14 septembre 2019

Entre 23 et 28% des candidats à un engagement comme militaire du rang sont recalés pour inaptitude médicale


Au regard de l’ampleur que tend à prendre le phénomène, c’est à se demander s’il ne faudrait pas que les politiques sociales et sanitaires relèvent de la sécurité nationale… Ainsi, avec la démographie insuffisante, comme au Japon et en Allemagne, ainsi qu’avec l’état de santé des jeunes générations, le vivier de recrutement des armées se réduit de plus en plus. Et la France est a priori sur cette pente.

Le problème avait déjà été souligné par le sénateur Dominique de Legge, dans un rapport sur la politique des ressources humaines du ministère des Armées, publié cet été. Et il a été de nouveau abordé par le Haut Comité d’évaluation de la condition militaire [HCECM], qui ne cache pas sa préoccupation, notamment pour ce qui concerne le recrutement des militaires du rang, puisque, désormais, un quart des candidats est éconduit pour des raisons médicales.

« Entre 23 % et 28 % des candidats à l’engagement comme militaire du rang sont ainsi recalés pour inaptitude médicale, les inaptitudes définitives s’échelonnant entre 5 et 11 %, les inaptitudes temporaires représentant le reste. La question de l’état de santé des militaires à l’engagement est donc une question importante, d’autant qu’à l’incorporation les armées perdent encore de 4 à 7 % des recrues, même si pour la grande majorité il ne s’agit que d’une inaptitude temporaire », lit-on dans le dernier rapport que HCECM vient de publier.

Ce phénomène atteint des « niveaux importants » uniquement pour le recrutement des militaires du rang. Selon le Haut Comité, il est marginal pour les officiers et, avance-t-il, le taux d’inaptes « reste mesuré parmi les candidats au recrutement aux emplois de sous-officier, de l’ordre de 3 %. » Ce qui sous-entend que plus le niveau scolaire exigé est important, moins les candidats sont susceptibles d’être écartés pour des raisons médicales.

« Parmi les nombreuses raisons qui conduisent aux inaptitudes, les médecins citent souvent les problèmes dentaires. D’autres aspects appellent l’attention des recruteurs et des médecins des armées car ils observent globalement une dégradation du taux d’aptitude physique du vivier de recrutement, sans toutefois atteindre les niveaux relevés par certaines armées occidentales », explique le HCECM.

L’armée de Terre a ainsi constaté une hausse des inaptitudes temporaires parmi ses candidats à un engagement au titre de militaire du rang. Aussi a-t-elle développé des outils pour y remédier, en proposant des modules de préparation physique à ses épreuves de sélection. En 2016, elle a ainsi mis au point une l’application mobile sengager.fr, qui propose un programme d’entraînement [appuis-faciaux, test Luc Léger] et un « coaching » personnalisé, ce qui lui a valu de recevoir le prix « manager public de l’année. »

Pour l’armée de Terre, il s’agit ainsi de « mieux répondre aux attentes notamment en matière d’état physique général et d’obésité dont les évolutions dans la population française sont inquiétantes », souligne le HCECM. En effet, selon l’enquête ObEPI 2012, la proportion des 18-25 ans obèses est passée de 3 à 5% entre 1997 et 2012 tandis que celle des jeunes en surpoids a atteint les 14% durant la même période.

Selon le résumé de cette étude, « dans les foyers au revenu net de 3.800 euros par mois ou plus, 8,3% des adultes sont obèses contre 24,1% dans les foyers dont le revenu est inférieur à 1200 euros par mois. Une corrélation similaire apparaît si l’on considère le niveau d’éducation plutôt que le revenu. »

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