11 octobre 2020

Etat d’ivresse au bloc opératoire : une morte !



Ce 26 septembre 2014, “comme tous les jours” dès six heures du matin, pour “cesser de trembler”, Helga Wauters commence par boire de la vodka.

C’est un cas rare qui va être jugé par le tribunal correctionnel de Pau. En état d’ivresse au bloc opératoire, une anesthésiste belge est jugée pour avoir causé en 2014 la mort d’une femme, asphyxiée lors de son accouchement par césarienne à la maternité d’Orthez, dans les Pyrénées-Atlantiques.

Ce 26 septembre 2014, “comme tous les jours” dès six heures du matin, pour “cesser de trembler”, Helga Wauters commence par boire de la vodka, mélangée à de l’eau, puis reboit l’après-midi et le soir. Devant les enquêteurs, elle reconnaîtra être “incapable d’aller au bloc sans avoir bu”. Six ans plus tard, l’anesthésiste doit répondre de la mort accidentelle d’une patiente enceinte de 28 ans alors que ce jour de garde, elle était sous emprise de l’alcool: Helga Wauters avait intubé les voies digestives au lieu des respiratoires, sans s’en rendre compte.

Xynthia Hawke, responsable commerciale britannique installée sur la côte basque, décédait le 30 décembre 2014 des suites d’un manque d’oxygène. Son bébé avait survécu, sans séquelles.

“A 70% de ses capacités”

L’anesthésiste, embauchée quinze jours plus tôt, avait administré une péridurale à la jeune femme qui avait dépassé son terme, puis était sortie prendre “un verre de rosé” chez des amis. Mais l’accouchement se compliquant, une césarienne devenait nécessaire pour sortir le bébé de 4,5 kg. Wauters, qui sentait l’alcool à son retour selon ses collègues, avait intubé dans l’oesophage au lieu de la trachée, provoquant réveil et douleurs de la patiente, en pleine opération sous anesthésie générale. Puis, elle avait utilisé un ballon manuel pour ventiler sa patiente au lieu du respirateur qu’elle ne semblait pas savoir utiliser, selon des témoins. C’était “Bagdad”, résumera une infirmière du bloc. Le personnel soignant avait dû appeler le Samu qui avait découvert une patiente en arrêt cardiaque.

En garde à vue le 30 décembre, quatre jours après le drame, l’anesthésiste présentait 2,38 g d’alcool/l de sang.

“Sa capacité à se remettre en cause” interroge la justice, alors que tout en se disant à “70% de ses capacités”, elle estimait avoir “parfaitement” fait son travail, selon l’ordonnance de renvoi signée par la juge d’instruction en mai 2019. Si elle concédait une part de responsabilité, elle se défaussait aussi sur les soignants et invoquait un dysfonctionnement du respirateur.

Deux condamnations pour “ivresse”
Elle affirmait avoir dérivé dans l’alcool et les ennuis professionnels après une séparation avec sa compagne en 2005. Son parcours, semé de cures à répétition, compte deux condamnations en 2010 et 2015 pour ivresse au volant et deux licenciements pour faute grave en Belgique liés à son alcoolémie.

Licenciée en février 2013 de l’hôpital de Soignies, elle est remerciée un an plus tard de celui de Saint-Vith où, ivre, elle rate à deux reprises une péridurale. Fait surprenant: cet hôpital avait prévu dans son contrat la possibilité de la soumettre à un ethylotest à tout moment. Mais 7 mois plus tard, rien ne filtre quand un cabinet de recrutement l’embauche en “express” pour la clinique Labat d’Orthez où elle arrive le 12 septembre.

Outre l’obstétricien, la clinique Labat et le centre hospitalier d’Orthez, à la disposition duquel la clinique mettait ses anesthésistes et ses locaux en vertu d’une convention, ont un temps été mis en examen avant de bénéficier d’un non-lieu.

Pour cet “homicide involontaire”, l’anesthésiste de 51 ans risque 3 ans d’emprisonnement – elle a effectué 2 mois de détention provisoire. Retournée vivre en Belgique, la quinquagénaire, qui souffre toujours d’alcoolisme, comparaît libre sous contrôle judiciaire après plusieurs reports du procès en raison de la crise sanitaire.

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