la finalité de la technologie serait de construire, à terme, des véhicule interstellaires, permettant d'aller rendre visite aux voisins. Toute cette histoire requiert une énergie que la chimie ne saurait produire. Ce processus évolutif s'est brutalement accéléré en 1945, au moment où l'homme a commencé à maîtriser l'énergie nucléaire. D'où une accélération d'incursions d'expéditionnaires venant d'autres planètes. En nous voyant continuer à nous entretuer, et à transformer notre planète en poubelle avec notre belle technologie, ils se demandent " quand comprendront-ils que ça n'est pas fait pour cela ?"

Il s'agit donc d'une idée assez simple. Mais allez expliquer cela à Sarkozy, à Bush, à Poutine où Ahmajinejad ?

J'ai lu que nous avions à ce jour découvert 400 exo-planètes. Immanquablement, ce nombre atteindra vite plusieurs milliers. Il y a encore assez peu de temps des astrophysiciens se demandaient s'il existait dans l'univers d'autres étoiles accompagnées d'un cortège de planètes. Aujourd'hui la question serait plutôt : "existe-t-il des étoiles qui n'en possèdent pas ?". Tout ceci indique que le nombre de planètes susceptibles d'abriter une vie intelligente, dans l'univers, se situerait aux alentours de milliards de milliards. Alors, timidement, des scientifiques, comme Jean-Pierre Luminet, envisagent qu'ailleurs il pourrait exister une vie primitive, bactérienne..

Hubert Reeves se base sur le peu d'imagination dont semble faire preuve la nature en matière d'atomes et de molécules. Il hasarde l'idée que ce manque d'imagination pourrait s'étendre au monde du vivant et que dans un nombre considérable de planète des formes de vie très semblables aux nôtres pourraient exister.

En poursuivant son idée, si les voyages interstellaires étaient possible, les créatures qui émergeraient des nefs pourraient alors avoir simplement une tête, des yeux, deux bras et deux jambes.

Tiens donc....

Côté religion, je me rappelle ce qu'avait dit un cardinal, questionné par le journaliste Jacques Pradel, qui n'excluait pas " que le Christ soit mort en croix pour racheter les péchés d'autres êtres que l'homme, peuplant l'univers".

L'idée que je viens de brosser à grands traits plus haut et que je développe dans mon dernier ouvrage, qui est à la portée de n'importe quel lecteur, n'a interpellé personne, en particulier dans la communauté scientifique. Manque de "toit ouvrant", de "phares à longue portée" et de "rétroviseurs efficaces", sans doute. Une idée également trop dérangeante. J'ai dit plus haut que le coût psychologique de certaines prises de conscience, dans certaines situations, pouvaient dépasser les capacité d'un être humain. Là, on devrait raisonner en terme de coût psycho-sociologique, politique, économique. Un nombre ahurissant d'entreprises humaines deviendraient soudain dérisoires. Des pans entiers de croyances s'effondreraient, comme les glaces polaires au moment de la débâcle.

J'ai brièvement évoqué les possibilités potentiellement offertes par ces compresseurs MHD capables de produire des milliards de degrés, mais un jour des température bien supérieures. On entre alors de plein pied dans la possibilité de transmutations, de création, à partir de matériaux aussi stupides que la poussière des chemins, des matières premières jadis très recherchées.

Nous avons déjà une robotique qui progresse à pas de géants et dont nous nous servons actuellement pour accroître la masse des sans emploi, comme l'avaient fait jadis les métiers à tisser de Jacquart, plongeant dans la misère les " canuts ", les tisserands, quand ça n'est pas pour nous entretuer plus efficacement, par robocops interposés, ou drones chasseurs-bombardiers, exempts d'états d'âmes.

Combinons tout cela. Nous voyons poindre un monde où la notion de richesse perdrait soudain son sens. Un monde sans " Bling-Bling ".

Qui serait capable d'imaginer une chose pareille, sinon quelques fous qui vivent la tête dans les étoiles ?

Nouvelle digression sur les événements du 11 septembre. Je commencerai pas un petit dessin humoristique que m'a inspiré une phrase du journaliste Daniel Lecomte :

Je vous incite à regarder ce power point, montrant des photographie prises à partir d'un hélicoptère de l'armée, à différentes phases du drame. Vous reconnaîtrez aisément le bâtiment numéro 7 à la forme trapézoïdale de sa plate forme sommitale.

photo batiment 7 hélicoptère

 Des photographies du World trade Center, prise depuis un hélicoptère militaire, et révélées relativement récemment

Un powerpoint de présentation générale sur les évènements du 11 septembre 2001

Je conclurai cette page en disant que nous devons nous efforcer de réfléchir à la façon dont notre pensée est structurée. J'ose espérer qu'un nombre croissant de gens font cette démarche, en découvrant cet espace de libre pensée qu'est le net, véritable foire aux idées.

Imperméable à toute argumentation, le journaliste Daniel Lecomte animait récemment une nouvelle émission sur Arte consacrée " Aux effroyables imposteurs " (comprenez, ceux qui prétendent se substituer aux journalistes professionnels, sur Internet)

Daniel Lecomte

Daniel Lecomte, animateur d'une émission sur Arte dénonçant les méfaits d'Internet

" Notre rôle n'est pas de changer le monde, mais d'informer "

Quand on entend de tels propos (on a l'impression de vivre une scène de la Planète des Singes) on est tenté de se demander si ces gens ne reçoivent pas des consignes autoritaires pour négliger à ce point toute analyse des faits. Mais il existerait une autre explication, beaucoup plus simple et naturelle, assez éloignée sur ce plan d'un conspirationnisme journalistique. Si ceux qui mettent en doute la version officielle des attentats du 11 septembre avaient raison, ceci nécessiterait une prise de conscience éminemment dommageable au sein de la caste journalistique. Le coût psychologique est peut être encore trop élevé pour un Daniel Lecomte pour que celui-ci envisage de changer sa position d'un iota, et il en est visiblement de même pour les collègues qu'il a invités pour constituer son débat non-contradictoire, dans le style :

C'est mon opinion et je la partage

Au-delà de cette caste journalistique, c'est toute la machinerie militaro-politique qui tremblerait sur ses bases. Là encore, chez de nombreux individus, le coût psychologique reste peut être encore trop élevé, bien que l'on constate que c'est aux Etats-Unis même qu'on trouve le plus grand nombre d'hommes politiques, de militaires, de scientifiques, d'intellectuels, tous de haut rang, qui ont effectué ce saut vertigineux, en osant regarder l'Oncle Sam dans le blanc des yeux. Alors que ces prises de position restent, dans notre pays, totalement exceptionnelles ou même carrément absentes.

Vous remarquerez que si les conspirationnistes ont raison il ne s'agit que d'une opération sous fausse bannière de plus, quoique d'une envergure phénoménale, celle-là. Et vous remarquerez aussi une chose étonnante :

Il n'existe pas, il n'existait pas jusqu'à ce jour de mot ou d'expression équivalente dans la langue française.

C'est égal, il me semble qu'alors que la machine à décerveler du père Ubu tourne à plein régime, de toute évidence, de plus en plus de gens se mettent à penser par eux-mêmes.

Fin de cet éditorial du 15 avril 2010

JP Petit 

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