16 septembre 2019

Rentrée judiciaire

 

Notre ami Présipède, on peut en penser ce qu’on veut -plutôt du bien, tout de même, si on souhaite éviter les embêtements- mais pas question de remettre en cause sa volonté sincère de réformer le Pays ! C’est en tout cas ce que me confiait récemment une relation à moi, qui le connaît d’assez près et trouve avantage à lui cirer amoureusement les godasses. Je ne saurais donc, même si je navigue sous pseudo, remettre en cause pareille affirmation; d’autant qu’on rencontre en effet, chez le petit bonhomme de l’Élysée, des tendances à la table rase…bien vite transformée en réformettes démocratiquement acceptables, toutefois.
Sauf que, ce coup-ci, il s’attaque à l’Everest, carrément ! Le voilà parti pour l’expédition de tous les dangers, la rivière sans retour, le Pont de Remagen, la mort aux trousses, une saison en enfer ! Enfin le gros casse-gueule, le piège à cons pour militaire isolé, le grand bond en avant dans le gouffre sans fond… je veux dire la réforme des retraites, vous m’aurez compris.
Il faut du courage, voire de l’inconscience pour se lancer sur un tel projet avec pour ambition l’unification totale du système, c’est à dire la disparition des régimes spéciaux. Parce que, ce faisant, vous vous attaquez à la SNCF ainsi qu’à la RATP, c’est à dire tout ce qu’il y a de plus performant pour foutre le bordel dans le pays. J’oublie les notaires et les avocats, lesquels manquent un peu, pour ce qui les concerne, de puissance de feu mais je m’empresse de rappeler les fonctionnaires, également concernés par les visées présipédiques. Nous avons là un fort joli panel de grévistes potentiels sans prise de risques; c’est ce qui fit, pour ceux qui s’en souviennent, le succès fabuleux de la révolte de Décembre 95 contre le Plan Juppé dont il faut rappeler qu’il comportait des objectifs grosso-modo semblables. Certes les générations ont changé mais les principes demeurent: « tous ensemble, tous ensemble, ouais, ouais… » on fout le boxon partout! Avec la conviction de « sauver leurs retraites », le côté récréatif de la bonne petite révolutionnette des camarades, et le sentiment jouissif de la mettre bien profond au capitalisme tant détesté, je vois mal comment les mêmes causes ne produiraient pas les mêmes effets, fût-ce à vingt-quatre ans d’intervalle. Sans compter qu’ils ont confié le pilotage des opérations au Haut Commissaire Delevoye. C’est qu’il a de sacrées références Delevoye! Ainsi, comme ministre de l’ineffable Raffarin, ce garçon conduisit jadis la réforme des retraites des fonctionnaires…Oui, d’accord, personne alors ni jamais depuis ne s’en aperçut, sauf lui, et encore… Un peu comme Sarko lorsqu’il proclama à sons de trompes avoir résolu l’épineux problème des Régimes Spéciaux! Nous constatons dans les deux cas, le caractère quelque peu illusoire des opérations en cause puisqu’il faut aujourd’hui une volonté farouchement affirmée de notre petit Président adoré, pour remettre sur le métier un ouvrage qui, manifestement, n’a guère avancé depuis 1945.
Nous voilà donc partis pour un nouveau round, avec, bien sûr, concertation syndicalo-politique et, chose absolument délicieuse, « consultation citoyenne » par le biais d’Internet. Il aime ça, notre Guide de l’Elysée, les « Grand Débat », les « Consultation citoyenne », tout ce qui ressemble de près ou de loin à de la démocratie directe, sans toutefois présenter les inconvénients majeurs du referendum, tels que nos amis Britanniques les mettent en lumière au travers du processus de Brexit. Nul ne sait ce qui sortira des préliminaires ci-dessus énoncés mais le nouveau système de retraites doit apparaître dans sa forme définitive d’ici l’été 2020. Tout cela nous promet une petite année d’agitations et de désordres en tout genre! Les hostilités ont démarré dès Vendredi dernier par une grève massive de la RATP bien décidée à défendre bec et ongles ses « avantages acquis »… disons les privilèges invraisemblables de ses employés… Sauf qu’avec l’affaire Balkany elle est passée inaperçue, la grève d’avant-hier!

Oui, enfin, pour les pauvres couillons qui prenaient le Métro, fût-ce à Pont de Levallois, la grève restait perceptible, c’est le moins qu’on puisse dire. En revanche, pour les BFM TV et consorts, la nouvelle de l’embastillement surprise du zigoto en question n’a pas manqué d’atomiser tout le reste de l’actualité; seul un scoop de dimension mondiale, un truc énorme quoi, le Pape sodomisé par Donald Trump, voyez, ou bien la Reine d’Angleterre en maillot de bains deux-pièces traversant Trafalgar Square au pas gymnastique, enfin vraiment du surchoix sans équivalent, pour prendre le pas sur la décision du Tribunal Correctionnel de Paris. Aussitôt tombé le verdict, plus rien d’autre n’existait que le mandat de dépôt délivré à l’encontre de l’édile tant abhorré par la Grande Famille de Gauche dans son ensemble.
Alors, disons le tout net, ce M. Balkany ne mérite ni l’importance qu’on lui accorde, ni le déchaînement de haine qu’il provoque chez les Gauchiards, ni la sanction manifestement vengeresse que des juges probablement proches du mur des cons viennent de lui infliger. C’est un maire bien installé dans son fauteuil, qui a su, en arrosant à droite et en passant la pommade à gauche, enfin façon de parler, se faire apprécier d’une majorité de ses administrés, lesquels ont bien profité de la bonne réputation de la ville, de sa situation géographique, quasiment à Paris et du bon côté. Sans compter, aussi, le prix du mètre carré en constante augmentation depuis des décennies. Le bon bourge de Levallois, enrichi par une évolution des choses lui paraissant favorable et, pourquoi pas, imputable à la bonne gestion du Maire, tient à ce dernier comme à la prunelle de ses yeux, il n’en changerait pas pour un empire… Surtout qu’il voit, tout à côté, l’exemple de la Capitale, vaste caravansérail dirigé par une bande de branquignols à moitié sinoques avec, à leur tête, une ex-inspectrice du travail marxiste (pardonnez le pléonasme). Face à Annie Dalgaud, Patrick le Balkanique fait figure de génie de la gestion municipale!
Manque de pot, ce dernier aime beaucoup le pognon, au point de tout mettre en œuvre pour éviter de s’en séparer, aidé en cela par sa tendre épouse, tout aussi acharnée à soustraire le blé aux attentions délétères du Fisc. N’oublions tout de même pas que M. Balkany et Mme. née Smadja, ont reçu tous deux en héritage une culture très orientée -sinon orientale- les conduisant à toujours faire fructifier sans jamais dilapider.
Manque de pot, encore, ce brave couple de gens, somme toute assez ordinaires, sans intérêt particulier ni quelconque génie, se sont trouvés rapidement étiquetés « saloperies de droite », vieux potes de Sarkozy et donc, parfaitement haïssables. Le feuilleton judiciaire qui les a trimballés depuis plusieurs années a fait le reste, les Balkany sont devenu un symbole de l’ignoble bourgeoisie oppressive et malfaisante, encore heureux si l’on n’y ajoute aucune référence confessionnelle. La Gauche adore les symboles, elle ne vit même que de cela, et le sort des deux époux, thénardisés par l’opprobre gauchiard, s’en est trouvé scellé sans espoir de retour. En conséquence, les Juges ont suivi la pente de leur sentiment profond et de leur pieuse conviction , en condamnant le pauvre Patrick bien plus lourdement qu’ils ne l’avaient fait, par exemple, dans le cas Cahuzac pourtant encore plus grave, si l’on y regarde de près. La Justice de classe est passée, que voulez vous! Selon que vous serez, ou non, convenablement placé sur l’échiquier politique, les jugements de la Répupu vous rendront blanc ou noir.

Sûrement pas, nous dit-on! La Justice se montre parfaitement impartiale! Il suffit pour s’en convaincre de s’en référer à la mise en examen du Président de l’Assemblée Nationale. Socialo recyclé macrouillesque, franc maçon, mutualiste de souche! Et pourtant traîné devant les Juges d’Instruction comme le premier facho venu! Si cela ne vous suffit pas, qu’est-ce qu’il vous faut, alors?
Alors? Eh bien d’abord, rappelons donc un peu les raisons pour lesquelles il en arrive là, le beau Richard du perchoir enchanté. Une escroquerie évidente et scandaleuse, un trafic d’influence patent, avec enrichissement personnel au détriment de l’Organisme Mutualiste dont il assumait la Direction Générale. Une combine tellement grosse et tellement évidente qu’elle ferait rigoler un gamin de maternelle-supérieure, fût-il issu de l’immigration comme l’écrasante majorité de ses petits camarades. Le type fait acheter par sa femme un bien sur lequel la mutuelle a jeté son dévolu, après quoi ladite mutuelle le prend en location pour un loyer couvrant largement le remboursement du prêt, et ensuite y réalise à grands frais des travaux de rénovation. Le tout décidé par un conseil d’administration gentiment manipulé, qui gobait tout ce que lui présentait son cher, très cher, directeur.
Le dossier initial ayant bien vite fait l’objet d’un classement sans suite par le Procureur de Brest, l’Association Anticor prit l’heureuse initiative de déposer une nouvelle plainte, mais cette fois-ci avec constitution de partie civile et devant le Doyen des Juges d’Instruction du Pôle Financier de Paris! Celui-ci, après s’être longuement grattouillé la pensarde, a fini par constater les dégâts, pas moyen de faire autrement que de donner suite, c’est trop gros, trop évident, trop inadmissible aussi! Et du coup, bien sûr, il se retrouve inculpé -comme on disait avant- Ferrand, c’est bien la moindre des choses…mais rassurez vous, il pourra encore percher tranquillement, ce Monsieur, l’instruction sera longue! J’irai même jusqu’à pronostiquer qu’il ne sera pas condamné avant la sortie de taule du sieur Balkany…si le malheureux ne décède pas avant, bien entendu… les volontés de l’Éternel sont insondables…

Que la vie continue à vous être douce, et, vous autres qui me lisez (ce qui pourrait bien constituer un délit, vous savez), faites bien attention, évitez de traîner à proximité des Palais de Justice, passez bien au large…
A bientôt.

Et merde pour qui ne me lira pas.

NOURATIN

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