La guerre des salaires a commencé aux États-Unis, où McDonald’s et Amazon viennent à leur tour d’annoncer des paies plus élevées pour attirer les employés, tandis que plusieurs États vont réduire ou supprimer dès juin les allocations chômage supplémentaires liées au Covid.
Les entreprises voient leur activité repartir à mesure que la population est vaccinée. Mais elles peinent à recruter, en particulier dans les secteurs où les salaires sont les plus bas, à commencer par la restauration.
Pour attirer la main-d’œuvre, une seule solution : aligner les billets verts.
McDonald’s va ainsi augmenter certains salaires face à « une situation compliquée au niveau du recrutement », a dit jeudi Joe Erlinger, responsable aux États-Unis de la célèbre chaîne de restauration rapide.
Pour recruter rapidement 10.000 personnes, le groupe augmente donc les salaires à l’embauche dans les établissements qu’il gère directement — et non ceux des franchisés. Ils seront désormais payés de 11 à 17 dollars de l’heure pour les employés, de 15 à 20 dollars pour les cadres, selon la localisation du restaurant.
C’est un peu plus que le salaire minimum habituel, qui dépend des États et du secteur d’activité, mais dépasse rarement les 15 dollars.
« Proche du socialisme »
Une autre chaîne de restauration rapide, Chipotle, l’avait précédé, avec un salaire minimum à l’embauche, relevé de 11 à 18 dollars par heure.
Quant à Amazon, il veut recruter 75.000 personnes supplémentaires aux États-Unis et au Canada, avec un salaire horaire moyen à l’embauche de plus de 17 dollars, et jusqu’à 1 000 dollars de prime.
Avant eux, les enseignes de distribution Target ou Costco avaient relevé leurs salaires minimums pour atteindre ou dépasser 15 dollars.
Car de très nombreux Américains, licenciés avec la crise, choisissent d’attendre avant de chercher un boulot dans l’espoir de décrocher un meilleur emploi, profitant d’allocations chômage inhabituellement généreuses.
D’autres ne sont pas encore en mesure de retourner travailler, à cause des problèmes de garde d’enfants notamment.
Les chiffres de l’emploi en avril, publiés la semaine dernière, ont été très décevants, et ont semé la zizanie.
La reprise économique désormais lancée aux États-Unis permettait d’espérer un million d’emplois créés, mais seuls 266.000 ont effectivement vu le jour.
Pour l’opposition républicaine, chantre d’une intervention étatique la plus faible possible, la responsabilité est à chercher du côté des allocations chômage.
Face à l’hémorragie d’emplois provoquée par la pandémie, le gouvernement avait en effet, à plusieurs reprises, étendu les droits. Les chômeurs peuvent désormais toucher une allocation jusqu’au 6 septembre, même si leurs droits sont épuisés, et les travailleurs indépendants peuvent aussi y prétendre.
Mais ce sont surtout les 300 dollars supplémentaires accordés chaque semaine par l’État fédéral à tous les bénéficiaires qui font grincer des dents.
« C’est plus proche du socialisme que tout ce que j’ai vu. (…) On ne va pas utiliser l’argent du chômage pour payer des gens qui ne travaillent pas », avait ainsi réagi le gouverneur de Caroline du Sud, Henry McMaster, mardi sur la chaîne Fox News.
600.000 personnes sans allocation
Il faut dire que les pouvoirs publics américains n’avaient pas habitué les chômeurs à une telle générosité. Selon les États, le chômage est habituellement versé pendant 3 à 6 mois, de 235 dollars maximum par semaine dans le Mississippi, à plus de 800 dollars dans le Massachusetts.
Caroline du Sud, mais aussi Arkansas, Missouri, Dakota du Nord ou encore Wyoming, vont donc refermer le porte-monnaie.
« Au moins 11 États » vont réduire, voire supprimer, les aides supplémentaires, à partir de juin ou juillet, a souligné Nancy Vanden Houten, analyste pour Oxford Economics, dans une note.
Cela signifie qu’au moins « 609.000 personnes (…) perdront toute allocation chômage », et que « 279.000 (autres) personnes perdront leurs 300 dollars supplémentaires, tout en conservant leurs prestations classiques (versées par les États) », a-t-elle calculé.
Or « il manque encore des millions d’emplois » par rapport à avant la pandémie, « ce n’est pas comme si c’était quasiment réglé », a déploré le secrétaire aux Transports Pete Buttigieg jeudi matin sur la chaîne CNBC, défendant la nécessité de maintenir ces aides.
Le président Joe Biden avait aussi refusé mardi, de supprimer ce filet de sécurité.
Il avait toutefois mis en garde : « si vous touchez une allocation chômage et que l’on vous offre un emploi convenable, vous ne pouvez pas refuser cet emploi et simplement continuer à toucher le chômage ».
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