10 avril 2021

La Russie doit-elle refaire en Ukraine ce qu’elle a fait en Géorgie le 08.08.08 ?


Vous connaissez l’expression « mieux vaut une mauvaise paix qu’une bonne guerre ».  Cela semble bien vrai et le bon sens semble le confirmer.  Mais, comme pour de nombreux slogans, tout dépend du sens des mots.

D’une part, la Russie est en guerre avec l’Empire depuis au moins 2017.  Vous pouvez appeler cela « paix » par opposition à une guerre conventionnelle à grande échelle ou à une guerre nucléaire, mais compte tenu des coûts humains et matériels de cette guerre bien réelle, je ne suis pas si sûr que le mot « paix » convienne.

Ensuite, si nous acceptons que nous sommes déjà dans une guerre coûteuse et laide (même si cette guerre n’est pas une guerre militaire à grande échelle), on pourrait raisonnablement dire que « mauvais » est encore préférable à « pire ».  L’hypothèse est alors qu’une transition vers une guerre ouverte serait nécessairement pire pour la Russie.  Mais serait-ce vraiment le cas ?

En termes économiques et politiques, la Russie est plus faible que l’Occident dans son ensemble. En termes militaires, cependant, c’est le contraire (voir ici une très bonne introduction à cette question). Ne serait-il donc pas logique que la Russie fasse évoluer la confrontation vers le mode qui lui est favorable ?

En outre, l’idée que la situation actuelle est « mauvaise » et qu’elle va « empirer » si la Russie est obligée d’intervenir repose sur une autre hypothèse dont la logique est erronée : que si la Russie ne faisait absolument rien, les choses « n’empireraient » pas !

Ensuite, nous devons définir le concept de « bonne guerre ». Des milliers d’ouvrages ont été écrits sur ce qu’est une guerre « juste » et des milliers d’autres encore sur ce que pourrait être une « bonne guerre ». Il s’agit d’une question complexe, voire philosophique, que je ne souhaite pas aborder maintenant, mais dont je tiens à souligner l’ambiguïté du concept.

Il y a aussi une raison pratique : il me semble que le moment est à nouveau venu pour l’Occident de recevoir la douloureuse gifle qu’il reçoit de la Russie environ une fois par siècle. Il est clair que les Allemands ont oublié la Seconde Guerre mondiale. Quant aux Américains, 99,99999999% d’entre eux ne savent rien de la Seconde Guerre mondiale. Peut-être que toutes ces grandes gueules ont besoin d’un, comment dire, d’un « rappel » un peu musclé ? Je ne suggérerais pas cela si j’avais le moindre espoir que les Européens se souviennent au moins de la Seconde Guerre mondiale. Hélas, je n’ai plus de tels espoirs.

Alors que nous reste-t-il dans le cas de la Russie contre le Banderastan ?

Je soutiens que ce que la Russie a fait pendant la guerre de cinq jours du 08.08.08 (qui a duré en réalité seulement trois jours !) était correct. Elle a fait ce qui suit :

  • Elle a désarmé complètement les bandes de voyous en uniforme de Saakashvili.
  • Elle a garanti la sécurité de l’Ossétie du Sud et de l’Abkhazie.
  • Elle ne s’est pas engagée dans une longue occupation, n’a pas pris Tbilissi (décision absolument correcte !) et n’a pas imposé un autre dirigeant.

La Russie a fait son travail et est simplement partie (avec un petit contingent resté en Ossétie du Sud et en Abkhazie).

Maintenant, transposons cela à l’Ukraine contrôlée par les Ukronazis :

  • Désarmer complètement les bandes de voyous en uniforme de « Ze ».
  • Garantir la sécurité de la LDNR
  • Ne pas « résoudre » la crise ukrainienne pour les Ukrainiens (c’est leur travail, pas celui de la Russie).

Cela me semble plutôt raisonnable. Et, de plus, tout comme la Géorgie, l’Ukraine ukrainienne ne se remettra pas de cette « réponse minimale » avant de nombreuses années. Je pense que le seul fait de battre les Ukronazis garantira l’effondrement du Banderastan en plusieurs États différents.

Il existe, bien entendu, des différences majeures entre la Géorgie du 08.07.08 et l’Ukraine d’aujourd’hui, tant sur le plan quantitatif que qualitatif. Un seul exemple : les Ukies pourraient attaquer la Russie proprement dite (j’ai dit « attaquer » – je n’ai PAS dit « vaincre » !), ce que Saakashvili ne pouvait pas faire.

Quoi qu’il en soit, la séquence fondamentale désarmer->protéger->se retirer est, à mon avis, une séquence qui vaut la peine d’être considérée comme une « bonne » guerre, d’autant plus que l’« alternative pacifique » pourrait s’avérer bien pire.

Alors, qu’en pensez-vous ? La Russie devrait-elle répéter le scénario du 08.08.08 si les Ukronazis attaquent ?

PS : question bonus : regardez ces deux nouvelles :

Question : pouvez-vous trouver une justification militaire logique pour l’un ou l’autre de ces mouvements et, si oui, laquelle ?

The Saker


Quelques points pour aujourd’hui

Ron Unz a publié mon article [en cours de traduction, NdT] sur la situation dans le monde dans Unz Review et vous pouvez en prendre connaissance là-bas. En voici un avant-goût :

Donc, pour convaincre ces 447 millions de résidents de l’UE qu’ils ont besoin de la protection et des armes de l’Amérique, l’Amérique a besoin que la Russie entre dans la guerre en Ukraine et si cela se termine par la destruction totale, et elle le fera si la Russie le décide vraiment, des forces armées ukrainiennes et, probablement, de l’État ukrainien, ainsi soit-il. Les Américains ne se sont jamais vraiment souciés de savoir combien d’aborigènes mourraient, tant que cela servait les intérêts des États-Unis. Ou, si l’on veut, un état de la condition américaine, qui se détériore régulièrement parce que non seulement les États-Unis ont de moins en moins de substance, c’est-à-dire à haute valeur ajoutée, à vendre au monde, mais la formation du monstre économique et militaire de l’Eurasie fait passer les États-Unis de leur statut autoproclamé, grossièrement exagéré pour commencer, d’hégémon mondial au statut, au mieux, d’un des rares gros bonnets de la planète. Au pire, les États-Unis ne sont plus considérés comme un concurrent viable en Eurasie et sont relégués au rang de puissance régionale, toujours puissante par rapport à ses voisins continentaux, mais n’ayant aucune chance d’atteindre ce deuxième chiffre de 4,67 milliards.

Comme vous l’avez peut-être déjà deviné, 4,67 milliards est la population de l’Asie. Et si l’on veut confirmer la position de la Russie que je décris depuis une semaine environ, Dmitri Kozak – un chef adjoint de l’administration présidentielle – a déclaré sans hésitation aux principaux médias que :

Козак : начало боевых действий в Донбасе со стороны Киева станет началом конца Украины

Traduction : le déclenchement des hostilités dans le Donbass par Kiev sera la fin de l’Ukraine.

On ne peut pas être plus clair que ça, n’est-ce pas ? La Russie est prête, comme je l’ai déjà dit, si besoin est, à finir le travail. Et dans les nouvelles connexes. Les navires amphibies et d’artillerie de la flottille Caspienne (en tout – 10 navires) commenceront le transfert de la Caspienne à la mer Noire dans les prochains jours (en russe). Devinez à trois reprises pourquoi ces navires (bien sûr, entraînement au combat, clin d’œil, clin d’œil) sont transférés en Mer Noire PAR LA MER D’AZOV ? C’est exact ! La mer d’Azov est très peu profonde et ces navires sont parfaitement adaptés aux opérations en eaux peu profondes.

Ces petits gars sont équipés d’un canon massif et d’une puissance de feu de haute précision MLRS et n’auront aucun problème à couler tout ce que l’Ukraine peut avoir en surface et à aider au débarquement des marines sur le rivage, juste au cas où. En conséquence de tous ces mouvements de la Russie, nous avons soudainement ceci :

Les États-Unis sont conscients des mouvements militaires russes le long de la frontière orientale de l’Ukraine et soutiennent l’apaisement des tensions dans la région où les violations du cessez-le-feu ont augmenté ces dernières semaines.

Non, non, les gars, ce n’est pas comme ça que ça marche. S’il ne fait guère de doute que les États-Unis poussent l’Ukraine au suicide, n’oublions pas que beaucoup en Ukraine veulent anéantir le Donbass russe et s’il faut un génocide, ils sont prêts à le commettre. Maintenant, ce clown de Zelensky doit décider comment lui et son régime de russophobes fanatiques vont procéder et il est dans une situation d’interblocage – condamné si vous le faites (attaque), condamné si vous ne le faites pas. L’abcès suppurant de l’Ukraine doit être traité, car la Russie a tous les moyens et toutes les intentions de le traiter, si on en arrive là, de manière chirurgicale. Sans anesthésie. Mais là encore, comme je le répète ad nauseam, quand on a une telle domination de l’escalade comme la Russie, il n’est pas difficile d’avoir de nombreuses options de réponse. Et oui, les gens du Kremlin ne donnent pas leurs « opinions personnelles » à la presse, comme c’est le cas aux États-Unis, les déclarations de personnes d’un niveau tel que Kozak, qui se trouve également être l’ami personnel de Vladimir Poutine, indiquent que la décision a été prise et que la Russie est prête à toute éventualité.

Andrei Martyanov

Traduit par Wayan, relu par Hervé pour le Saker Francophone

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