Pages

28 juillet 2020

Cancelled, l’Esprit ?


D’une certaine façon aisément compréhensible, un tel texte accompagnant un commentaire de Howard James Kunstler, aurait dû figurer dans la ‘rubrique’, ou dans la série disons, des textes RapSit-USA2020. (Dans tous les cas, on pourra l’en rapprocher.) Mais c’est qu’il s’agit d’une réflexion qui, si elle vaut pour les USA, vaut finalement pour toute notre civilisation dans le sens où elle met moins en procès un parti, une idéologie, un engagement, etc., et tout cela au niveau d’un pays, – que le processus d’abrutissement et de réduction de la psychologie, d’abdication et de démission du caractère, d’abaissement de ce qui nous reste d’ontologie, et ce processus présentement à l’œuvre dans une civilisation déclinant de plus en plus rapidement jusqu’à ce qui pourrait être identifié comme une chute dans l’effondrement.

Le “Cancel” du titre renvoie évidemment au verbe to cancel (que nous nous permettons de transcrire par ‘liquider’ pour ce cas) et au slogan “Cancel Culture” que certains ont adopté dans les rangs déferlants des manifestations officiellement attribuées aux BLM (Black Lives Matter) pour débattre du racisme anti-blacks aux USA. Il est évident pour Kunstler, et cela vaut également pour nous et pour tout jugement qui n’est pas emporté par la flûte du simulacre, que l’argument (racisme anti-blacks) est loin d’être le seul sujet en jeu aujourd’hui, sinon comme faux-nez pour nombre de desseins cachés.

On voit très vite que Kunstler parle de la situation US as a whole. C’est elle qui est ici considérée, puisqu’après tout Kunstler n’est pas loin d’attribuer la responsabilité directe de tout ce désordre à l’absence de réaction légale et souveraine de l’administration Trump, sinon de Trump lui-même, à de multiples infractions commises pour le mettre en cause, sinon pour l’abattre. Ainsi, à côté de la responsabilité évidente des démocrates et de leurs multiples courroies de transmission et autres comploteurs venus aussi bien du FBI que de la CIA, se trouve la responsabilité de celui qui est investi de l’autorité et qui n’en use pas alors que cette autorité a pour fonction première d’affirmer la légalité et d’agir en conséquence, – ce qui est la mission de Trump, – s’il l’apprenait, quelle ne serait pas sa surprise effrayée, voire paniquée !

Ainsi, au-delà de Trump-démocrates, le procès que fait Kunstler va à toute une époque, toute une civilisation, celle du piètre bloc-BAO qui est complètement sous l’emprise des divers simulacres qu’elle monte elle-même pour répondre à cette “société du spectacle” dont on croit encore qu’elle est une arme pour nous asservir. Les premiers asservis, les premiers abrutis, les premiers dont la pensée libre est directement désintégrée, ce sont les directions et les élites qui ne peuvent échapper aux rets du Système (d’où les élites-Système); ce Système qui, dans son immense stupidité de la force brute, les emprisonne pour qu’elles le servent mieux alors qu’ainsi emprisonnées elles deviennent inefficaces, pitoyables, ridicules.

Trump, l’homme improbable, le bouffon ridicule qui a “osé” dépouiller Hillary de son piètre vernis de vertu pour qu’on puisse sentir toute la corruption dont elle est chargée, n’a pas “osé” comprendre qu’en jouant le jeu de l’autorité au poste où il se trouvait, il affirmait sa stature et acquérait une légitimité irréfragable ; et dire qu’on fait de lui un dictateur, un “nouveau Hitler” ! Bien entendu et là encore, ces reproches peuvent être égrenés, adaptés aux détails, pour la plupart des chefs d’État et de gouvernement, c’est-à-dire tous ceux du bloc-BAO sauf accident aisément identifiable. De même glosera-t-on sur la lâcheté stupéfiante des mêmes élites-Système devant les montages et simulacres que leur font les diverses repentances, accusations sociétales, réclamations “droitdel’hommistes” et “droitdegenriste” qui geignent sans fin des foules-simulacres circulant dans les réseaux-sociaux et les rhizomes-sociétaux que Deleuze, s’il était encore parmi nous, regarderait avec un grand attendrissement. Il s’agit de la marque de cette “civilisation déclinant de plus en plus rapidement jusqu’à ce qui pourrait être identifié comme une chute dans l’effondrement”.

Plus de “pensée libre”, plus d’“Esprit”, plus de “thinking” (« Is Thinking Cancelled? », titre original de l’article de Kunstler), etc., quelle horrible occurrence ? Eh bien, nous avons les contestataires, les protestataires et les “révolutions culturelles” que nous méritons : au ras des pâquerettes, certes, pendant que la “fucked” civilisation en chute libre d’effondrement se goinfre de pissenlits par la racine. « Y a-t-il quelque chose à propos de cette [civilisation] qui mérite d’être défendue ? Est-ce que le fait de penser est liquidé ? »

Le texte ci-dessous, du 20 juillet 2020 sur le site de Kunstler, est mis en ligne en traduction française par le Sakerfrancophone le 25 juillet 2020.
dde.org


______________________


Liquidée, la pensée !

Tout est en jeu maintenant. La réalité consensuelle est en fuite – les vieilles certitudes de l’histoire américaine et les promesses d’avenir qui s’éloignent s’enfoncent dans la boue ardente du virus corona. Les choses se passent sans conséquence apparente. L’autorité est en déroute. La coercition quadrille le pays pour éradiquer le crime de la pensée libre. Les fantasmes et les illusions se précipitent dans l’espace que la raison a quitté par peur pour son existence. Il serait préférable de ne pas penser du tout. Mais vous ne pouvez pas vous en empêcher, n’est-ce pas ? Être humain, c’est être obnubilé par sa propre pensée.

Je ne peux m’empêcher de penser que l’incapacité à résoudre les opérations malhonnêtes du RussiaGate est en grande partie responsable de l’absence d’autorité et de responsabilité, ces deux sentinelles de la raison. Les crimes des agents du FBI, du DOJ, de la CIA et d’autres agences ne sont pas jugés alors que des preuves claires de leurs méfaits séditieux ont été publiquement documentées et largement publiées. Il semble que cette grande affaire de tentative de renversement du président se résume à la seule volonté de William Barr et de John Durham qui ont osé mettre le feu aux poudres, et on se demande s’ils ont la moindre idée des dommages que leur retard cause à la psyché nationale.

Le général Flynn, le Dreyfus Américain, continue de se tordre lentement dans le vent malgré l’abandon des charges retenues contre lui par le DOJ. Le juge Emmet Sullivan est occupé à détruire la crédibilité et l’autorité fédérale avec des manigances procédurales de mauvaise foi, soutenues par la claque des escrocs de Washington comme Ben Wittes qui manœuvrent en arrière-plan pour protéger Barack Obama et Hillary Clinton. N’est-il pas temps que la Cour d’appel de Washington oblige le juge Sullivan à mettre fin à l’affaire, ou qu’elle le réprimande et le démette de ses fonctions ?

Au-delà de toutes les conneries juridiques, la vie d’un homme innocent est injustement bloquée dans les limbes après trois ans de poursuites malveillantes. Pourquoi le procureur général n’a-t-il pas préféré porter des accusations contre le principal accusateur du général Flynn, le procureur en chef Brandon Van Crack – ou, d’ailleurs, contre Robert Mueller, Andrew Weissmann et tout le personnel du conseil spécial – pour dissimulation de preuves et bien d’autres méfaits évidents liés aux poursuites ? Barr a clairement déclaré plus d’une fois que le ministère dont il a pris la charge en 2019 « a utilisé le processus de justice pénale comme une arme politique ». Est-ce illégal ou non ? Est-ce que cela porte préjudice à la société de laisser cette question sans réponse, mois après mois ?

Dans une société meilleure, les journaux se seraient précipités à la défense du Général Flynn. Sauf que nos principaux journaux sont tellement investis par des années de leur propre mensionges et narrative qu’ils n’osent pas couvrir l’histoire. Quelles sont les conséquences pour Dean Baquet, rédacteur en chef du New York Times, depuis que Bari Weiss, membre du personnel du Times, a révélé son incapacité à supporter plus longtemps les brimades idéologiques, la coercition et l’hostilité sociale dans sa salle de rédaction ? Baquet n’a pas seulement détruit une institution ; il a transformé sa mission professionnelle de rendre compte de la réalité en une arnaque minable. Le conseil d’administration du New York Times ne se préoccupe-t-il pas de sa réputation ? Le sign,ification de leur attitude est peut-être la suivante : pourquoi se soucier de sa réputation ? Alors, à quel genre de culture s’attendre à partir de telles attitudes ?

Les maires de New York, Chicago, Seattle, Los Angeles, New York, Minneapolis, Portland, Atlanta et Washington DC ont tous autorisé des émeutes, des pillages, des destructions de biens et des incendies criminels dans leurs rues, et ont pris des mesures pour sous-financer et retenir la police, voire l’abolir complètement. Ce sont toutes des villes contrôlées par le Parti Démocrate et dotées de maires Démocrates.

Pensez-vous que les électeurs ont bien regardé ces scènes et en ont conclu que le Parti Démocrate n’est peut-être pas intéressé par l’ordre civil ? Et dans quel but, exactement ? Le fait que le taux d’homicides sous les mandats de Bill de Blasio et de Lori Lightfoot soit soudainement hors normes alors qu’ils sont occupés à saper l’autorité de la police et sa capacité à protéger le public va-t-il dégrader l’image du président Trump ? Que pensez-vous du fait que le procureur en chef de St Louis Kim Gardner ait décidé de poursuivre Mark et Patricia McCloskey pour avoir défendu leur maison contre une foule qui menaçait de la brûler ? Le gouverneur du Missouri, Mike Parson, a déclaré ce week-end qu’il gracierait rapidement le couple s’il était inculpé – au moins, voilà une action sans équivoque et décisive en faveur de la santé mentale.

Dans les mois à venir, il y aura beaucoup plus de problèmes réels pour rendre fou le peuple américain. Nous n’avons même pas effacé les affronts à la décence et à la raison qui se sont produits avant que le virus corona ne débarque et commence à détruire des millions de vies et de moyens de subsistance. Le cri de sirène de l’anarchie retentit déjà. Y a-t-il quelque chose à propos de cette république qui mérite d’être défendue ? Est-ce que le fait de penser est liquidé ?

James Howard Kunstler

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire

Remarque : Seul un membre de ce blog est autorisé à enregistrer un commentaire.