11 août 2019

EPR de Flamanville : une fiasco industriel et un danger pour les populations !


Le ministre de l’Économie Bruno Le Maire a annoncé vendredi 5 juillet un audit sur le filière EPR, 12 années après le début du chantier du réacteur 3 de la centrale de Flamanville. Il devait être terminé en 2012 mais sept ans plus tard, le chantier s’éternise et le coût a été multiplié par trois.

Un feuilleton qui n’en finit plus. Et dont le coût ne cesse de s’allonger... De 3,3 milliards d’euros en 2006, il atteint plus de 10 milliards d’euros aujourd’hui! Le ministre de l’Economie Bruno Le Maire a annoncé vendredi 5 juillet avoir demandé un audit sur la filière EPR, après les déboires à répétition sur le chantier de ce réacteur nucléaire de 3e génération à Flamanville (Manche). «Je crois que ces incidents à répétition ne sont pas acceptables, ils ne sont pas compréhensibles. Ils ne sont pas acceptables de la part d’une filière nucléaire qui est un fleuron français», a déclaré Bruno Le Maire sur BFMTV en marge des rencontres économiques d’Aix-en-Provence. «Moi je souhaite savoir ce qui s’est passé. Je souhaite savoir pourquoi on a retenu cette technologie EPR, pourquoi on rencontre tellement de difficultés, pourquoi est-ce qu’il y a eu malfaçon, pourquoi ces fameuses soudures n’ont pas bien été réalisées», a-t-il poursuivi.

Pour cette raison, «j’ai demandé un audit totalement indépendant sur cette filière EPR, pour comprendre pourquoi certains choix techniques n’ont pas forcément été les bons, comment nous en sommes arrivés là (...) de façon à ce que (le groupe français) EDF puisse y remédier dans les meilleurs délais», a-t-il ajouté.

C’est Jean-Martin Folz, ancien PDG de PSA-Peugeot Citroën de 1997 à 2007, qui devrait le mener.

L’Autorité de sûreté nucléaire a demandé le 20 juin à EDF de réparer huit soudures difficilement accessibles sur l’EPR de Flamanville, occasionnant de nouveaux retards pour ce chantier qui ne pourra pas être terminé avant fin 2022, et dont le calendrier et les coûts ont déjà dérapé à de multiples reprises. Le ministre français de la Transition écologique François de Rugy, suite à ce nouveau déboire, avait fait part de son doute sur la rentabilité de la filière nucléaire par rapport aux énergies renouvelables.

Ce projet de réacteur de 3e génération, dit EPR (réacteur pressurisé européen), a été semé d’embûches depuis son lancement en 2004. Initialement prévue pour 2012, sa mise en service a été plusieurs fois retardée, et son coût revu en forte hausse.

Un fiasco industriel qui débute en 1986

Pour comprendre pourquoi, il y a un souci avec l’EPR, il faut revenir un peu en arrière. Nous sommes en 1986 quand l’accident de Tchernobyl se produit. Les autorités veulent alors construire des centrales nucléaires plus sûres. Et un EPR apporte des garanties en termes de sécurité que ne possède pas une centrale classique. L’EPR est jugé plus sûr. Il est aussi plus gros car la mode est alors aux réacteurs plus puissants pour produire plus d’énergie et compenser les coûts de sa fabrication plus élevés.

La construction débute en 2007 mais très vite les premiers retards sont évoqués. À l’époque, cela fait 25 ans qu’EDF n’a pas construit de réacteur nucléaire et il faut renouveler tout un arsenal de compétence. Ce qui fait perdre du temps au chantier. D’autant qu’en mars 2011, la donne change pour le nucléaire. Un tsunami se produit au Japon et provoque la catastrophe nucléaire de Fukushima. L’ASN, l’Agence de sûreté nucléaire, va alors se montrer plus intransigeante que jamais lors de ses contrôles. Ces inspections sont à l’origine de travaux supplémentaires et donc de nouveaux retards.

En 2015, l’ASN publie un rapport alarmant. L’agence estime que la cuve, une baignoire en acier qui contient le réacteur, est défectueuse. Sa trop grande teneur en carbone la rendrait trop peu sûre. Finalement, après avoir effectué de nouveaux tests, EDF obtiendra gain de cause, mais du temps a encore été perdu. En 2019, l’ASN soulève un nouveau problème de soudures. Aujourd’hui deux thèses s’affrontent. D’un côté, EDF assure que les standards de sécurité sont suffisants pour mettre l’EPR en service et de l’autre, les experts de l’ASN disent qu’il faut tout refaire.

Tous ces retards accumulés sont un grand coup porté à la stratégie d’EDF. L’EPR de Flamanville devait être la vitrine du nucléaire français à l’international. Et alors qu’EDF était précurseur dans la construction d’EPR en France et dans le monde, c’est finalement à l’étranger, que le premier réacteur de ce type a été construit et mis en service par les chinois, en 2019. 

Source :  http://www.lefigaro.fr/societes/epr-de-flamanville-retour-sur-une-catastrophe-industrielle-20190628

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